Proposer un jeu de rôle et d’action, inspiré des mythes africains. Tel est le défi que s’est lancé la petite équipe de Kiro’o Games. Depuis fin 2012, l’équipe travaille activement à la réalisation du projet Aurion, imaginé il y a plus de dix ans. « L’idée originelle de créer un jeu vidéo m’est venue en terminant Final Fantasy VII pour la cinquième fois. J’avais 14 ans. Je me suis mis à imaginer des alternatives gameplay et scénario, notamment pour plus de réactivité », se souvient Olivier Madiba, de Kiro’o Games. « Evidemment en 10 ans nous avons beaucoup approfondi le background du jeu, et nous sommes passés d’un RPG shonên avec un héros noir à une véritable histoire originale et même toute une nouvelle cosmogonie à nous », souligne-t-il.
Comme le montrent les premières images du jeu, le projet se veut ambitieux. Destiné aux plateformes PC et consoles, cet action-RPG en deux dimensions est pensé pour disposer d’une durée de vie de 20 à 30 heures. S’il s’inspire de références du jeu de rôle, essentiellement japonais, Aurion entend aussi apporter une touche originale. « Il y aura toute la panoplie des actions propres aux RPG : notion de guilde, possibilité de parler à des personnages non joueurs, marchander, looter, chasser… Nous nous inspirons aussi des combats tactiques des Tales of Destiny avec beaucoup d’innovation et de dynamisme », poursuit M. Madiba.
Aurion entend enfin revisiter la mécanique des Quick Time Events (QTE), dont abusent parfois les développeurs, qui réduisent l’expérience ludique à un simple jeu de réflexes. « On ne se sent pas lié à la puissance de Kratos dans God of War qui démembre un kraken, ou du moins on ne se sent pas lié à son choix. C’est une des choses que le Cognitive Battle Event va tenter de changer. Le défi du système est de proposer différents « modes de choix » en fonction de votre affinités naturelles », prévient le responsable du projet. Graphiquement, Kiro’o souhaite créer une « african fantasy », au même titre que le manga ou les comics.
Kiro’o Games entend faire ses preuves d’ici quatre mois, en proposant une démo jouable de son titre. Mais la structure camerounaise est déjà en ordre de bataille. « Le projet a eu plusieurs équipes bénévoles et amateurs qui se sont succédés au fur et à mesure. Aujourd’hui nous avons pré-recruté une équipe professionnelle de 18 personnes disponibles sur les 22 que nous jugeons nécessaires pour réaliser notre premier jeu », explique Olivier Madiba. « Nous sommes en pleine recherche d’investisseurs, mais nous avons eu quelques freins parce que le « business venture » est très nouveau pour les investisseurs locaux et francophones en général », explique le responsable de Kiro’o games, qui tente également une levée de fonds sur un site de financement participatif.
Outre les investisseurs, pour mener le projet à terme, c’est également le public que Kiro’o games devra séduire. « A Douala et Yaoundé, les jeunes jouent beaucoup aux jeux vidéo, surtout les jeux de foot et de guerre. Ils ne connaissent pas beaucoup les jeux de rôles, mais c’est aussi parce qu’ils ne s’identifient pas facilement aux personnages. Il n’y a pas de circuit de distribution organisé pour le moment, et la fracture numérique devient de plus en plus lourde pour les gamers du coin, surtout avec les nouvelles consoles qui tendent de plus en plus vers le dématérialisé », déplore M. Madiba.
Laurent Checola
Crédits : Kiro’o Games
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