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Amadou Mahtar Mbow : ’’Nous avons manqué d’audace’’ au lendemain de l’indépendance

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(APS) – Le Sénégal a manqué de l’audace voulue, au lendemain de la proclamation de son indépendance en 1960, pour s’attaquer aux problèmes avec la détermination et la constance et opter pour une vision nouvelle rompant avec les pesanteurs du passé, estime l’ancien ministre de l’Education, Amadou Mahtar Mbow.

‘’On a manqué sans doute après l’indépendance de l’audace voulue pour nous attaquer aux problèmes avec la détermination et la constance qui étaient nécessaires : une vision nouvelle rompant avec les pesanteurs du passé, une mystique du travail et de l’effort persévérant, un civisme partagé, impulsé par une conduite exemplaire des dirigeants’’, a-t-il indiqué dans la dernière livraison de l’hebdomadaire ‘’Nouvel Horizon’’.

Parlant de ses regrets après 50 ans d’indépendance du Sénégal, M. Mbow a relevé la pauvreté qui touche de nombreux Sénégalais, les soins de santé qui ne sont pas assurés, le problème de logement salubre dans les villes, la baisse de la qualité de l’enseignement, le chômage des jeunes et leur manque d’espoir – ‘’à l’origine de leur volonté d’émigrer à tout prix’’ – la crise éthique et morale, le manque de solidarité entre pays africains dans le cadre d’une intégration réelle.

‘’Il n’y a pas de rupture réelle par rapport à la façon dont le pays était géré pendant la période coloniale. Un exemple patent : les tentatives de remise en cause de l’économie de traite dès les premières années de l’Indépendance ont été sans grand succès’’, constate l’enseignant, directeur général de l’UNESCO de 1974 à 1987.

Selon lui, c’est de tout ce passé que les Sénégalais devraient s’efforcer de tirer des leçons pour ‘’une nouvelle donne’’. ‘’Malgré la grave crise éthique qui affecte nos sociétés et le recul du sens moral, cela est encore possible’’, estime l’ancien ministre.

‘’Il s’agirait, indique-t-il, en se fondant sur l’expérience des 50 ans d’indépendance, d’analyser lucidement nos forces et nos faiblesses et d’orienter la vie politique vers plus de démocratie à la base en vue d’assurer plus de justice, d’équité et de bien-être des populations et en particulier des populations les plus vulnérables.’’

Cela suppose ‘’des politiques économiques claires orientées vers la création de richesses, la modernisation de tout notre appareil de production en particulier l’agriculture et les petites industries’’, indique Amadou Mahtar Mbow, précisant que cela n’est possible que la pays accorde ‘’une priorité réelle à l’éducation, une éducation de qualité, à la recherche et à la formation scientifique’’.

‘’Ceci me conduit à dire que fêter les 50 ans de l’accession du Sénégal à l’indépendance est bon, mais on doit également avoir le courage de réfléchir très sérieusement sur notre cheminement depuis cinquante ans afin d’en tirer, sans complaisance, les leçons qui permettraient un nouveau départ’’, a-t-il poursuivi, relevant que c’est ce que les participants aux Assises nationales, dont il était le président du bureau, se sont efforcés de faire.

Appréciant l’accession du Sénégal à l’indépendance, en 1960, Amadou Mahtar Mbow a dit que celle-ci marquait ‘’un tournant’’ dans l’histoire du pays, ‘’même si les conditions dans lesquelles elle a été acquise paraissaient présenter des lourds handicaps pour l’avenir’’.

M. Mbow a cité ‘’la destruction de la structure fédérale de l’Afrique occidentale dont le maintien aurait permis l’existence d’un ensemble géographique plus vaste et plus diversifié, donc plus apte à faire face aux réalités du monde en devenir’’.

Il a aussi parlé des accords de coopération, dont certains ont été tenus secrets, qui limitaient, selon lui, ‘’considérablement’’ la possibilité des dirigeants sénégalais de déterminer eux-mêmes les orientations économiques et conformes plus conformes à leurs réalités, aux aspirations des masses populaires et aux besoins d’un développement accéléré. Il n’a pas manqué cependant, même dans les hautes sphères politiques, des esprits lucides animés de la volonté de changer le cours des choses.

L’ancien ministre de l’Education a souligné, pour s’en réjouir, le fait que ‘’les Sénégalais d’aujourd’hui jouissent sans doute de plus de liberté que ceux de jadis, beaucoup d’entre eux vivent certainement mieux qu’auparavant même si l’exercice d’une démocratie réellement citoyenne est loin de se réaliser’’.

ADC

1 COMMENTAIRE

  1. Ce texte est d’une etonante verite, 60ans apres on est reste au meme stade, si ce n’est pire, quemandant de gauche a droite de l’aide.
    Et pourtant nous avons tout pour reussir, mais gangrainer par la mal gouvernance, la corruption et plus grave le manque de conviction de ces soi disant politiques qui font tout pour nous.

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