Les lendemains de drame sont toujours difficiles à vivre. Et nombre de pèlerins du Daaka de Madina Gounass, qui ont tout perdu lors de l’incendie de jeudi dernier, s’en sont convaincus. Mais l’urgence pour eux, c’est de reprendre vie pour mieux vivre cette retraite spirituelle.
(Envoyé spécial) – C’est avec un cœur gros que les victimes et les proches des disparus du violent incendie qui a décimé près d’un tiers du Daaka de Madina Gounass, édition 2010, sont allés très tôt, hier matin sur les lieux du sinistre. Quand on débarque au niveau des 52 Daaka, dont celui du khalife général de la communauté musulmane de Madina Gounass, c’est l’odeur de brûlis qui vous monte au nez et vous pousse à éternuer sans arrêt. L’odeur des cendres mélangé à divers produits ne manque pas de créer des démangeaisons au niveau des yeux. On peut dire qu’à cette heure matinale, sous les cendres couvaient encore les braises ardentes. Heureusement que le vent n’était pas fort, hier.
C’est là que nous avons rencontré le vieux Mamadou Soumaré de Bakel, un bâton à la main, en train de rechercher quelques objets sous sa hutte de paille, réduite en cendres. Il nous confie qu’il a tout perdu dans l’incendie d’hier. ‘J’avais acheté une valeur de près de 300 mille en cadeaux pour ma famille, mais tout est parti en fumée, ainsi que mes soixante mille francs ; une somme avec laquelle je devais payer mon billet de retour. En ce moment, il ne me reste que les habits que je porte par devers moi. Mais c’est la volonté de Dieu’, se résigne-t-il.
A quelques pas du lieu de l’origine de l’incendie, nous tombons sur Ousmane Bâ, un pèlerin venu de Nere en Mauritanie et ses camarades en train de s’activer pour redonner vie à leur Daaka, après le passage des flammes qui ont tout emporté. Ils ont décidé de commencer par le plus urgent à savoir les toilettes. Et pour ce faire, ils se sont cotisés pour se payer une nouvelle palissade en latte de bambou. Dans l’incendie, ils ont perdu d’énormes quantités de provisions en tout genre, en plus de deux moutons et une chèvre. Mamadou Cissokho et ses amis du Dental Mbour ont aussi tout perdu. D’après son témoignage, ils ont été surpris dans leur sieste, à l’heure du thé, par les flammes. Quant à Aldiouma Sow, venu du département de Matam, l’urgence est de reprendre vie pour terminer le Daaka. L’on signale que la plupart des victimes de l’incendie de jeudi ont appelé leurs parents émigrés pour qu’ils leur transfèrent de l’argent de survie. Ce qui frappe chez les victimes, c’est qu’ils ont la foi cheville au corps et s’en remettent à Dieu, après ce terrible drame.
CAPITAINE ABDOULAYE NDIAYE, COMMANDANT LE SOUS-GROUPEMENT No 4 : ‘On ne peut pas faire cohabiter le feu et la paille’
Le commandant du sous-groupement No 4 Kolda Ziguinchor et Sédhiou a soutenu, hier, que lors de l’incendie le dispositif des soldats du feu a bien fonctionné pour qu’il y ait zéro incendie. ‘Mais, soutient le capitaine Abdoulaye Ndiaye, on ne peut faire cohabiter le feu et la paille qui brûle comme de l’essence’. Aujourd’hui, fait remarquer le capitaine Ndiaye, ‘dans les circonstances actuelles du Daaka, la règle c’est l’incendie et l’exception, le manque d’incendie’.
Notre interlocuteur explique que 54 éléments ont été mobilisés, en plus des véhicules de liaisons dont deux citernes de huit mètres cubes et 10 mètres cubes. Il se trouve que ces camions-citernes ne peuvent intervenir que pendant dix minutes après quoi, ils doivent aller chercher de l’eau à dix kilomètres du site. Et comme, l’unique forage du Daaka manque terriblement d’eau, la situation est devenue complexe. Selon lui, c’est ce qui est a l’origine des problèmes.
Dans le futur, pour éviter des incendies au Daaka, le capitaine Ndiaye estime qu’il faut revoir beaucoup de choses. Il suggère, comme à Mina à la Mecque, qu’on dresse des tantes inflammables et éviter de faire cohabiter les vendeurs de gargotes et les pèlerins. Pour beaucoup de pèlerins, une réflexion doit être ouverte pour une solution durable à long terme.
APRES L’INCENDIE DU DAAKA : Le Pm présente les condoléances de Wade
Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, a présente, hier vendredi, les condoléances du président de la République suite a l’incendie enregistré au Daaka de Madina Gounass jeudi dernier. Un drame qui aura fait trois morts et des blessés dont on ignore le nombre et plusieurs dégâts matériels. Dans un discours expéditif, le chef du gouvernement, accompagné des ministres Bécaye Diop et Zaccaria Diaw, et de Abdoulaye Racine Kane a dit qu’il venait au nom du président Wade. Selon lui, c’est ce qui justifie sa présence. Il a dit au khalife de Madina Gounass, Thierno Amadou Tidiane Bâ, que le président Wade est à l’écoute de leurs doléances.
Aussi, a-t-il annoncé que c’est le ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop, qui va revenir dimanche à Madina Gounass pour les besoins de la cérémonie officielle pour entrer plus amplement dans les détails. Quant au marabout, vue l’heure tardive et le retard accusé pour faire le khadratoul Djouma, il a prié pour le président et le Sénégal, lors de sa réponse au chef du gouvernement. Le Premier ministre et sa suite son repartis à bord d’un Focker de l’armée. L’on signale qu’au cours du Daaka, l’ancien Pm et leader de l’Apr, Macky Sall, et ses anciens frères libéraux, notamment Souleymane Ndéné Ndiaye, ‘un ami dans la vie privée et dans celle politique’ se sont faits des accolades en public. Assis côte à côte, ils n’ont cessé de discuter durant tout le temps qu’a duré l’attente de l’arrivée du khalife.
Mamadou SARR
WALF.SN