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Assassinat d’un couple : Khaly Guèye prend la perpétuité

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Une peine sévère a ouvert hier la quatrième session de la Cour d’assises de Dakar. Elle est administrée à Khaly Guèye. Ce dernier est en détention depuis 2001 pour avoir tué à l’époque Mor Mbengue et son épouse Aïda Diop. Un double assassinat perpétré par un seul individu a  ému plus d’un hier, lors de la première journée de la quatrième session de la Cour d’assises de Dakar. C’était en 2001 au quartier Seydou Bâ de Boune. L’auteur des crimes, le carreleur Khaly Guèye a été condamné aux travaux forcés à perpétuité à l’issue d’un procès teinté d’émotion. Ainsi, la Cour n’a fait que donner suite au réquisitoire de l’avocat général. «Il a utilisé un couteau pour assassiner froidement ses deux voisins, à cause d’un simple jeu d’enfant», s’est-il désolé.

Le représentant du Parquet général de souligner que l’accusé doit payer pour son intolérance. «D’ailleurs, l’enquête de personnalité l’a suffisamment révélée. C’est tout à fait compréhensible que des enfants s’amusent en causant du tort au voisinage. Cela arrive tous les jours», précisent-il.

Pour justifier l’assassinat, le Parquet général rappelle que Khaly Guèye voulait passer à l’acte la veille, mais qu’il a été dissuadé par quelques voisins. «Le lendemain tôt le matin, il trouve le couple Mbengue dans leur domicile  et les tue». Selon le Parquet, la préméditation ne souffre d’aucun doute. Et la peine qui sied ne dépasse pas la perpétuité.

L’accusé avoue avoir administré les coups de couteau aux victimes. Toutefois, il rejette la thèse selon laquelle il s’est bagarré dans leur domicile. Et son recours à son poignard relève d’une légitime défense. «On était en altercation dans la rue. Mor Mbengue s’est jeté sur moi. En ripostant, je lui ai donné un coup de couteau. Lorsque sa femme a voulu m’assassiner d’un coup de gourdin, je lui en ai administré un autre. Chaque victime n’a reçu que deux coups de couteau», se défend-il.
Malheureusement pour lui, des témoins oculaires viennent à la charge. Le premier, Samba Sarr, déclare avoir entendu les cris de détresse de la dame Aïda  Diop qui saignait. «Lorsque je suis sorti de ma maison, Khaly la poursuivait. Il lui a administré un deuxième, malgré mes appels à la retenue», se rappelle le vieux Sarr. Aussi, une fois dans le domicile du couple Mbengue, le carreleur avait-il trouvé la fille aînée de la famille Ndella. Cette dernière fut même blessée. Elle s’est constituée partie civile avant de revenir sur ses brefs échanges avec M. Guèye dans la Cour, avant que son père ne sorte de l’appartement. La partie civile n’a pas jugé utile de réclamer une compensation. Mais elle supplie la Cour de condamner le supposé assassin à la perpétuité. Le témoin Ndèye Gaye, charge à nouveau l’accusé : «La maison des Mbengue n’a pas de clôture. J’allais à la boutique lorsque j’ai vu Khaly Guèye donner un coup de couteau au père de Ndella.»

DEMENCE
Mais comment peut-on tuer deux personnes  pour  de simples amusements de petits enfants, s’interroge-t-on. La défense en fait son cheval de bataille. «Personne ne peut expliquer un double meurtre, parce que des enfants ont jeté de l’eau sur le mur», défie Me Seydou Diagne. L’avocat de relever des mentions du Procès-verbal. «Aussi bien les enquêteurs que les témoins ont fait état de troubles mentaux de Khaly Guèye.» Puis, il cite le bulletin médical établi, en 2005, par un médecin-psychiatre qui, selon la défense, ne voit aucun signe de démence  cliniquement décelable. «Mais sa femme a révélé à la Police que son mari est souvent en crise à cause d’esprits occultes. D’ailleurs, il se soignait à Thiès. Finalement, on lui a installé des khambs dans sa propre maison. Sa place est aujourd’hui dans un centre psychiatrique et non pas en prison», plaide Me Diagne.

Celui-ci d’inviter la Cour à acquitter son client, si jamais elle retient que ce dernier fait preuve de démence. Puis, il s’évertue à démontrer la thèse de la préméditation brandie par l’avocat général pour justifier l’assassinat. «Aucun élément ne montre que l’accusé a prémédité son acte. On doit même le requalifier de meurtre, car au Sénégal, le port de couteau est culturel. En avouant, l’accusé vous a dit qu’il porte son couteau partout et depuis plus de 20 ans.» L’avocat de la défense demande ainsi à la Cour de lui accorder une application bienveillante de la loi. Ce plaidoyer centré sur la confirmation de troubles mentaux de l’accusé, met le Parquet général dans tous ses états. «Tel qu’il a parlé aujourd’hui, Khaly Guèye n’a fait aucun acte de démence. Le médecin-psychiatre n’a nullement mentionné de troubles mentaux. Sinon, on aurait  plus de précisions sur la nature de la maladie dont il souffrirait.» Le Parquet général de poursuivre que chaque citoyen est responsable de son acte, quel que soit son état mental.
Finalement, la Cour la suivi dans sa réquisition en réservant les intérêts de la partie civile.

lequotidien.sn

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