Dewey Bozella a appris la boxe derrière les barreaux, il disputera son seul et unique combat professionnel samedi…
Dewey Bozella revient de loin. Après avoir passé 26 ans dans les prisons de New York pour un meurtre qu’il n’a pas commis, cet Américain de 52 ans va faire ses débuts de boxeur samedi sur un ring de Los Angeles, a rapporté le New York Times.
Ce combat face à Larry Hopkins, 30 ans, sera cependant son seul et unique, mais il représente tout pour lui qui a passé la moitié de sa vie en prison. «Ce n’est pas un projet professionnel, mais personnel, une manière de montrer aux gens qu’il ne faut jamais abandonner ses rêves», a déclaré Dewey Bozella au quotidien américain. «Je vais aller là-bas, me donner à 100% et reprendre une vie normale», a-t-il ajouté.
Prêt à sortir «dans un cercueil, ou comme un homme innocenté»
C’est pour le meurtre d’Emma Crapser, 92 ans, en 1977, que le jeune homme de 18 ans à l’époque avait été condamné six ans plus tard sur les seuls témoignages de deux criminels qui ont constamment modifié leurs versions, raconte le New York Times.
En 1990, Dewey Bozella est rejugé. La justice lui propose un accord: la liberté contre l’aveu qu’il a bien commis le crime. Devant son refus, un jury le renvoie derrière les barreaux. Le détenu est de toute manière persuadé qu’il sortira un jour de Sing Sing, «dans un cercueil, ou comme un homme innocenté».
Innocenté en 2009
Dewey Bozella poursuit alors son séjour, obtenant un master en théologie et s’entraînant à la boxe. S’il a finalement pu être innocenté, c’est grâce à l’«Innocence Project», une firme juridique qui se consacre aux condamnations injustifiées. Avec un peu de chance, des avocats réussissent à retrouver les dossiers de l’enquête de police et des preuves de l’innocence du détenu. En octobre 2009, Dewey Bozella est libre.
Son avenir n’est pas gagné pour autant. Le New-yorkais peine à trouver du travail, se contentant d’aider d’autres anciens prisonniers comme lui et enseignant la boxe jusqu’à ce que la chaîne sportive américaine ESPN s’intéresse à lui. En juillet dernier, Dewey Bozella obtient le «Arthur Ashe Courage Award», pour sa contribution au monde sportif, autrefois remis à Mohammed Ali ou encore Nelson Mandela.
«Il n’a aucune chance de survivre à mon entraînement»
C’est cette récompense qui lui permet enfin de réaliser son rêve: participer à un combat professionnel de boxe. Mais les ennuis ne sont pourtant pas terminés. La commission californienne chargée des autorisations à combattre le juge inapte fin août. Dewey Bozella s’accroche, travaillant avec des entraîneurs professionnels qui ne croient pas en lui.
«Il n’a aucune chance de survivre à mon entraînement, je vais tuer ce vieil homme», déplore l’un d’eux au New York Times. C’est sans compter sur la motivation du vieux boxeur qui perd près de 5 kilos en une semaine et passe finalement le test de la commission californienne le 29 septembre dernier. Il fera ainsi face samedi à Larry Hopkins, boxeur de Houston (Texas), contre lequel Dewey Bozella promet aux sceptiques un vrai combat: «Je peux finir K.O. ou mettre mon adversaire K.O., c’est aussi simple que ça.»
Corentin Chauvel avec 20minutes.fr