Les propos d’Idrissa Seck à la RFM ont fait l’effet d’une bombe Seck, pardon sèches, dans les divers espaces de la coalition BBY et l’effet d’une douche froide qui n’a rien à voir avec le glacis de ses larmes versées sur une actualité passée, à son corps défendant.
Il a tapé dans le mille des cœurs sensibles sénégalais et s’est presque racheté une conduite en dissipant quelques doutes sur sa « tortuosité » qui lui avait été signifiée, lors de ses incessants allers-retours chez son mentor et bourreau politique, à savoir Abdoulaye Wade.
La communication du patron de Rewmi a trouvé un vide autour des questions qu’il a posées, lors de cet entretien où la convivialité a cohabité avec les larmes. On aurait même dit que c’est le maire de Thiès qui animait l’émission, tant elle avait des allures de conversation.
Mais ce qui est étonnant, c’est que personne n’a répondu sur les faits de gouvernance qu’il a évoqués. Enfin pas vraiment, notamment sur la gestion des banquiers du gouvernement. Et certaines personnes comme le tonitruant Me El Hadj Diouf, ce qui est d’ailleurs surprenant, ont déclaré qu’Idrissa Seck était en fait le meilleur allié de Macky Sall, parce qu’étant le seul à lui dire ce qu’il pensait, c’est-à-dire la vérité. Ses amis de coalition apprécieront.
Ce qui est en tout cas sûr, c’est que le patron de « Rewmi » a la bonne communication, qui frappe à un moment où les partisans de Macky Sall peinent à poser non pas un bilan An 1, mais un point An 1, alors que le concerné lui-même était absent du pays. Personne pour défendre le chef de l’Etat. Bien seul dans ce parti qui ressemble à une armée mexicaine, sans réel cap, ni structures.
Ce qui s’est passé, peut être résumé de la sorte : » on attend que l’ouragan nous tombe dessus, et on se met à réfléchir pour voir quelle stratégie de riposte« . Et en lieu et place de la réplique intelligente, ce sont attitudes guerrières, va t-en guerre, qu’on adopte.
Et ce lundi 1er avril, rebelote. Idrissa donne un autre os à ronger puisqu’il a rajoute une couche sur Zik Fm, l’autre radio concurrente pour ne fâcher personne, question sans doute de créer l’équilibre et en même de ratisser large sur ce qui peut constituer sa cible de communication. Ce qui signifie en termes clairs qu’Idy, après son « Do khoul »(ça ne marche pas », son histoire de banquiers qui ne connaissent pas les finances publiques et autres, il a démenti le gouvernement sur de supposées caisses laissées vides par Wade. Une manière de dire que si le gouvernement n’a pas pu réussir à faire frémir l’économie, au bout d’un an, c’est bien par incapacité et incompétence.
Il a en tout cas balancé un chiffre rond, 418 milliards. Un chiffre qui fait mouche. Vrai ou faux ? Ce n’est pas la question car au-delà du chiffre, il y a un effet qui est recherché, c’est produire de l’effet dans la tête de ceux qui écoutaient et donner un coup de plus dans la fourmilière de ceux-là qui ont fait Hec et deux banques du pays.
Et là encore, le ministère des Finances rate l’occasion de rester dans son rôle technique en évitant la polémique et en restant sur le plan des chiffres. Il aura fait le jeu d’Idy en commentant les choses puisque lui, était dans ses habits de politique.
La coupe est en tout cas bien pleine. Et on ne voit pas, par quel discours miracle, on va arriver à convaincre le citoyen lambda que tout baigne entre Macky et Idy, et qu’ils s’aiment comme des frères. Rupture inévitable ? Pas encore à l’ordre du jour, puisque ça cogite sur l’attitude à avoir, même si Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno Book Yaakaar (BBY) a lui, une position radicale qui vise ni plus, ni moins qu’à se séparer du maire de Thies.
Le tonitruant Moustapha Cissé Lô va chez Aïssatou Diop Fall pour casser tout l’argumentaire d’Idrissa Seck. Lui c’est un autre sénégalais bon teint, bluffeur devant l’éternel qui a aussi l’habitude des médias, mais en même temps un Idy en moins subtil. Côté allié par contre, on tempère, même si on demande à Idrissa seck d’être un peu plus responsable, plutôt que de flinguer à tour de bras.
Mais quel que soit ce qu’on puisse penser de la situation, Idrissa Seck a réussi la prouesse d’être au centre du jeu politique et à garder l’initiative. Coup inélégant, déloyal, assassin, diront certains ; de la realpolitik, diront d’autres. Les Sénégalais apprécieront.
Mais pour l’heure, en termes de conséquences, le couperet est tombé et s’est abattu sur le porte-parole de Rewmi et ex-Dg de la Sones. C’est en tout cas un symbole de Rewmi qui a été frappé. Et il se susurre même qu’un ministre de Rewmi, Oumar Guèye en l’occurrence est sur le point de départ vers l’Apr ; Une autre autre rumeur parle de Pape Diouf, ministre de la pêche. Ce qui signifie que si on suit cette logique, on cherche à affaiblir Rewmi.
Mais cette fenêtre ouverte dans le milieu des traitements médiatiques de nos affaires judiciaires, a vite été refermée pour retomber encore dans cette ritournelle des « biens mal acquis ». On n’en sort pas. Entre arrêt de la Cedeao et nouveaux chiffres effarants à la Une de nos quotidiens, la tragi-comédie continue et ne nous apprend rien de bon.
La presse n’a rien d’autre à se mettre sous les rotatives et il demeure toujours constant que Karim et Wade son père font vendre des journaux et génèrent du trafic sur les sites web d’information où ils sont mis eux et leur « exploits » à la une.
Les journaux se sont rués sur les seconds couteaux de l’Apr qui ont fusillé l’impénitent, mais se sont-ils interrogés sur la réalité de la coalition Benno Bokk Yakaar sur l’échiquier politique ? Il serait temps que les partis qui la forment, se pèsent surtout à l’approche des locales qui vont intervenir dans moins d’un an, ce qui permettrait aussi à Macky Sall d’endosser tout seul le succès ou les échecs de sa politique.
La communication lui manque et il devrait prendre exemple sur le Pape François, qui en une semaine a su donner à son magistère une vision claire que l’Eglise allait dorénavant être celle des pauvres et devait elle-même être pauvre et compatissante. Plus d’ors, plus de fastes, et surtout des actes, ce qui en communication est le nec plus ultra.
Le jour dit du Jeudi saint, le Pape François lava les pieds d’enfants détenus dans une prison pour mineurs, à l’instar du Christ qui avait lava les pieds de ses apôtres dans une attitude de simplicité, de dévotion et d’humilité, mais surtout de service pour ses contemporains. François communique. Et plutôt bien, lorsqu’il dit qu’il s’adresse surtout aux non croyants et aux incrédules pour leur dire de « prendre le risque » de se tourner vers Dieu.
Il ne faut pas avoir honte de ses actes et de ses propos, et ne pas les regretter. Ne pas faire comme ce chanteur populaire qui sort un revolver lorsqu’on l’appelle par le nom imbécile qui lui a valu sa popularité. « Rassteuguine !!!! »