26 septembre 2012-26 septembre 2020, dix huit ans que le ferry le Joola aura péri en mer, emportant quelque 1 900 vies au large de la Gambie. Plusieurs associations de familles de victimes ont, d’année en année, réclamé le renflouement de l’épave et la vérité sur le naufrage du navire en vain.
Le 27 septembre 2002, le Sénégal fut réveillé par une tragédie jamais égalée dans l’histoire maritime du monde. Le bateau le joola venait en effet de sombrer en un laps de temps et de façon spectaculaire au large des côtes gambiennes, avant même que des secours ne se soient organisés, avec à son bord prés de 2000 âmes de diverses nationalités mais en grande partie de sénégalais, originaire de ziguinchor surtout.
Au lendemain du naufrage, le traumatisme créé auprès des populations par l’ampleur du drame fut tel qu’il a nécessité la mise en place d’une cellule de gestion pour, entre autres, gérer les conséquences psycho-affectives chez les familles les plus touchées.
Dix huit années après la tragédie, la lancinante question de l’indemnisation qui a fait longtemps l’objet de querelles entre les familles des victimes et l’Etat du Sénégal, n’est toujours pas totalement pris en charge.
Les familles sénégalaises, hollandaises, belges… qui avaient déposé leur dossier ont reçu leur indemnisation.
15 milliards de Francs Cfa ont été versés à 1327 familles, soit 10 millions par victime.
Par rapport aux engagements de l’Etat, rien de concret n’a été fait depuis 2002 notamment sur le renflouement de l’épave du bateau et la vérité sur les causes du naufrage. Evoquer le naufrage du Joola, c’est aussi soulever la question du désenclavement total de la Casamance, un problème encore agité dans plusieurs cercles aujourd’hui. L’annonce de la création d’une compagnie aérienne assurant la desserte est aussi restée sans suite.
Prés de deux décennies après, les séquelles sont toujours vivaces car il est difficile aujourd’hui d’aborder la question du naufrage dans certaines familles sans réveiller des douleurs.
Un épisode sombre, noir, douloureux à l’extrême, mais surtout malheureux de notre histoire, nous sénégalais.
La vie n’est pas toujours rose, car elle a ses hauts et ses bas et on ne sent le malheur que lorsqu’elle se tourne vers nous, et le 26 septembre est devenu pour nous un souvenir triste, un véritable calvaire. Le destin a frappé à notre porte et nous lui avons ouvert, pensant au bonheur, à la joie et à toutes les merveilles que nous réserve la vie. Hélas nous nous étions trompés et le destin nous a poignardés un couteau au cœur. En un jour, en une nuit, des rêves, des souhaits, des désirs, des carrières, des espoirs, tout a fondu à vie comme de la glace.
Ahmadou Ampathé BA disait, la mort n’est qu’un long voyage, un voyage sans retour. C’est quitter le monde des vivants pour séjourner dans l’au-delà. Mourir, c’est partir pour ne jamais revenir, mais mourir c’est s’effacer pour ne jamais réapparaitre, mourir c’est marcher sans laisser de trace. Quand on meurt, on est comme l’alizé qui passe, comme la danse des vagues, comme le long cri des sirènes.
Devons-nous pas donner raison à Mariama BA qui disait, «on ne prend pas de rendez-vous avec le destin, le destin empoigne qui il veut, quand il veut et ou il veut».
Apprenons à nous consoler et à agir à la manière des stoïciens pour qui, la résignation est le sentiment par excellence de tout croyant.
Aly Saleh journaliste/chroniqueur