XALIMANEWS: A quelques mois de la présidentielle,le débat politique est tendu au Sénégal. L’annonce du Président de la République Macky Sall de ne pas se présenter lors de la présidentielle de 2024 a désamorcé une bombe sociale qui risquait de polluer le climat politique.
Dans un entretien accordé à la rédaction de Xalima, Moussa Sy, membre de Benno Bokk Yakar États Unis a commenté la décision de son chef de Parti . Pour lui, le Président Macky Sall a toujours œuvré pour la paix par la parole et par l’action, par l’institutionnalisation du Dialogue National, par le maintien en place de la coalition politique qui aura le plus perduré dans l’histoire politique de notre pays. Mr Sy est revenu sur la succession de Macky Sall avant de donner son point de vue sur la condamnation de Ousmane Sonko et la dissolution de son parti Pastef.
ci-dessous l’intégralité de l’entretien
- Que pensez-vous de la décision du Président Macky Sall de ne pas se présenté 2024 ?
Cette décision ne me surprend guère. C’est le contraire qui aurait surpris. L’homme a respecté sa parole, les pressions de nous autres militants nonobstant. Le fait même que tout le monde se mît à exiger qu’il se prononçât est une preuve, si besoin en était, qu’ils savaient et savent encore que la charte fondamentale issue du référendum de 2016 lui en donne droit. L’opposition avait fait le pari de faire de la question du « troisième mandat » leur cheval de bataille faute d’une offre alternative à proposer aux sénégalais. Pendant ce temps le Président, lui, optait pour le travail parce qu’ayant été élu pour un mandat le temps duquel il n’allait pas utiliser à débattre sur des inférences relevant de la pure conjecture. Et voila qu’il s’est prononcé, respectant le calendrier qu’il s’est lui-même fixé, ôtant a cette opposition sa béquille et la laissant boiteuse et orpheline d’un pseudo programme.
- Cette décision du Président Macky Sall n’est-elle pas synonyme d’apaisement du climat politique ?
Vous savez, pour que cette décision augure d’un quelconque apaisement, il aurait fallu que son absence fut la raison des tumultes que notre pays a vécus. La vérité est, et reste que les troubles auxquels le pays a été confronté avec les résultats que vous savez relèvent exclusivement de la responsabilité d’un homme qui a choisi la surenchère et l’appel à la révolte, pour ne pas dire à l’insurrection, pour se soustraire à la justice qu’il défie et méprise. Nous n’en voulons pour preuve que leurs sorties, lui et ses minions, post déclaration de SEM le Président Macky Sall. C’est à croire que la presse refuse de regarder la réalité en face et l’admettre en toute équidistance et objectivité.
Le Président de la République, pour aussi longtemps qu’il dirige le Sénégal, a toujours œuvré pour la paix par la parole et par l’action, par l’institutionnalisation du Dialogue National, par le maintien en place de la coalition politique qui aura le plus perduré dans l’histoire politique de notre pays. Pendant ce temps nous avons vu naitre et mourir beaucoup d’autres coalitions et fédérations contre nature. Elles durèrent le temps d’un feu de paille et allèrent dormir aux cimetières de celles qui les ont précédées. Voila ce que nous pensons de cette question tout priant que la paix s’installe définitivement sur cette terre bénie.
- Nous allons vers des élections sans le Président actuel, pensez-vous que c’est une chance pour l’opposition de l’emporter ?
C’est, bien sûr, le vœu (pieux) de ceux qui, depuis le jour d’après la proclamation des résultats de la présidentielle de 2019, ne cherchaient qu’a écarter le Président de la république des prochaines joutes, convaincus qu’ils sont que jamais ils ne pourraient le supplanter par une offre pragmatique. Cela a été le programme , pour ne pas dire le « Projet «. Fort malheureusement pour l’opposition, qu’il ne soit pas candidat ne veut pas dire qu’il ira dormir sur ses lauriers, retirer la charrerie et les chevaux et les laisser gambader sur les pousses du champ qu’il soigneusement plantées et regardé murir. Qu’on ne s’y trompe pas. Sous le sourire relaxe de cet homme se dessine l’itinéraire d’un qui a pris l’option de rester droit dans ses bottes, fidèle a ses convictions et dont l’action est résolument tendue vers l’accomplissement de ses objectifs, candidat ou pas. Son génie politique lui permettra de garder intact ce qu’il s’est évertué à construire de 2008 à nos jours.
Qui plus est, la politique sénégalaise a été submergée par des candidats petits dans leur pensée, mesquins et émotionnellement fragiles. Les narcissiques et les sociopathes s’affrontent pour le pouvoir et l’attention dans un système qui punit l’intégrité et récompense la débauche, la méchanceté et la corruption morale. C’est épouvantable. Une nation ne peut se tenir debout sans aucun concept de l’importance du caractère de ceux qui prétendent à en tenir les rennes. C’est fondamental. L’absence de perfection et le fait que les gens parfois échouent dans leur quête de droiture, ne signifient pas que le sommet ne vaut pas la peine d’être atteint. Je ne désespère pas de voir certains de mes compatriotes revenir vers les valeurs qui font notre exemplarité et ont fait les beaux jours de notre réputation à l’internationale. Aussi ne vois-je autre que la Coalition BBY aux commandes pour les prochaines décennies, pourvu que ses composantes restent solidaires et continuent de mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation.
- Pensez-vous que la décision du Président Macky Sall de ne pas se présenter pas en 2024 va diviser la grande Coalition Benno Bokk Yakaar…?
Comme je disais tantôt, que la coalition demeure intacte ou qu’elle éclate reste du ressort de ses composantes. La coalition a toujours été un outil politique au service d’un programme de développement économique et social, en même temps qu’un paragon de consolidation de notre démocratie. Si tout ceux qui continuent de la percevoir comme ça arrivent à canaliser leurs efforts vers un but commun, alors en plus de rester intacte, elle se solidifiera face aux nouveaux défis. Maintenant il y a un florilège d’ambitions qui commencent à pointer de la tête ça et là qui, si elles venaient à prospérer, sonneraient le glas de cette union qui a quand même défié beaucoup de zones de turbulences sous la houlette du Président Macky Sall.
- Selon vous, les alliés vont t’ils suivre le choix du Président Sall lors de la prochaine échéance ?
Les vrais alliés, oui. Le Président n’a pas décidé de s’enfermer dans son bureau pour opérer un choix qu’il va imposer à ses alliés. Il a bien pris le soin de procéder à des consultations élargies à la fin desquelles il a obtenu mandat de choisir le candidat. Mais comme l’unanimité n’existe qu’aux cimetières, il lui sera humainement impossible de trouver quelqu’un autour duquel une coalescence spontanée s’opérera. Néanmoins , je reste optimiste quant à la résilience de BBY qui a quand même vécu ses douleurs de gésine et survécu aux soubresauts inhérents à toute entreprise humaine. Avec la pléthore de partis politiques que compte notre pays , BBY reste un bel exemple de rationalisation et mutualisation des efforts de développement.
- La Coalition Benno a-t-elle une chance de remporter la présidentielle 2024 sans Macky Sall…
Si toutes les conditions énoncées précédemment sont réunies, je ne vois pas un autre scénario. Je ne suis pas non plus naïf au point de croire que cela se fasse de manière aisée. Ce sera de haute lutte qu’une victoire sera arrachée et ce ne sont pas les armes qui nous manquent. Le Président Macky Sall ne va certes pas se présenter, mais il laisse un legs de taille, un chemin bien tracé qui, si nous le suivons, nous conduira à de belles victoires en 2024 et au-delà. Et retenez encore ceci : candidat ou pas, il sera encore là pour nous guider
Aujourd’hui l’actualité politique sénégalaise est polluée par la condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko et la dissolution de son parti. Des manifestants s’en sont suivis après.
Quel est votre point de vue ?
Le Sénégal est un pays organisé dont le fonctionnement est encadré par des lois et des règlements. Le Pastef, en tant que Parti politique, ne peut se soustraire à ces règles sans en pâtir. Fort malheureusement, son leader a opté pour la voie de la subversion et de la violence. Et celà, nul d’entre ceux qui, aujourd’hui, lancent des cris d’orfraie à la suite de la dissolution de cette milice ne peut le nier. Ce ne sont pas les rappels au retour de l’ordre républicain et au calme auquel ont droit les paisibles citoyens qui ont manqué. Le sieur n’en eût cure et continua à cracher du feu dans chacune de ses sorties. Et ce qui devait arriver, arriva.
Que cet acte ait occasionné des troubles ne change en rien que c’était ce qu’il fallait faire et, franchement, fait un peu sur le tard.
Xalima le 03 août 2023,
PID