En Argentine, il reste une semaine avant le vote sur la légalisation de l’avortement. Pour l’instant celui-ci est uniquement autorisé en cas de viol ou de danger pour la santé de la femme enceinte. Ce pays très catholique reste profondément divisé sur le sujet et le vote des députés s’annonce extrêmement serré. Alors, les pro-avortements multiplient les mobilisations. Ce lundi 4 juin, des milliers de femmes sont descendues une nouvelle fois dans les rues de Buenos Aires, à l’appel du mouvement féministe Ni Una Menos. Reportage.
Avec notre correspondante à Buenos Aires,Aude Villiers-Moriamé
« Avortement légal, maintenant ! » C’est le mot d’ordre de ce rassemblement. Malgré la pluie et le froid, les Argentines sont présentes en masse place du Congrès. Beaucoup sont venues après les cours, comme Luciana et Agustina, 17 ans : « On étudie dans un lycée catholique, dit l’une. L’avortement, c’est tabou, on n’a pas le droit d’en parler. » « Dans notre entourage, beaucoup de filles ont pourtant réalisé un avortement, de manière clandestine bien entendu, poursuit l’autre jeune fille. C’est comme ça qu’on a commencé à se mobiliser. J’estime que c’est notre devoir en tant que femmes ! »
Foulard vert autour du cou et paillettes émeraude sur les paupières, les jeunes filles sont nombreuses à avoir répondu à l’appel du mouvement féministe Ni Una Menos, qui célèbre ses trois ans d’existence. A l’origine dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes, le collectif a aujourd’hui étendu ses revendications, notamment à la légalisation de l’avortement.
Pour Laura Gordon, la cinquantaine, ce mouvement est historique : « J’ai toujours été pour l’avortement. Je crois qu’aujourd’hui on en discute enfin librement, que pour la première fois la société est consciente de l’importance de ce sujet. Parce qu’en Argentine, l’avortement c’est une réalité ! »
Les associations estiment que 500 000 avortements clandestins ont lieu chaque année. Et qu’une centaine de femmes en meurent. La proposition de loi actuellement en débat au Congrès permettrait aux Argentines d’avorter librement jusqu’à 14 semaines de grossesse.