Les arrestations sur instruction du ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom sans en informer le Procureur de la République voire même contre son avis soulèvent la colère des magistrats. En conséquence, ils mettent en garde les autorités policières contre ces forfaitures en leur rappelant les sanctions encourues, notamment la radiation.
Que le ministre d’Etat Ousmane Ngom et les patrons de la Police se le tiennent pour dit ! Ils sont désormais dans le collimateur de la justice du fait des forfaitures enregistrées depuis le début de la campagne électorale émaillée par des violences politiques qui ont fait des morts et plusieurs blessés. En effet, les magistrats s’offusquent de l’attitude de certains Officiers de police judiciaire que sont les commissaires de Police et autres. Leur constat est que des officiers de police judiciaire ont, dans le cadre des enquêtes préliminaires, ordonné des mesures de garde à vue, sur instructions du ministre de l’Intérieur, sans en informer le Procureur de la République, voire même contre son avis. Sur ces entrefaites, les magistrats rappellent que la Police judiciaire est exercée sous la direction du Procureur de la République et que les Officiers de police judiciaire (Opj) sont tenus de l’informer, sans délai des crimes, délits et contraventions dont ils ont connaissance. Ces déclarations sont contenues dans un communiqué de presse rendu public hier soir par le Bureau exécutif national de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums).
Les magistrats rappellent la loi au ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et à ses ‘hommes à tout faire’ que sont les autorités policières placées sous sa tutelle : ‘Les abus commis par les Officiers de police judiciaire dans l’application des mesures de garde à vue peuvent entraîner le retrait temporaire ou définitif de leur qualité d’officier de police judiciaire, sans préjudice des autres sanctions qui pourraient leur être appliquées’. Tout en déplorant les violences politiques notées ces derniers temps, les magistrats déplorent ces ‘évènements tragiques’ et ‘exhortent les magistrats compétents à se saisir de tous les faits constitutifs d’infractions à la loi pénale, commis à l’occasion de ces manifestations et à leur donner toutes les suites judiciaires qui s’imposent, quels que soient leurs auteurs’.
Les violentes manifestations politiques ayant entraîné des morts et plusieurs blessés dans différentes régions du pays ont été à l’origine de la sortie des magistrats. Lesquels, depuis quelque temps, rendent des décisions allant dans le sens d’accorder la liberté à des jeunes pris dans la nasse des forces de sécurité.Pour rappel, en début de semaine, nos confrères du journal Le Quotidien avaient fait état d’une correspondance que le Procureur de la République aurait envoyée au Premier Président de la Cour d’appel pour s’offusquer des agissements du commissaire central, Harouna Sy qui reçoit directement ses ordres du ministère de l’Intérieur.
Pape NDIAYE
walf.sn