MARIEME SAKHO DANSOKHO, 51 ANS, SYNDICALISTE
Marieme Sakho Dansokho se tient droit, mains dans le dos : pose de footballeur dans une ruelle qui jouxte la demeure familiale à la cité des enseignants située à Ouakam. Elle agite sa main gauche en guise de repère pour le visiteur. Pourtant, de loin, elle a le physique d’un mannequin. Le vis-à-vis renvoie à une fausse maigre : 1,71 pour 74 kg. Le sourire est franc, dans son ensemble mauve, elle inspire la bonhomie. On se tutoie, assis au milieu de ce salon sobre, orné de meubles beiges, une table basse, un téléviseur moyen format, un tableau pour rehausser le niveau… à part ça, tout est dépouillé, simple… Un véritable refuge d’enseignant de condition modeste. Marieme Sakho Dansokho n’est pas une corrompue comme l’avait accusé un de ses camarades du mouvement syndical. A tout le moins, sa demeure en témoigne.
A 51 ans, elle impose d’emblée un ton fraternel. Comblée par cette rétrospective de la vie d’une syndicaliste, elle parle, volontiers, de son travail en femme de dialogue. Echange de sourires, puis découverte du monde syndical vu par Mariéme. Elle dit : « entre négociations, réunions de plénière de l’intersyndicale, les interviews à accorder à la presse pour donner le maximum d’information. C’est énorme ! Mais pas difficile car je porte la parole. Par contre, ce qui est difficile dans ma mission, c’est de discuter avec des partenaires qui ne veulent pas jouer franc jeu. »
Il y a bien son physique. Elégance d’une chevelure noire corbeau dont la souplesse souligne les traits acérés d’un visage fin commun chez l’ethnie peulh. Mais au-delà, la tuile. On interroge les collègues, les copains, les militants, et on tombe sur un os. Que des compliments ! Bonne matheuse, bonne militante, bonne mère de famille, bonne camarade, bonne prof, et par-dessus tout modeste. Et belle de surcroît. Reste un espoir malsain, que la tâche soit au-dessus de ses forces. La tâche ? Obtenir gain de cause sur des revendications d’ordre statutaire, pédagogique, financier, afin de voir la condition enseignante revalorisée. Se battre contre l’injustice pour les intérêts de sa corporation. Œuvrer pour la formation des enseignants. Vous vous souvenez ? Mai 2008. Les enseignants de l’intersyndicale dans la rue : L’évaluation des protocoles d’accord 2003-06, la gestion démocratique des carrières et l’indemnité de recherche documentaire sont les principaux points des revendications. Au bas de la marche, une voix fluette qui s’exprime avec des phrases courtes, précises, implacables contre un gouvernement foulant au pied les engagements budgétaires officiels, perce les ondes d’une radio de la place. On se remémore : « on a été convié à une rencontre de la part du gouvernement mais, c’était surtout de la diversion, parce qu’en convoquant l’intersyndicale, (…) le gouvernement a également convoqué d’autres organisations qui se disent syndicales mais qui en fait jouent un rôle auprès du gouvernement qui est de saborder les négociations. » Dès les premiers soubresauts provoqués par le « dézingage » budgétaire concernant ces revendications, Mariéme jouait déjà un rôle clé dans ce mouvement de refus.
Si les débuts de l’aventure font les délices des souvenirs militants, ses avatars actuels sont plus compliqués. Lieu de dialogue improbable et d’action commune entre jeunes radicaux et syndicalistes divisés en chapelles et corporations, le syndicat des professeurs du supérieur (Sypros) n’a dû son existence et son succès qu’au sentiment d’urgence qui avait saisi la communauté des professeurs. Peut-il survivre, alors que l’euphorie des manifs s’estompe ? Eviter de devenir un champ clos de rivalités syndicales ? Repousser la captation par un ministre de tutelle qui divise sa corporation pour mieux régner et certains camarades peu actifs, dépitée par son « fonctionnement qui déconne » ? Retrouver initiatives et capacité de résistance devant un gouvernement qui réforme l’école au bulldozer, organise le dépérissement des organismes de recherche ? C’est là que le « consensuel » a fait fort, jouant toutes ses cartes pour rassembler un mouvement hétéroclite. Un rêve ? « Aujourd’hui pour 70 mille enseignants il y a plus de 30 syndicats, car la lutte syndicale est devenue pour certains un fond de commerce. Le consensus auteur d’un seul syndicat de l’enseignement est l’idéal mais notre unification n’arrange ni le gouvernement ni certain camarades de lutte. »
1959. 03 janvier, naissance à Rufisque. Ce capricorne suit son père cheminot au Mali et sa mère femme au foyer un an après sa naissance. 3 ans plus tard, elle revient au Sénégal pour rejoindre sa grand-mère à Louga. Fidèle à sa réputation d’élève « brillante » et « calme », elle bouclera le cycle primaire à l’école Mbarbatt. Le décès de sa grand-mère fera l’objet de sevrage brusque entre la gamine de 11 ans et les ruelles de la capitale du Ndiambour. Mariéme regagne son oncle à Dakar où elle poursuivra le cycle secondaire au lycée Seydou Nourou Tall. Le baccalauréat série C en poche, elle sera admise à l’Ecole Normale Supérieure (Ens). Mariéme Sakho Dansokho aurait pu choisir d’être avocate, elle a décidé très tôt de devenir enseignante. C’est sa vocation et son métier. A 26 ans, elle est prof de maths au Cem Badara Mbaye Kaba de Bopp, un quartier dakarois. Son militantisme dans le mouvement syndical lui fait déserter les salles de classe. Désormais, son temps est partagé entre séminaires de formation à l’étranger, réunions syndicales… En 1993, elle demande un détachement dans les services centraux. Elle se souvient : « J’ai été affectée à la commission nationale sénégalaise pour l’Unesco, où j’ai occupé la division des sciences humaines et sociales. »
2005, elle est élue, haut la main, secrétaire générale du Sypros. Son nouveau poste réduira son temps de sommeil et lui interdira la pratique du sport : « je descends tard. Particulièrement, je n’ai pas le temps de faire du sport c’est d’ailleurs pour cela que j’ai grossi. » Le syndicalisme lui aura tout pris, ou presque. Il fera d’elle une vielle fille qui se mariera à l’âge de 35 ans. « Les gens disaient qu’une matheuse syndicaliste doit être compliquée, c’est pourquoi, je me suis mariée très tard. » En revanche, cet engagement lui aura permis de rencontrer son futur mari : Un militant, professeur d’université avec qui elle aura trois filles.
A son interlocuteur, Mariéme accorde toute son attention. Parfois, elle répète ses réponses, pour mieux se faire comprendre : la répétition est pédagogique. Déformation professionnelle oblige. Avec cette nouvelle responsabilité, Mariéme refuse de renoncer à l’occupation qui fait le sel de sa vie : sa famille. En effet, ballotée depuis ses 4 ans au gré des disponibilités de ses proches parents, elle ne vivra ni avec ses parents ni avec ses 9 frères et sœurs. Elle n’aura le plaisir d’avoir sa mère à ses côté qu’en 1983, après le décès de son père. La syndicaliste veut éviter une telle situation à ses enfants. Elle veut être présente auprès de ses filles, et de son petit fils de trois ans.
Son aisance orale, son aplomb lui permettant d’interpeler ministres et chef d’état ne sont altérés par aucune arrogance. Reflet d’une modestie non feinte, et d’un sentiment toujours vivace d’être entrée par effraction dans un milieu réputé inaccessible pour une femme. Sans doute, confie-t-elle c’est le combat d’une vie quand elle négocie les différents points de revendications parfois jusqu’au-delà de minuit. Elle se désole de voir de plus en plus des enseignants mal formés et sans passion. Elle déploie des trésors de diplomatie pour faire agir ensemble tous les syndicalistes habitués à se tirer dans les pattes. Dès lors, on se rend compte qu’elle mène une vie trop prenante, conciliante, éducative et militante sans renoncer à sa vie privée, ses trois filles, son couple. « Je ne veux pas choisir ! » Seule la polygamie lui arrachera un mot négatif, surprenant : « Je suis une poltronne », lâche-t-elle. Pas les réunions tardives ni les petites trahisons entre militants encore moins les copies à corriger. La peur vient de la confrontation « à son ignorance. Un sentiment étrange de frustration devant l’impossibilité de trouver réponse à la question posée, qui rend d’autant plus nécessaire celui de légitimation offert par l’enseignement ». Et si son mari décidait un jour de se remarier ? « Non ! Non ! j’ai réglé ce problème à l’avance. » M. Dansokho serait-il monogame ?…c’est tout comme…
Aïssatou LAYE
lagazette.sn
Les femmes pas de pitié pour les autres,au Sénégal il y à deux voire méme trois fois plus de femme que d’homme et avec ça,il y a toujours des femmes qui ferment la porte,que vont devenir les autres.?.C’EST ENTRE FEMME QUAND,IL Y A LA PITIE ET LA PIETE DE L’ISLAM ET DE SES REGLES. JALOUSIE QUAND TU NOUS TIENS.CATASTROPHE RECK ET PROSTITUTION A OUTRANCE DU FAIT DU MANQUE D’HOMME A MARIER.