XALIMANEWS – Voici l’intégralité de la lettre ouverte datée du4 juillet 2017 de la Coalition « Assemblée bi ñu bëgg » adressée au président de la République suite aux conclusions de la concertation organisée par la CENA
« A l’issue de la réunion qu’elle a initiée vendredi 30 juin dernier avec les représentants des 47 listes en compétition pour les élections législatives, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a annoncé que les 44 représentants de listes de coalitions et d’entités indépendantes présents s’étaient prononcés en majorité » en faveur de la proposition de donner la possibilité aux électeurs de prendre 5 bulletins de leur choix avant de passer à l’isoloir, pour faciliter les opérations de vote en en réduisant la durée.
Certains membres de l’opposition ont aussitôt contesté cette appréciation, la proposition n’ayant pas recueilli selon eux l’assentiment de tous les acteurs.
Sans avoir d’objection particulière sur le principe de cette proposition relative au choix de cinq bulletins, qui permet certes de gagner du temps, mais sous réserve de quelques mesures de sauvegarde pour éviter toute influence des électeurs, la Coalition « Assemblée bi ñu bëgg » estime, néanmoins, que la concertation entre acteurs politiques devrait être poursuivie en dépit de cette controverse et de la décision du gouvernement de saisir l’Assemblée nationale pour une modification de cet article L.78. Elle est aussi convaincue qu’un certain nombre de mesures conservatoires ou palliatives devraient être prises par votre Gouvernement.
En effet, ce choix controversé, qui ne concerne en définitive qu’un « modus operandi » selon vos propres termes, est secondaire au regard de certains préalables essentiels, qui n’ont toujours pas été réunis à ce jour.
Entre autres préalables, le plus important concerne les processus d’édition et de distribution des cartes d’identité biométriques « CEDEAO », sur lesquels aussi bien la Coalition « Assemblée bi ñu bëgg » que l’opinion publique, dans son ensemble, expriment des inquiétudes légitimes.
Il est apparu, en effet, que le processus de renouvellement et de distribution des cartes ne sera pas mené à bonne fin avant la fin de ce mois de juillet, dans la mesure où il reste encore environ 2 millions de cartes à éditer, en plus du reliquat de 2 millions de cartes à distribuer, ce qui fait un total de 4 millions de cartes encore en souffrance, à un peu moins d’un mois des élections.
Les questions que tout le monde se pose aujourd’hui sont les suivantes : Au nom de quelle logique le droit de vote devrait-il être reconnu à certains électeurs ayant eu la chance ou le privilège de recevoir leurs cartes, au détriment d’autres concitoyens ? Ces derniers n’ont-ils pas les mêmes droits et ne sont-ils pas d’égale dignité ? Le système mis en place permettra-t-il à tout électeur d’avoir la possibilité d’exercer son droit de vote le 30 juillet 2017, en disposant à temps de sa carte ? Pourquoi ne pas avoir entrepris les actions de communication et de publicité nécessaires sur la localisation des nouvelles commissions administratives et l’extension des bureaux de vote, ainsi que sur le rythme de délivrance des cartes ?
Monsieur le Président, la réponse évidente à toutes ces questions est que l’objectif de rendre les cartes disponibles à temps, c’est-à-dire, raisonnablement, à une semaine des élections soit dans moins de trois semaines, ne sera pas réalisé dans les conditions de transparence et de fiabilité requises et, surtout, au regard des trois paramètres que constituent le nombre réel d’électeurs, le nombre total de bureaux de vote – quelle que soit leur extension dans le cadre de la nouvelle carte électorale – et la durée optimale des opérations de vote.
Dans ces conditions, Monsieur le Président, la Coalition « Assemblée bi ñu bëgg » vous demande solennellement d’autoriser le vote sur présentation du récépissé d’inscription sur les listes électorales, en même temps que l’ancienne carte nationale d’identité, pour permettre à tous les citoyens concernés d’exercer leur droit civique.
A défaut, il faudrait alors, Monsieur le Président, convoquer immédiatement une concertation directe entre votre gouvernement et les acteurs politiques, pour étudier les voies et moyens devant permettre de mener à bonne fin les opérations en cours de confection/distribution de cartes.
Monsieur le Président, écoutez la voix de la sagesse et faites prévaloir, avant tout, l’intérêt général, la paix sociale et la stabilité du pays, car vous seriez responsable, devant le peuple sénégalais et devant le monde, des troubles qui pourraient résulter de la situation actuelle. »
Une position conciliante qui en termes de contribution pour pacifier le terrain politique, et une voie mediane et très responsable, qui éviterait toutes confrontation, d’où toutefois, l’État n’en sortira pas vainqueur.
Le peuple avant tout…!