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[Photo] Anna GAYE, directrice du « Petit prince handiscole » La mère Theresa des enfants handicapés

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Depuis qu’elle a créé son école « Le Petit Prince Handiscole », Anna Gaye a résolu une grande équation des parents d’enfants handicapés. Mais elle aide aussi ces derniers à mener une vie normale et à bénéficier grandement d’un des droits les plus absolus d’un enfant, l’éducation.
A Rufisque et Bargny, si les enfants handicapés ont aujourd’hui la possibilité de suivre le même cursus scolaire que leurs camarades dits normaux, c’est grâce à Anna Gaye. La directrice de l’école « Le Petit Prince Handiscole » est cette mère Theresa qui les couvre de bonheur et les rend heureux chaque jour. Qu’ils soient handicapés visuels, physiques ou encore mentaux, ces gamins aux besoins spécifiques sont toujours les bienvenus au Petit Prince Handiscole.
Sise au quartier Colobane de Rufisque, sur la route nationale, l’école est pourtant une maison sans grands aménagements. Quelques chambres de l’unique bâtiment carré constituent les différentes sections de l’école (petite, moyenne et grande). Divers jouets et des balançoires sont posés au dehors pour permettre aux petits de passer de bons moments. Sur les murs, des dessins faits par les enfants eux-mêmes. Des guirlandes trônent sur la tête des écoliers. Un décor sommaire mais suffisant pour plonger ces jeunes gens dans l’ambiance d’une école maternelle. Mais l’école n’est pas uniquement destinée aux enfants handicapés. Elle accueille aussi des enfants normaux.
Une mixité faite à dessein pour éviter cette « ghettoïsation » dans laquelle les enfants handicapés ont toujours été maintenus. « Quand on parle de handicap, on pense au social, mais nous voulons aussi faire comprendre aux gens que les enfants handicapés ont les mêmes droits que les autres et qu’il faut tenir compte de leurs besoins spécifiques », souligne Anna Gaye. En outre, regrouper les enfants handicapés et les enfants normaux dans la même classe permettra de corriger le regard de ces derniers sur le handicap de leurs camarades. Toutefois, une discrimination positive est accordée aux enfants handicapés qui sont tous dispensés de paiement. Ils bénéficient, en plus, d’un suivi médical chez le psychiatre, tous les mois.

Difficile prise en charge des enfants handicapés

Tout cela constitue du pain béni pour beaucoup de parents d’élèves qui ne trouvaient guère à Rufisque, de structures appropriées pouvant accueillir leurs gamins. Avant, certains parents retenaient leur enfant handicapé à la maison. Impensable pour eux de l’amener à l’école. D’autres par contre se réveillaient chaque matin pour amener leur enfant à Keur Xaleyi à Fann ou encore au centre verbo-tonal. Aujourd’hui, avec le « Petit Prince Handiscole », Anna Gaye a soulagé la plupart de ces parents qui, parfois, ne savaient que faire de leur enfant handicapé. Car, pour certains parents, la prise en charge de ces enfants handicapés reste très difficile. Ce qui n’est guère acceptable aux yeux de Anna Gaye. La directrice d’école pense que ce n’est pas le meilleur moyen d’aider ces enfants désavantagés par la vie. « Il y a toujours une possibilité d’améliorer le sort de ces gamins. Et la socialisation peut y jouer grandement », dit-elle. Malheureusement, la directrice de Handiscole constate de jour en jour « le déni social » encore très fort ainsi que des parents qui « refusent de regarder la réalité ». Psychologue du handicap et de l’inadaptation, Anna Gaye reste convaincue qu’il est préférable de laisser l’enfant s’exprimer et affirmer sa personnalité, plutôt que de masquer son handicap.
Amputée elle-même du bras et de la jambe gauche, Anna Gaye a vu sa vie vaciller, suite à un accident ferroviaire. Ancienne étudiante à l’Inseps, cette belle dame au visage carré était prédestinée pour être un professeur d’éducation physique. Egalement ancienne handballeuse à Saltigué de Rufisque et à Dial Diop, Anna ne poursuivra pas son rêve de devenir professeur. Transférée à l’hôpital des Invalides à Paris, après son accident, elle y fera un long séjour. Dans cet établissement sanitaire parisien, elle côtoya des mutilés de guerre et des handicapés de toute sorte. Une expérience difficile qui contribua à consolider son moral et à la remettre petit à petit de son choc.
Elle décroche d’ailleurs son premier boulot en France au sein même de l’hôpital. A travers les ateliers de loisirs qu’elle animait au profit de certains malades amputés de bras, elle est rémunérée.

Psychologie du handicap et de l’inadaptation

Mais pour elle, l’accident était lié à son destin. Elle tente de mener une vie normale comme tous les autres. A sa sortie de l’hôpital, Anna s’inscrit à l’Institut des sciences de l’éducation, avec comme option la psychologie du handicap et de l’inadaptation. Ses stages, elle les fera dans les écoles et dans les hôpitaux à aider les enfants victimes d’un handicap à se remettre. L’hôpital Saint-Maurice à Vincennes (région parisienne) la marquera profondément. Car elle y découvrit beaucoup d’enfants d’immigrés qui l’inspireront plus tard.
« C’est dans cet hôpital même que j’ai rédigé mon projet de créer handiscole, car je voulais aussi rentrer au Sénégal et servir mon pays, à travers cette expérience que j’ai acquise en France », confie Anna. Avec neuf élèves seulement en 1998, constituant la section unique, Handiscole accueille aujourd’hui 70 enfants. L’idée de Anna a pris forme, mais les moyens ne suivent toujours pas. Aucune aide, aucune subvention des autorités locales ne sont perçues par la directrice depuis l’ouverture de l’école. Toutefois, de bonnes volontés comme le chanteur Abdou Guitté Seck ainsi que des amis basés en France tels Lamine Ngom (un ancien footballeur de l’Us Gorée) et Coura Dia, une ancienne basketteuse, viennent à la rescousse. Il en est de même que Marcel Dugrand, son ancien professeur à l’Inseps, qui récolte des dons entre Bordeaux et Toulouse au bénéfice de l’école. Toutefois, elle imagine aussi d’autres pistes pour faire connaître l’école et inciter les gens à accompagner les enfants. Mais surtout pour construire une école digne de ce nom… au grand bonheur des enfants.

Maguette NDONG

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