Déjà menées sous l’administration Obama, ces interventions ont pris une tonalité différente en raison de la politique anti-immigration stricte du républicain.
Des centaines de sans-papiers ont été arrêtés et expulsés au cours de la semaine écoulée, aux Etats-Unis, dans des opérations menées par les agents du service des douanes et de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE). Cette agence fédérale spécialisée dans les reconduites à la frontière a ciblé des foyers d’immigrés clandestins à Los Angeles, New York, Chicago, Austin et d’autres villes du pays.
Ces interventions, les premières menées depuis l’arrivée de Donald Trump dans le bureau Ovale, ont créé la panique dans les communautés d’immigrés. Pourtant, a fait valoir la porte-parole de l’ICE, Jennifer Elzea, auprès de l’Agence France-Presse : « Les objectifs de ces opérations ne diffèrent pas des arrestations ciblées et de routine conduites quotidiennement par les équipes de recherche de fugitifs. »
Ainsi, l’administration Obama a mené au moins six opérations similaires, baptisées « Cross Check ». L’une d’elles, qui a duré cinq jours en mars 2015, avait conduit à l’arrestation de plus de 2 000 clandestins considérés comme des « menaces à l’ordre public ». Désireux d’épargner les familles établies sans autre infraction que celle d’être en situation irrégulière, le démocrate avait mis la priorité sur l’expulsion des sans-papiers ayant été condamnés pour des crimes graves ou des délits répétés.
Toutefois, les interventions menées par la nouvelle équipe à Washington s’inscrivent dans un climat marqué par les déclarations et mesures hostiles aux immigrés en général. Le président Trump a par ailleurs signé, le 25 janvier, un décret donnant la priorité à l’expulsion des sans-papiers ayant un casier judiciaire ou accusés de crime et de délit, sans distinction. Sont également ciblées les personnes entrées illégalement sur le territoire qui sont poursuivies ou soupçonnées, sans avoir été condamnées.
« C’est dangereux et irresponsable »
A Los Angeles, en Californie, le directeur local de ICE, David Marin, a précisé aux journalistes que 160 personnes avaient été arrêtées au cours de la semaine, dont 75 % ont fait l’objet de condamnations lourdes. D’autres qui n’avaient pas de casier judiciaire ont pu être arrêtées lors du même coup de filet, a-t-il ajouté. Dans la soirée du vendredi 10 février, 37 clandestins avaient déjà été expulsés vers le Mexique.
« Les articles faisant état de barrages routiers ou d’opérations au hasard sont faux, c’est dangereux et irresponsable [de propager de telles informations] », a dénoncé M. Marin, cité par le Los Angeles Times. L’agent fédéral a, en outre, insisté sur le fait que ses services menaient régulièrement ce type d’opérations ciblées, dernièrement en juillet 2016 et août 2015.
Les arrestations, qui ont visé des lieux d’habitation et de travail, ont toutefois déclenché la mobilisation des élus démocrates des régions concernées, notamment en Californie et à Los Angeles, où le Pew Research Center estime que vivent un million de sans-papiers. « Le changement de politique du président Trump trahit nos valeurs », a ainsi protesté la sénatrice de cet Etat du sud-ouest du pays, Dianne Feinstein. La population clandestine aux Etats-Unis est estimée à 11 millions de personnes.
Mexico appelle à « prendre des précautions »
A Austin, au Texas, où vivent 100 000 sans-papiers, la vidéo de l’interpellation en pleine rue d’un homme au volant de son véhicule faisait la « une » des médias locaux et a provoqué des manifestations. L’élu démocrate local du Congrès Joaquin Castro a confirmé le lancement d’arrestations coordonnées dans le sud et le centre de l’Etat, dans le cadre d’une intervention « Cross Check ». « J’ai demandé aux autorités de clarifier si ces individus posent effectivement une menace dangereuse et violente pour nos villes et ne sont pas là pour simplement (…) apporter leur contribution à notre Etat », a-t-il déclaré.
A New York, ville où vivent le plus grand nombre de clandestins du pays – 1,15 million selon le Pew Research Center –, quelques centaines de personnes se sont rassemblées pour dénoncer ces opérations près des bureaux des services de l’immigration.
Un cas a particulièrement marqué l’opinion publique : celui de Guadalupe Garcia de Rayos, 35 ans. Cette mère de famille avait été condamnée il y a plusieurs années pour l’usage de faux documents et déclarée expulsable, mais avait bénéficié de l’indulgence des autorités. Elle a été arrêtée lors d’une convocation de routine devant les services d’immigration à Phoenix, en Arizona. Le ministère mexicain des affaires étrangères a, dans la foulée, invité ses ressortissants à « prendre des précautions et à rester en contact avec le consulat le plus proche pour recevoir l’aide nécessaire face à une situation de ce type ».
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