Le président de la République, Abdoulaye Wade a piqué une colère noire contre les Etats-Unis et sa représentante à Dakar. Au motif que Mme Marcia. S. Bernicat a fait parvenir à la presse une lettre ouverte du département d’Etat dirigé par Hilary Clinton intitulée “Le Sénégal et la Corruption“.
Dans cette missive, la Chef de la diplomatie américaine, rappelle les conditions pour bénéficier du Millenium Challenge Account (MCA), dont le Sénégal s’est vu accorder un don de 540 millions de dollars. Soit 270 milliards de F Cfa.
Une leçon qu’un “petit“ pays comme le Sénégal, n’entend point recevoir d’un “géant“ comme les Etats-Unis d’Amérique. Et le Chef de l’Etat du Sénégal l’a fait savoir à la Chef de la diplomatie des Usa au Sénégal.
“Je suis affligé par les propos que j’entends toujours et qui mettent en accusation le Sénégal pour corruption. Moi, je suis responsable de défense de l’image du Sénégal qui est un pays honorable, poursuit le président Wade. Nous sommes un petit pays mais nous avons notre fierté et notre dignité. Il y a des choses que nous ne pouvons pas accepter. Et, moi, je ne comprends pas pourquoi vous êtes le seul pays, à longueur de journée, à nous traiter de corrompus“.
“Vous ne m’avez pas encore désigné un cas de corruption impunie. Arrêtez ces accusations publiques. Parce que je ne peux pas continuer à accepter cela“. Visiblement en colère, Wade d’un ton vif déclare : “Si on ne peut pas avoir la paix avec ce MCA, mais reprenez-le. Et emmenez-le dans un pays ou vous pouvez être injurieux, mais pas ici au Sénégal. Vous pouvez le reprendre quand vous voulez et l’amener où vous voulez“.
On peut cependant se poser des questions sur les raisons réelles de cette colère présidentielle d’autant que lui-même a dénoncé à plusieurs reprises des cas de corruption et de concussion et inviter à la bonne gouvernance et à la droiture dans la gestion des deniers publics. Combien de fois a-t-on parlé de corruption au Sénégal ? Le Forum Civil, Transparency international, entre autres organisations de la société civile ont toujours fait état des cas de corruption dans l’administration sénégalaise.
On peut citer entre autres exemples le scandale dans la magistrature, l’affaire Segura, la santé, le livre “Contes et Mécomptes“ du journaliste Abdou Latif Coulibaly. On s’interroge encore sur la préférence de Jebel Ali free zone authority (Jafza) de Dubaï au détriment de MCA 1.
C’est donc une lapalissade de parler de corruption au Sénégal. La raison de colère de Wade se trouverait ailleurs. En effet, contrairement aux Chinois et aux arabes, qui ne sont pas très regardant sur les règles de procédures ou d’utilisation de leurs financements dans les pays du tiers monde, les Américains eux, gardent un regard extrêmement vigilant sur l’argent du contribuable. Surtout qu’il s’agit ici d’un “prêt non remboursable“.
Les règles de transparence de l’Amérique ne riment pas avec la manière de gérer dans notre pays. Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily caricaturent Wade, à tort ou à raison, comme étant quelqu’un qui confond l’argent du pays à celui de sa poche. Or, le plus petit dollar américain fait l’objet d’un suivi et d’une évaluation.
Mieux, signé depuis le 16 septembre de l’an dernier, le MCA tarde à tomber dans le trésor public sénégalais.
sudonline.sn