Il y a définitivement quelque chose de pourri au royaume des Bleus. Et le quotidien sportif L’Equipe n’hésite pas à s’en faire le chantre, dans un style choc qui n’est pas sans rappeler les tabloids anglais. La une de l’édition de samedi 19 juin montre un photomontage de Raymond Domenech et Nicolas Anelka, barré des propos que le joueur aurait tenu à son entraîneur : « va te faire enculer, fils de pute ».
Selon le journal, à la mi-temps du match France-Mexique (0-2), le score étant nul et vierge, le sélectionneur n’a pas prévu de remplacer Anelka. « Il souhaite juste qu’il arrête de décrocher en permanence, de « dézoner » à volonté et qu’il reste plus en pointe, plus proche de la surface (…) ». L’avant-centre de l’équipe de France conteste, Domenech menace de le remplacer. Anelka lance alors une insulte plutôt salée. « Ok, tu sors », réplique Domenech et c’est André-Pierre Gignac qui joue la seconde mi-temps à la place de l’attaquant de Chelsea.
Les Bleus se sont ensuite effondrés en deuxième période, encaissant deux buts, et montrant un visage apathique et résigné. Dans ses déclarations d’après match, le sélectionneur était également apparu abattu, déclarant à plusieurs reprises qu’il ne trouvait pas les mots pour exprimer sa déception.
CALVAIRE COLLECTIF
A 31 ans, Nicolas Anelka dispute sa première Coupe du monde, après avoir été écarté du groupe lors des trois éditions précédentes depuis 1998. « Je ne me suis jamais donné comme objectif dans ma vie, dans ma carrière de faire un Mondial », avait déclaré Anelka à l’AFP le 11 mai, juste après l’annonce de la présélection de 30 joueurs de l’équipe de France. S’il n’a jamais eu sa langue dans sa poche, et la critique toujours facile vis-à-vis d’anciens sélectionneurs, Nicolas Anelka avait été relancé par Raymond Domenech, qui l’avait désigné comme son avant-centre pour le Mondial, en écartant par exemple Thierry Henry. Un choix que le sélectionneur risque de regretter amèrement. Quant à la carrière de Nicolas Anelka en équipe de France, elle pourrait bien avoir trouvé un douloureux épilogue dans un vestiaire du stade de Polokwane.
Il n’est pas inhabituel que joueurs et entraineurs partagent, parfois avec un langage fleuri, leurs divergences de points de vue. Il est par contre plus rare que ces échanges sortent ensuite dans la presse. Le fond comme la forme de cette nouvelle affaire extra-sportive illustrent l’ambiance délétère qui règne au sein du groupe France, dont l’aventure sud-africaine ressemble de plus en plus à un calvaire collectif.
Le Monde.fr