Lors d’une conférence de presse, organisée mercredi 7 mars à San Francisco, le constructeur informatique Apple a présenté une nouvelle mouture de sa tablette électronique, qui sera mis en vente au même prix que l’iPad 2 le 16 mars. Vantant « l’ère post-PC », Tim Cook, directeur général d’Apple a présenté un appareil doté d’un écran « retina display » d’une résolution 2 048 x 1 536 pixels (contre 1 024 x 764 pour les précédents modèles). L’appareil dispose aussi d’un nouveau processeur quadricœur. En terme de connectivité, cette troisième version de l’iPad est compatible avec les réseaux LTE, de dernière génération.
Le lancement d’une nouvelle version de l’iPad, à un rythme annuel, est de plus en plus stratégique pour Apple. Fin janvier, le groupe a publié (.pdf) un chiffre d’affaires trimestriel de 46,33 milliards de dollars (35,17 milliards d’euros) et un bénéfice de 13,06 milliards de dollars (9,91 milliards d’euros).
Plus de 50 % du chiffre d’affaire est encore réalisé par l’iPhone, qui s’est vendu à plus de 37 millions d’exemplaires au précédent trimestre. Mais avec plus de 15 millions d’appareils vendus et 9,2 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) de chiffre d’affaires, l’iPad occupe toutefois une part de plus en plus importante dans les finances de l’entreprise. Les revenus de l’iPad sont désormais passés devant ceux du Mac.
ESSOR DU KINDLE FIRE AUX ÉTATS-UNIS
Pour le cabinet d’études iSuppli, « le plus grand concurrent, au quatrième trimestre, dans le domaine des tablettes tactiles, était… Apple ». iSuppli remarque que si Apple demeure encore largement dominant dans le secteur, entre deux trimestres, la part de marché du groupe est passée de 64 % à 57 %. Pour l’expliquer, le cabinet d’étude évoque une certaine canibalisation du marché, et une concurrence entre les différents produits de la marque. « La sortie de l’iPhone 4S en octobre a créé une compétition intense pour les consommateurs de produits Apple, qui a plus limité la croissance des ventes de l’iPad que la concurrence du Kindle Fire et d’autres tablettes numériques », constate le cabinet d’études.
Certains concurrents, notamment américains, ont aussi fortement progressé. Si la part mondiale de Samsung demeure proche des 10 %, de nouveaux acteurs issus du domaine de l’édition gagnent des parts. C’est le cas du Kindle Fire, proposé par Amazon et uniquement vendu aux Etats-Unis. Utilisant un système d’exploitation dérivé d’Android, mais une interface propre, l’appareil d’Amazon s’est vendu à près de 4 millions d’exemplaires. La version tablette du Nook de Barnes & Noble remporte un succès analogue aux Etats-Unis, avec près de 3,3 millions d’appareils écoulés.
C’est essentiellement la politique agressive sur les prix qui a permis à Amazon de gagner des parts de marché. Pour le groupe de distribution, les marges ne sont en effet pas réalisées sur les ventes de terminaux, mais sur les contenus proposés sur le Kindle Fire : livres, applications, musique et films.
LA CONCURRENCE TENTE LES INNOVATIONS MATÉRIELLES
Les autres constructeurs ayant opté pour le système Android peinent à convaincre le consommateur. Pour se démarquer, certains tentent l’innovation matérielle, à l’image de Samsung et Asus. Premier fabricant mondial de smartphones, Samsung mise ainsi beaucoup sur sa ligne « Galaxy Note », un hybride de 5 pouces entre smartphone et tablette équipé d’un stylet, qu’il a ensuite adapté en un format 10 pouces.
Le taïwannais Asus table sur sa gamme « Transformer Pad », des tablettes couplées à une station d’accueil fournissant clavier, ports et batterie supplémentaire. La dernière évolution, présentée au Congrès mondial de la téléphonie mobile de Barcelone, est le PadFone, un smartphone insérable dans une tablette connectable à une station, pour trois sources d’énergie autour d’un seul processeur. Ultradominant sur PC, Microsoft vient pour sa part de lancer une première version de Windows 8, censée rattraper le retard du groupe informatique dans le secteur de la mobilité.
L’éclatement de la concurrence devrait permettre à Apple de maintenir son business model, fondé sur les ventes de hardware. D’après iSuppli, les composants de l’iPad 2, vendu près de 500 euros, coûtent un peu plus de 300 dollars (230 euros). L’écosystème d’applications, de morceaux musicaux ou de jeux sert de produit d’appel aux terminaux verrouillés par la marque. Un tel système, en circuit fermé, permet de négocier en position de force, notamment face aux éditeurs de contenus.
Laurent Checola et Guénaël Pépin