« Il n’y a qu’une seule hypothèse : je gagne. Il n’y en a pas deux. Celle de ma défaite est une hypothèse absurde. C’est comme si je disais que le ciel va nous tomber sur la tête dans une minute. C’est absurde parce que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. » C’est l’une des réponses faites par notre vieux candidat, lors d’une interview à Africa 7, dont quelques extraits ont été rapportés par Dakaractu.com.
Décidément, le vieil homme ne cessera jamais de nous étonner ! Á quelques encablures du premier tour du scrutin le 26 février 2012, il affirmait, péremptoire et à qui voulait l’entendre, qu’il gagnerait l’élection dès le premier et avec 53 % au moins des suffrages exprimés. Il gagnerait, précisait-il, parce qu’il n’avait rien en face. Me Madické Niang et Karim Wade, « le plus intelligent d’entre nous », n’ont pas hésité à aller colporter la même fanfaronnade, la même fausse certitude à Paris. Nous connaissons la suite : le vieux candidat est mis en ballottage avec seulement 34, 81 % des suffrages exprimés. Il aurait pu d’ailleurs se retrouver avec un score bien moindre, si Bennoo Siggil Senegaal avait su faire preuve de dépassement et désigner ce candidat attendu de l’unité et du rassemblement. Peut-être même, n’aurait-il pas accédé au second tour.
Pour revenir à sa déclaration à Africa 7 qui a commencé à émouvoir et à paniquer – pour rien – certains de nos compatriotes, lui-même n’y croit pas le moins du monde. Il sait parfaitement qu’il est en très mauvaise posture et que, si tout se passe à peu près bien le 25 mars prochain et que les électeurs aillent voter en masse, il connaîtra une défaite cuisante et humiliante, la seule qu’il mérite. Rien, vraiment rien ne devrait lui épargner une punition (divine). Bien sûr que l’avenir appartient à Dieu qui donne le pouvoir et l’enlève à qui Il veut. Cependant, si on considère les lourds handicaps que le vieux candidat traîne et la faiblesse des arguments de sa campagne électorale désastreuse, il devrait être battu à plate couture, et il le sera sûrement. Dieu nous a suffisamment punis et tout indique qu’Il nous débarrassera du vieux démon, de son clan et son odieux système au soir du 25 mars 2012.
D’abord, l’homme est manifestement vieillissant. Il porte de plus en plus difficilement le poids de son âge. Le Wade pitoyable que nous découvrons chaque soir à la télévision n’a vraiment plus rien de commun avec celui des années 80-90, pimpant, sûr de lui, haranguant et enthousiasmant les foules. De cette période, il ne reste rien ou presque rien. Les apparences bavardes et trompeuses qui ont toujours été les traits caractéristiques de sa maudite gouvernance n’abusent plus personne : l’homme est devenu carrément gaga et offre un spectacle piteux. Il est difficile d’envisager, un seul instant, qu’un électeur pousse l’irresponsabilité jusqu’à glisser dans l’urne, un bulletin en sa faveur. Les seuls compatriotes qui devraient voter pour lui, non pas pour lui d’ailleurs mais pour leur propre survie, ce serait ses minables courtisans et leurs familles, ainsi quelques autres rares privilégiés de son régime nauséabond.
Il y a aussi que les arguments qu’il brandit toujours pour alimenter sa campagne sont d’une faiblesse notoire. Il ne fait plus référence à son bilan dont il sait parfaitement qu’il ne suffira pas à le faire réélire. Le plus éculé de ses arguments, c’est quand il nous demande avec insistance, seulement trois ans sur un mandat qui en compte sept pour terminer « ses » chantiers. Le ridicule ne tuant point, il veut nous faire croire que s’il n’est pas réélu, les sources de financements desdits chantiers seront aussitôt asséchées. Aucun Sénégalais, lui mis à part bien entendu, n’est capable de les achever. Nous croyions seulement qu’il nous prenait pour des demeurés. En réalité, il est devenu gâteux et carrément sénile. Sinon, comment aurait-il eu le toupet de nous regarder les yeux dans les yeux, pour affirmer que si quelqu’un d’autre que lui prenait le pouvoir le 25 mars prochain, les fonctionnaires entameraient une grève deux mois après, parce qu’ils ne seraient plus payés ? Voilà où nous en serions, après douze ans de gouvernance avec lui ! Quel aveu de taille ! Quelle différence avec la situation dans laquelle il a trouvé le pays, après son installation officielle comme troisième président de la République du Sénégal ! En France alors lors de sa première visite officielle, il déclare aux autorités françaises qu’il n’est pas venu chercher de l’argent, que son pays en avait suffisamment pour financer les premiers investissements. Il répondra aussi à une question de l’hebdomadaire « Jeune Afrique/L’Intelligent », qu’il n’avait pas trouvé des caisses vides. Un euphémisme, puisque le régime socialiste lui avait laissé deux cents milliards de francs Cfa, deux cents milliards qui serviront d’abord à résoudre ses problèmes financiers.
Il faut s’arrêter sur ces arguments éculés qu’il n’aurait jamais brandis s’il était encore lucide. Point n’est besoin de s’attarder sur le fait qu’il a été toujours incapable de faire la différence entre l’État lui. L’État, c’est lui ; le budget, c’est lui. Les Chantiers, ce sont ses chantiers à lui. Sans lui, c’est pour nous le déluge. En réalité, il craint comme la peste qu’on découvre les montages financiers monstrueux de nombre d’entre eux, qu’il s’agisse de l’Autoroute à péages, de l’Aéroport Blaise Diagne, de l’Université du Futur africain, etc. Le jour où ces chantiers et bien d’autres encore auront livré tous leurs secrets, les Bamba Ndiaye (les deux), Mamadou Diop Decroix, Me Amadou Sall, Kalidou Diallo, Alassane Ba, Serigne Mbacké, Ndiaye, le Pr Iba Der Thiam, etc, tous ces wadistes ou prétendus comme tels, qui se sont époumonés pendant douze longues années pour nous convaincre des bons choix de leur champion et chantent à-tue-tête et sur tous les toits ses performances, devront aller se cacher.
Il y a ensuite que, même si on lui laissait 30-40 ans, le vieux président ne terminerait jamais « ses » chantiers. En effet, aux chantiers qui viennent d’être cités plus haut, il faut ajouter les « sept merveilles » de Dakar, l’Université de Bignona, celle de Vélingara pendant que les habitants de la ville courent derrière un lycée, les Aéroports internationaux de Matam et de Kédougou, alors que les deux capitales régionales périphériques manquent de tout, le Port fluviomaritime de Saint-Louis, Le Port minéralier de Bargny, la Centrale de charbon de Sendou, la Centrale nucléaire d’Oussouye, celle fonctionnant à partir d’un bateau au large de Dakar, etc. Je passerai sur l’Aéroport international de Touba, les trois Tgv qu’il promettait de construire entre 2008 et 2012, l’Usine de fabrication de gros camions et cette autre qui devait fabriquer de petits avions ! Même si ses parents et grands-parents ont vécu tous plus de cent ans, il n’aurait jamais pu terminer ces chantiers chimériques. Cent ans n’y suffiraient pas.
Le vieux démon ne jouit donc manifestement plus de ses facultés mentales. Il nous en administre chaque jour un peu plus la preuve, en débitant des bourdes qui lui coûtent des voix. C’est notamment le cas quand, en direction des populations du Fouta, il lance la menace suivante : « Si vous prenez l’option de voter pour Macky Sall, je vous laisserai entre les mains de ce dernier et je reprendrai tous les projets entamés pour les amener dans les localités qui m’auront été favorables au second tour et qui méritent autant que vous des ponts, des routes et d’autres projets. » Quelle énormité ! Á-t-on vraiment besoin de s’y appesantir ? Il est sûrement le seul candidat au monde à oser prononcer de tels propos au cours d’une campagne électorale ! Les électeurs de ces localités sauront, sans conteste, lui opposer la réponse appropriée.
Le vieux démon se discrédite encore plus en traitant son challenger de tous les noms d’oiseau. Il n’est surtout pas gêné, le moins du monde, lui qui doit incarner l’unité nationale, de revenir sur ce fameux « vote ethnique » qui aurait profité à son rival. Il l’accuse de mettre en péril l’unité nationale, lui qui s’appuie sur l’ « ethnicisme » pour se faire élire. C’est vraiment du délire, de la méchanceté, de la jalousie. Tout le monde sait que, si quelqu’un a mis plus d’une fois l’unité nationale en péril, c’est bien ce vieux démon. Ses choix, ses propos et gestes de tous les jours pourraient avoir pour conséquence l’éclatement de la cohésion nationale. Macky Sall a vraiment bon dos !
Le vieux candidat perd donc carrément le Nord et se croit vraiment tout permis. Tout dans ce pays (le pouvoir, les hommes, les différentes ressources) lui appartient et il peut en disposer à sa convenance, sans rendre compte à personne. Comment, autrement, peut-il se permettre d’affirmer, de façon péremptoire, que Macky Sall ne sera jamais son successeur ? On se souvient que, lors du point de presse où il a révélé avoir verrouillé la Constitution, il a conclu une sortie au vitriol contre Idrissa Seck en ces termes : « (…) En tout état de cause, il ne sera pas mon successeur. » Se souvient-il, le vieil homme, que personne ne nous l’a imposé comme président de la République ? Même devenu plus ou moins sénile, n’a-t-il pas de temps à autre quelques moments de lucidité pour se rappeler au moins que, le 19 mars 2000, nous nous sommes rendus massivement aux urnes pour le porter confortablement au pouvoir, en toute indépendance et en toute connaissance de cause ? Le Sénégal est quand même une République, jusqu’à preuve du contraire ! S’il peut décréter que ni Macky Sall, ni Idriisa Seck ne lui succédera, ne pense-t-il pas qu’il peut encore nous imposer son Karim bien aimé, « le plus intègre » et « le plus intelligent d’entre nous » ?
On ne peut pas passer sous silence l’argent et les véhicules qu’il distribue à travers tout le territoire national. L’un des premiers chantiers que le nouveau président de la République ouvrira, ce devrait être de nous permettre de savoir qu’elle est l’origine des milliards qui garnissent ses mallettes depuis le 1er avril 2000 et, particulièrement, pendant la campagne électorale qui vient de se terminer. Nous aurons aussi besoin de savoir combien de véhicules il a distribués et quels en sont les bénéficiaires. Le nouveau président de la République se fera aussi le devoir de redonner au palais de la République sa vocation première, son lustre et sa solennité d’antan.
Le vieux démon, comme piqué par on ne sait quelle mouche, nous avoue qu’il nourrissait les rebelles qui tirent sur nos soldats, braquent des véhicules et dépouillent les voyageurs. Son fou, Farba Senghor, nous avouait lui aussi qu’il finançait leurs cérémonies familiales, leur achetaient des médicaments, des portables et des télévisions. C’est terrible tout cela !
Que reste-t-il de crédible dans cet homme, si on sait qu’il n’a pas été question ici des scandales gravissimes qui ont jalonné sa détestable gouvernance ? Nos compatriotes qui seraient encore abusés par cet individu et tentés de voter pour lui doivent se ressaisir. S’il quitte le pouvoir, et tout indique qu’il devrait le quitter, les chantiers seront achevés, dans la transparence et dans de bien meilleures conditions encore. Les États n’ont pas pour interlocuteurs des hommes mais d’autres États ou des institutions. En parlant de l’élection du 25 mars, le Sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Mr Johnnie Carson, nous en administre la preuve. Il déclare notamment : « (…) Si cette élection est gérée librement et démocratiquement, les États-Unis vont continuer à travailler très étroitement avec le Sénégal et reconnaîtront le chef de l’État qui sera élu au sortir de ce processus. » Il rappellera que « le Sénégal est extrêmement important pour les États-Unis, (qu’) il a été l’un de nos partenaires les plus solides en Afrique francophone depuis son indépendance en 1960 ». C’était ainsi avec les présidents Senghor et Diouf, ça l’a été avec Wade, ce le sera avec Macky Sall et, plus tard, avec celui qui lui succèdera. Le vieux démon raconte donc des histoires, des énormités. La confiance sera restaurée et l’argent coulera à flots dès qu’il aura quitté le pouvoir.
Cet individu, qui est la concentration de tous les vices, doit donc partir. Et il partira, inch Allah. Rien ne devrait pouvoir le sauver : ni les gourdins de celui qui a juré de le faire réélire contre la volonté du peuple sénégalais, ni l’argent du contribuable avec lequel il compte acheter des membres de bureaux de vote. Nous ne devrions cependant pas dormir sur nos lauriers. Nous devrions, au contraire, rester vigilants et être prêts à parer tous les mauvais coups qu’il nous prépare. En particulier, nous devrons compter davantage sur nous-mêmes que sur les autorités administratives et les Forces de sécurité. Nous ne sommes pas rassurés, quand des fanatiques se promènent en plein jour avec leurs gourdins et sans être inquiétés le moins du monde. Nous ne le sommes pas, non plus, quand il se murmure que certaines autorités administratives retarderont exprès le démarrage du vote dans les bureaux où le candidat sortant avait des scores faibles lors du premier tour. Le 25 mars 1012 donc, les maîtres mots devraient être : VIGILANCE, DÉTERMINATION, MOBILISATION !
Mody Niang, e-mail : [email protected]
Armons-nous de notre gourdin électoral et achevons le vieux démon ! Par Mody Niang
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