L’avocat Me Mame Adama Gaye avait mis les magistrats dans tous leurs états, après avoir accusé la justice d’être corrompue jusqu’au plus haut sommet. Ce qui l’avait obligé de se terrer comme un rat, le temps que ses confrères éteignent « l’incendie » qu’il voulait allumer. La magistrature est à nouveau hors d’elle. Cette fois-ci, c’est au sujet des marabouts Cheikh Béthio Thioune et de Serigne Assane Mbacké. Pour le premier nommé, des magistrats de siège se disent scandalisés de le voir fouler au pied les conditions de la liberté provisoire qui lui a été accordée malgré l’accusation d’un double meurtre, qui a coûté les vies à deux de ses talibés. Cheikh Béthio fut sommé après sa libération de ne pas faire de déclaration publique, encore moins de provoquer des foules. Ce qu’il défie, comme en atteste ses « thiants ». Les magistrats se disent d’autant scandalisés que les défunts ont familles, parents et amis. Le plus cocasse pour eux est que Béthio, qui a été élargi pour des raisons de santé, a déclaré publiquement et en direct de la télé qu’il est complètement guéri.
S’agissant du cas de Serigne Assane Mbacké, il avait revendiqué l’incendie du domicile du député Moustapha Cissé Lô, sis à Touba. Ce qui lui avait valu un séjour de quelques mois à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel. Sa liberté provisoire était assortie de conditions, dont celle de ne pas s’exprimer en public. Il l’a violée par deux fois, au moins, dont la dernière en date est sa déclaration à l’occasion du Magal de Touba, dans laquelle il s’en était pris même au chef de l’Etat.
Les magistrats ont d’autant plus mal que Cheikh Béthio et Serigne Assane restent impunis pour des « raisons politiques ». Le premier est devenu l’un des souteneurs du président Macky Sall, après s’être donné pour le prédécesseur de celui-ci. Le second est un petit-fils du deuxième Khalife général des Mourides. Pour les magistrats de siège, il n’y aura pas d’indépendance de la justice, tant que leur pouvoir sera régi par un homme du pouvoir exécutif, aux ordres duquel sont liés les procureurs, maîtres des poursuites. « Une justice qui n’est pas pour demain. « Être inculpé pour double assassinat et pavaner devant les écrans de télés, avant même le jugement ; tandis que ses co-prévenus croupissent en prison, il faut être au pays de Macky Sall pour assister à une telle scène », commente un jeune magistrat.
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