Le blogueur et militant saoudien Raif Badawi a été libéré après dix années de prison pour avoir prôné la fin de l’influence de la religion sur la vie publique en Arabie Saoudite, où il était détenu, a indiqué sa femme vendredi 11 mars 2022.
« Raif m’a appelée, il est libre », a déclaré à l’AFP Ensaf Haidar après avoir annoncé la nouvelle sur Twitter. Cette dernière, devenue citoyenne canadienne, vit au Québec avec ses trois enfants, où elle se bat depuis des années pour la libération de son mari.
L’ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse avait été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant vingt semaines pour « insulte à l’islam ».
L’homme âgé aujourd’hui de 38 ans était devenu dans le monde un symbole de la liberté d’expression. Sur son site Free Saudi Liberals, créé en 2008, il prônait une certaine modernisation du royaume saoudien, notamment la liberté de choisir sa religion et l’établissement de rapports plus égalitaires entre les hommes et les femmes.
Sur une liste prioritaire d’immigrants au Québec
Depuis sa condamnation, une mobilisation internationale avait tenté de pousser le royaume saoudien à libérer le blogueur. Une grande campagne d’affichage avait par exemple mis à l’honneur une bande dessinée sur Raif Badawi, sur plus de 1 000 écrans dans le métro et les gares de Paris.
Au Québec, devenue citoyenne canadienne, sa femme Ensaf Haidar avait lancé la Fondation Raif Badawi pour soutenir la libération de son mari à Sherbrooke. « Je n’ai pas le choix de continuer ce combat pour Raif, pour nos trois enfants de 14, 13 et 10 ans, confiait son épouse 5 ans après l’emprisonnement de son mari. Je me sens soutenue par les gens au Québec, qui continuent à s’intéresser à mon mari. » C’est à Sherbrooke, qu’elle a lancé la Fondation Raif Badawi.
Le Québec a ouvert la voie à l’exil de Raif Badawi au Canada en le plaçant sur une liste prioritaire d’immigrants potentiels pour raisons humanitaires.