Abdourahim Agne, Khouraïchi Thiam et Adama Sall aiment Macky et son parti. Mais les responsables de l’Apr réunis samedi dernier, en présence de leur leader n’en veulent pas. Sur les réformes à entreprendre, les intervenants refusent «la dictature du Peuple des Assises nationales» et estiment que le Président Sall a été très «généreux» avec ses alliés.
C’en n’était pas un simple ndogou (rupture de jeûne) pour l’Alliance pour la République (Apr). La rencontre de samedi, chez le Président Macky Sall a été marquée par des reproches, des rappels à l’ordre et des condamnations. Des sources ayant assisté à cette réunion confient que le leader de l’Apr a entendu la colère des ventres creux qui n’attendaient que cette occasion pour remettre les choses dans l’ordre. Les transhumants sont avertis : «Allez voir ailleurs !» Il a été question de trois figures marquantes qui ont «brouté» aux herbes socialistes, puis libérales : Khouraïchi Thiam, un des tout premiers transhumants au lendemain du 25 mars, Adama Sall, le premier à sauter du navire libéral dans l’entre-deux-tour, et surtout Abdourahim Agne, le tout dernier «poisson» à mordre à l’hameçon de «l’argentier» Harouna Dia. «Cette façon d’accueillir les plus grands adversaires de Macky Sall n’est pas une façon de répondre aux attentes des Sénégalais», souligne-t-on. Mais en vérité, Mbagnick Ndiaye et le sénateur de Fatick, Woulah Ndiaye n’ont pu cacher leur désolation, accusant d’ailleurs de «zèle» Harouna Dia et Farba Ngom qui font jouer, selon eux, «le poids de l’argent pour contrôler le parti». Le président de l’Apr a dû justifier ses choix par une «massification de son parti et une ouverture à d’autres formations».
PAS DE «DICTATURE» DES ASSISES NATIONALES
L’Apr estime avoir suffisamment été généreuse avec ses alliés. Et au cours de cette réunion, ces responsables l’ont fait savoir à Macky Sall. Après lui avoir exprimé leur étonnement de voir le poste de Premier ministre leur échapper, tout comme la présidence de l’Assemblée nationale, les responsables de l’instance dirigeante de l’Apr ont averti qu’ils n’accepteront pas que la présidence du Sénat revienne à un autre parti. Des informations annonçaient Idrissa Seck, Bathily et même Tanor Dieng à la tête de cette institution très controversée. Et la dernière fois, selon L’Observateur, c’est le ministre Mbaye Ndiaye qui devait succéder à Pape Diop en septembre prochain. Mais le président de l’Apr, par ailleurs chef de la majorité Benno bokk yaakaar a été plus ou moins prudent dans ses réponses. Il a avancé, en tout cas, pour les élections des 45 sénateurs, qu’il faudra encore négocier avec les alliés, comme lors des Législatives.
En réalité, Macky Sall mesure bien, au-delà de «ses» 55 sénateurs qu’il va nommer, que les conseillers élus sont ceux de la Coalition Benno siggil senegaal contre ceux de Sopi 2009 qui contrôlent encore des collectivités locales. Pour autant, le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, Moustapha Diakhaté se veut clair notamment sur le programme à dérouler et les réformes à entreprendre. «Nous n’accepterons pas cette dictature du «peuple des Assises nationales.» Vous avez été élu par votre coalition Macky2012 et pour un programme appelé Yoonu yokkute», a-t-il rappelé au Président.
D’autres intervenants comme le conseiller politique du Président, Abdourahmane Ndiaye, Mbaye Ndiaye, Ibrahima Ndoye ou encore Abdoul Aziz Diop ont, quant à eux, rappelé qu’il s’agit de «respecter les engagements» pour lesquels le Peuple l’a choisi le 25 mars, «dans l’éthique et la responsabilité».
lequotidien.sn