« Au-delà du bien faire et du mal faire, existe un espace. C’est que je te rencontrerais. » Rumi (Par Sigapal)

Date:

Mois de Mars, moi de la femme dit-on. La femme, symbole de tous les paradoxes de la
société sénégalaise : moderne et traditionnelle, libérée et conservatrice, musulmane ou
pieuse, conservatrice et traditionaliste, etc . On pourrait continuer cette liste sans fin
de contradictions. Mes collègues sociologues considèrent qu’une société malade est une
société où l’on maltraite les femmes et les enfants. De nos jours c’est devenu monnaie
courante, personne ne s’arrête pour comprendre..
Face à une stratégie nationale qui prône l’équité et l’égalité de genre, une loi sur la
parité promulguée depuis 2014 qui accorde un plus grand pouvoir politique à plus de
femmes : le constat est là patent : les femmes sont encore bien loin du compte. Au
chapitre du travail, au chapitre d’une vie conjugale réussie, d’un poste bien rémunéré
qui ne nous plonge pas dans une solitude teintée de « bling-bling » et d’une assurance qui
est loin d’être réelle..
Nos rêves de liberté et de pouvoir se heurtent à des traditions ancestrales et
religieuses fortes et ancrées, assises tranquillement comme une grand-mère avec son
cure dent scrutant des horizons lointains qui n’ont pas fini de livrer leurs secrets :
mystérieux et imprévisibles..
Femmes modernes et traditionnelles, épouses, nos rêvent de télénovas et d’amour
exclusif « mon homme et moi » viennent mourir sous les vagues des » Goro 1  » et
« Ndieuké 2 et notre branché « chouchou » tangue sur les vagues d’un amour trouble
entre la «  femme de sa vie » et « sa mère qui lui a tout donné ». Dans ce duel féroce de
femelles, chouchou n’y voit pas souvent pas clair, pour ne pas dire que du feu ! Les
logiques du monde des femmes dépassent l’homme le plus puissant et le plus instruit.
Souvent madame y laisse ses plumes et celles de ses enfants, tandis que « Ngoor »
pourra toujours se remarier avec l’appui des sœurs, cousines et maman, avec« une qui te
mérite »..

1 « Goro » Belle-mere
2 Ndieuke Belle seour

Dans le silence de ses nuits, Ngoor n’a toujours pas oublié les thiou 3 ray et parfums de
sa dulcinée, les conversations secrètes, les mots d’amours. Il se souvenait de ses
sacrifices malgré son travail, pour garder la maison propre et lui faire de bons petits
plats dont elle avait le secret …et elle lui avait donné deux enfants avec amour. Le
cœur a ses raisons que la raison ignore, il se demandait pourquoi il pensait encore à
cette « écervelée » qui ne respecte pas ses parents, surtout que sa nouvelle « Diekk »
est mokkpoth 4 et parfaite.. Mais son cœur secrètement bat toujours pour « madame »,
au fond il aimait toujours son ancienne épouse..
Dans le silence de ses nuits, madame n’est pas mieux lotie. Elle se demandera comment
elle a pu perdre son Diego, son Alessandro, son chouchou, l’homme de sa vie. Ou avait-
elle failli ? Amère, elle se revoit les après-midis passés dans les étales du marché HLM
à acheter toute l’arsenal de séduction devant faire d’elle une « khaley féroce,
beuribagass », sur internet, elle avait souscrit aux tontines de parfum de 45 jours afin
de se payer, des parfums de marques, dont les senteurs continuent à hanter les nuits de
Ngoor. Le dimanche, elle se souvenait de ses randonnées au marché « gueule tapée »
pour acheter le vrai ‘guedj beur’ qui devait donner un goût unique à son thiébou djeun
servi à la bande de copains plus exigeants que Monsieur. La cuisine est importante dans
l’affaire au Sénégal. Combien de fois a-t-elle souscrit aux tontines bazin Djezner pour
offrir à « belle maman » un tissu cher et prisé. Les tambours du baptême de bébé Ibou
raisonnent encore dans la nuit tandis que le « teralaté « avait fini de ruiner sa maman
qui a trainé les dettes pendant une année. Eh oui ! L’honneur de sa fille était à ce prix.
Elle se demandait elle aussi si elle n’avait pas usurpé l’identité d’une autre femme qui
n’était pas vraiment elle, pour être cette épouse caricaturale’ djongué » et parfaite, une
bonne sénégalaise..Si ce ne dépendait que d’elle, elle aurait vécu tranquille à côté de
chouchou’ « louniouambok ko », loin de tous ces artifices..
Dans le silence de la nuit, seule, elle ne pense plus à se remarier, elle sait qu’avec ses
deux rejetons, elle risque un autre défi : celui de la polygamie, famille recomposée.
Qu’avons nous fait de nos enfants ? Quel genre d’adolescents seront Ibou et Fatou qui
avaient 2 et 4 ans quand papa et maman se séparaient ? Qui sont ces hommes qui
assassinent et martyrisent les femmes ? Avons-nous analysé les traumatismes des
enfants de divorcés, les effets du chômage chronique dans un monde de matériel et de
consommation de toute sorte ? Est-ce que « mameboy 5 e » et ses filles ont mesuré les
conséquences de leurs complots dont les chuchotements ont fini un timis ; 19H à
travers les fenêtres d’un charlatan pressé d’en finir avec son « dédelé 6 magique » ?

3 Thiouray , Encens
4 Femme élégante et d’intérieur sachant s’occuper d’un homme
5 Grand Mere
6 Pratique mystique connu au sénégal pour éloigner les conjoints l’un de l’autre

Elle se promet d’ aller voir « diekmbak 7 hana » pour en savoir un peu plus sur le divorce
et les conséquences en espérant qu’il se limitera aux prêches sans s’occuper de son
nouveau statut de belle et jeune divorcée qui travaille !!
Quarante ans, toujours dans le pétrin…
A toi Zahra..

[email protected]

5 Commentaires

  1. Merci de revisiter la stratégie nationale sur le genre, 25 ans après Beijing, on menace, maltraite et violente encore les femmes.

    Merci Sigapal

    • Que la lumiere de Descartes jaillisse sur le Senegal,ohh ignorance,lachete,egoisme,sortez de chez moi !la femme senegalaise merite mieux, c dommage mais la verite est fille du temps Sigapal

  2. Sigapal, j’ai beaucoup d’admiration pour votre plume et des themes importants qu’elle traite. Je t’encourage a l’aiguiser davantage. Elle peut etre une arme efficace pour changer la condition de la femme dans une societe qui refuse le progres et se cache derriere des pretextes fallacieux pour exploiter l’ignorance d’une categorie de sa population. A Seynabou, je lui demande de ne jamais baisser les bras. La liberte ne se donne pas, elle se revendique et s’ arrache. Peu importe le temps que cela prendra, votre liberation passe par votre capacity a s’organiser pour ne pas agoniser, car c’ est le seul choix que vous laisse la society.

  3. De la stratégie nationale sur le genre, à cette chronique virulente de Sigapal je crois que l’espoir est permis, surtout si on sait que notre société tend vers l’alphabétisation des filles à grande échelle mais aussi l’accès à l’information. Parce que ne nous méprenons pas avant ce qui posait problème était justement que la majorité de ce qui se décidait, se décidait par et pour une frange de la population qui n’est pas du tout représentative, les lettrés.
    Disons que même les féministes étaient par moments mal comprises par les femmes themselves.
    L’espoir est donc permis.
    Mes encouragements Sigapal

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