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Association de malfaiteurs et corruption au centre de contrôle technique des véhicules: comment la Sûreté Urbaine a cerné une mafia

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XALIMANEWS-Une vraie mafia agissait au cœur du Centre de contrôle technique des véhicules automobiles. 12 personnes, dont des agents, ont été mises à la disposition du parquet depuis le 15 janvier.

Ibrahima Seck (poseur de plaques), Matar Soumaré (mécanicien), Fallou Wade (vendeur de pièces détachées), Mamadou Ndongo (agent au centre de contrôle technique des véhicules automobiles), Samba Sarr Sambou alias «Sakho » (électricien), Ibrahima Khalil Ndiaye (informaticien au Centre de contrôle technique des véhicules automobiles), Moustapha Wade (sans emploi), Ibra Mbacké Mbaye (démarcheur), Mor Diop (poseur de plaques), Khadim Gaye (poseur de plaques), Djiby Thiandoum Fall (prestataire de service) et Adama Kondé Preira (agent régulateur) ont été déférés au parquet, le 15 janvier dernier, à la suite d’une enquête rondement menée par la Sûreté urbaine (Su) autour de a mafia qui sévissait au Centre de contrôle technique des véhicules automobiles sis aux Maristes.

L’alerte qui a tout déclenché.

Tout commence dans la matinée du 10 Janvier courant, lorsque le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a informé le chef de la Su d’une anarchie notée au niveau du centre de contrôle technique du service des mines. Celle-ci était entretenue par des individus qui squattent les abords immédiats dudit centre en proposant à des personnes venues passer le contrôle technique la possibilité de contourner la file d’attente moyennant une somme de quinze mille (15.000). Ceci avec la complicité de certains agents qui y travaillent. Mieux, une vidéo amateure, à travers laquelle apparaissait un des agents du centre nommé Mamadou Ndongo ainsi que d’autres individus qui faisaient des tractations et échangeaient suspicieusement devant le centre a été mis à la disposition des enquêteurs.

Mamadou Ndongo est immédiatement cueilli. Grâce à sa collaboration, les enquêteurs mettront la main sur Ibrahima Seck, Matar Soumaré, Fallou Wade, Moustapha Wade, Ibra Mbacké Mbaye, Mame Mor Diop et Khadim Gaye. Entendus, sous le régime de la garde à vue, ces derniers, après notification de leur droit à un conseil, ont catégoriquement nié les faits portés à leur encontre. Les mis en cause ont justifié leur présence sur les lieux par le fait qu’ils y exerceraient leur activité de vente d’accessoires automobiles en s’activant également dans la réparation de véhicules présentant des signes de défaillances. S’agissant du nommé Adama Kondé Preira, il a tenté de justifier sa présence par le fait qu’il avait permuté avec un de ses collègue nommé Thiongane qui devait partir à Saint-Louis. Cependant, étant arrivé sur les lieux, il n’a pas pu prendre service conformément à la réglementation en vigueur au sein du centre. Pourtant, au moment de son interpellation, il n’était pas en uniforme, ce qui laisse présager qu’il y était à des faits personnels.

15.000 Fcfa pour contourner la file d’attente.

Après avoir reconnu être celui qui a été identifié sur la vidéo, Mamadou Ndongo a déclaré qu’il était à son poste de travail où il lui est chargé de faire retourner les véhicules qui ne respectent pas la file. Sur ce, il travaille en collaboration avec son superviseur nommé Moussa N. qui était placé un peu plus en avant et qui lui signalait les véhicules à faire sortir de la file. Il a terminé par indiquer aux policiers qu’il connaissait parfaitement les individus se trouvant sur la vidéo qu’il a respectivement identifié.

Dans la foulée, Djiby Thiandoum Fall s’est présenté spontanément à la Su après avoir été informé de l’interpellation du Matar Soumaré. Il a ainsi porté à la connaissance des enquêteurs qu’il avait remis à ce dernier une somme de 228.000 Fcfa devant servir à la prise de rendez-vous de 13 camions appartenant à la Somicoa. Poursuivant, il a soutenu qu’avec cet argent, Matar Soumaré devait se charger de l’achat de tickets et de timbres pour lesdits véhicules en raison de 15.000 Fcfa le ticket et 2.100 Fcfa le timbre. Il devait également coordonner leur passage au centre de contrôle. Il a précisé que, dans cette affaire, Soumaré ne devait percevoir aucun frais de commission.

208.000 Fcfa pour « gérer » les camions de la Somicoa

Face à ce rebondissement, Matar Soumaré a été soumis à un nouvel interrogatoire. Il a admis que le sieur Fall fait partie de ses collaborateurs. Poursuivant, il a ajouté que ce dernier lui avait fait savoir qu’il travaille en collaboration avec une entreprise de la place et il fait appel à lui à chaque fois que les véhicules de cette société devaient passer le contrôle technique. Interpellé à propos du montant perçu pour la facilitation du passage au contrôle technique des véhicules de la Somicoa, il a soutenu avoir reçu de la part du sieur Djiby Thiandoum Fall une somme de 208.000 Fcfa et de ce montant il devait payer les frais de timbres et acheter les tickets pour le compte de ces camions. Il a terminé par déclarer que dans cette transaction, il devait y percevoir des frais de commission d’un montant de quarante mille (40.000) Fcfa. Confondus, tous les deux sont revenus sur leurs propos. En effet, Fall a reconnu que Soumaré devait percevoir des frais de commission d’un montant de 40.000 Fcfa, ce dernier, quant à lui a admis avoir effectivement reçu la somme de 228.000 Fcfa pour les besoins de cette transaction.

Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont été informés de la présence du nommé « Sakho» aux alentours du centre de contrôle technique. Sans désemparer, ils se sont transportés sur les lieux pour intercepter Samba Sarr Sambou alias « Sakho». Entendu après notification de son droit à un conseil, il a admis avoir été interpellé aux abords du centre de contrôle où il s’active dans la réparation de véhicules présentant des défaillances électriques. Reconnaissant être celui qui apparait sur la vidéo en cause, il a tenté de justifier sa présence en ce moment par le fait qu’il était venu taquiner l’agent Mamadou Ndongo qui venait fraîchement d’être marié.

Par la suite, les éléments de la Su ont adressé une réquisition au responsable du centre de contrôle aux fins d’être édifié sur l’identité des individus ayant pris les rendez-vous pour le compte des camions de la Somicoa ainsi que les numéros à partir desquels lesdits rendez-vous ont été pris. En réponse à ladite réquisition, le responsable a porté à la connaissance des policiers que les rendez-vous ont été pris par téléphone à partir d’un numéro de téléphone fixe (33.859.54.00) appartenant au centre et à partir d’un numéro de téléphone portable (77.371…). Il se trouve que ce numéro appartient à un des agents nommé Ibrahima Khalil Ndiaye qui sera cueilli à son tour.

Au vu de ces faits nouveaux, Matar Soumaré a été soumis à une nouvelle audition au cours de laquelle il a admis qu’après avoir encaissé l’argent devant servir à la prise de rendez-vous des camions de la Somicoa, il a requis les services d’Ibrahima Khalil Ndiaye. Selon ses déclarations, il a sollicité ce dernier qui est un de ses proches amis après avoir tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec les agents du centre d’appel « Voice com », entité uniquement habilitée à confirmer les rendez-vous au niveau du centre de contrôle. Il a juré ne lui avoir jamais remis de l’argent. Entendu, Ibrahima Khalil Ndiaye a réfuté les faits de corruption retenus à son encontre. Il a reconnu avoir effectivement pris les rendez-vous pour le compte de onze (11) camions de la Somicoa mais, selon lui, c’est sur demande de son ami Matar Soumaré. Il a déclaré avoir pris les neuf (09) rendez-vous dans un premier temps à partir du téléphone du bureau de liaison du centre et les deux autres avec son téléphone portable. Pour terminer, il a soutenu n’avoir reçu aucune somme d’argent de la part de Soumaré tout en admettant détenir actuellement le véhicule de ce dernier.

Source : Libération quotidien, édition du 18 janvier 2021.

1 COMMENTAIRE

  1. Ça c’est un exemple flagrant de ce qui sa passe dans tous les services publics de l’État ! C’est une corruption active et massive des agents à tous les niveaux. Allez dans n’importe quel service de l’État, surtout dans les services qui touchent le commerce, le foncier, le transport, les finances, la justice, l’agriculture, la santé, etc. Il y a toujours des agents qui sont là depuis des années et qui vivent d’une économie parallèle au cœur du même service. Le pire est qu’ils se connaissent tous d’un service à l’autre ! L’agent qui travaille aux Impôts et domaines connait un ami au Ministère de l’habitat qui a un ami notaire qui a un ami avocat qui un ami maire qui a un ami magistrat qui a un ami policier dans un commissariat qui a un ami marabout etc. etc. etc. C’est le pire cancer de ce pays et tout le monde en profite ! C’est pourquoi un citoyen peut déposer un dossier dans un ministère, une mairie ou une agence et attendre des semaines et des semaines sans aucune réponse. Un autre dépose le même dossier et a une réponse dans la journée même ! Nous sommes un pays de corrupteurs et de corrompus. C’est faux et malhonnête d’accuser un président ou un ministre, le vrai mal vient d’en bas. Au lieu d’aller demander simplement un service auquel nous avons tous droit, chacun d’entre nous croit qu’il doit être « recommandé » ! Dans chaque service, même dans une petite mairie, nous avons un « sama grand », « sama mbok », « sama kharit » « sama mbokou talibé » « diw mognou bolé » etc. etc. etc. Et les mêmes qui font ça tous les jours sont les mêmes qui critiquent le gouvernement ou insultent le président. Un président de la république menteur, corrompu et manipulateur vient toujours d’un peuple menteur, corrompu et manipulateur.

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