Le parti au pouvoir, par la voix de Farba Senghor, accuse Sidy Lamine Niasse de vouloir ‘renverser le régime et chercher à être un martyr’. Face à cela, le chargé de la propagande du Pds assure que l’Etat fera face.
‘Que Sidy Lamine Niasse et ceux qui le suivront le 19 Mars prochain le comprennent bien, l’autorité de l’Etat s’exercera. Le Sénégal est une République, le chantage n’y passera pas quel que soit son auteur’. Telles sont les menaces proférées par Farba Senghor, au nom du Parti démocratique sénégalais, hier au siège dudit parti. Et dans cette bataille, le parti au pouvoir qui accuse Sidy Lamine Niasse de vouloir ‘renverser le régime et chercher à être un martyr’ ne sera pas seul d’après son coordonnateur. ‘ (…) Le Pds et ses alliés savent faire face et feront effectivement face. A chaque fois que c’est nécessaire, le parti prendra ses responsabilités’, fait-il savoir. Selon Farba Senghor et ses camarades, Sidy Lamine Niasse, en appelant les Sénégalais à une manifestation, ouvre en même temps une brèche ‘aux maîtres chanteurs et autres politiciens dépassés et désorientés par la réussite de Wade’.
Aussi poursuit-il, ‘le président du groupe Wal fadjri incite le peuple sénégalais au soulèvement par le biais de groupes de rappeurs et de groupes religieux ainsi que d’autres organisations civiles et syndicales en vue de les embarquer dans son sillage et de faire peur au régime’. Et tout cela indique le libéral, dans le seul but de ne pas s’acquitter de ses devoirs envers le fisc. Et le défenseur d’Abdoulaye Wade d’enfoncer le clou en accusant le groupe Walfadjri d’être coutumier des faits avec ‘ses démêlés répétitifs’. ‘Tantôt avec le Bureau sénégalais des droits d’auteurs qui lui réclamait des droits qu’il a refusé de payer, la Rts, etc. Et dans tous ces cas, il a déplacé son problème personnel qu’il a transféré au niveau de l’Etat en accusant nommément Wade tout en mobilisant la rue’. La dernière accusation en date selon les libéraux est celle relative à l’attaque du groupe Wal fadjri par les talibés de Sérigne Modou Kara. Et concernant cette attaque, ‘Walfadjri a reçu 400 millions de francs Cfa du Trésor public à titre de réparation des casses subies’, a dit Farba Senghor.
Selon lui, le Sénégal a choisi la démocratie comme seul et unique moyen d’expression. Une option inscrite dans la marche de son histoire et qui est renforcée par Wade qui l’a rendu irréversible. Alors, jure Farba Senghor, ‘personne ne lui fera changer de chemin’.
SIDY LAMINE NIASSE, PDG DE WALF : ‘Si l’Etat dédommage la partie civile et ignore les poursuites pénales, c’est qu’il y a une justice à deux vitesses’
‘Si l’Etat, dans l’affaire de l’attaque des locaux de Walf tout comme dans l’affaire Me Babacar Sèye, dédommage la partie civile et ignore les poursuites pénales, c’est qu’il y a une justice à deux vitesses’, a fait savoir Sidy Lamine Niasse en réponse aux déclarations de Farba Senghor. Selon le président-directeur général de Wal fadjri, c’est bien l’Etat qui n’a pas voulu aller jusqu’au bout en décidant de se limiter à la réparation des dommages et ainsi éviter le côté pénal. Parce que, dit-il, ‘du moment que les agresseurs du groupe Wal fadjri sont identifiés, rien n’empêche de les arrêter. Et c’est en sens que les propos de Farba Senghor sont graves car c’est comme si nous sommes dans un Etat où quand on commet un préjudice, l’Etat dédommage la partie civile et néglige la partie pénale’. Sous ce rapport, Sidy Lamine Niasse rappelle l’affaire Me Babacar Sèye du nom du président du Conseil Constitutionnel qui avait été assassiné. Et c’est pour dire que son groupe a subi le même traitement. ‘C’est la même chose que dans l’affaire Me Sèye. Car, dans cette affaire aussi, le commanditaire est connu mais le côté pénal a été mis aux oubliettes et on a simplement dédommagé sa famille. Ainsi si l’acte civil peut effacer l’acte pénal, c’est très grave et cela veut dire qu’on a une justice qui marche à deux vitesses’, insiste-t-il.
Toujours à propos de l’attaque du groupe par les talibés de Sérigne Modou Kara, Sidy Lamine Niass rappelle avoir dit qu’ ’en cas de flagrance, on ne saisit pas la justice. C’est le procureur qui s’autosaisit et ce dernier a aussitôt déclaré qu’il s’est autosaisi. Donc c’est à lui de faire le travail’. En même temps, le groupe Walf a porté plainte contre l’Etat sénégalais. Et, poursuit le patron de Walf, ‘quand cette plainte est parvenue aux autorités, elles l’ont fait parvenir à l’Agent judiciaire de l’Etat et on s’est retrouvé avec cet agent de l’Etat pour évaluer les dégâts. C’est ensemble, sur la base des documents disponibles, que ces dégâts ont été évalués. C’est ça le côté civil qui n’empêche pas des poursuites au pénal’. Car ajoute Sidy Lamine Niass ‘chaque fois que l’on subit des préjudices, on a toujours le droit de se constituer partie civile et c’est une opération qui est claire. Nous avons par-devers nous les correspondances et la somme qui a été versée ainsi que la façon dont cette somme a été dépensée. Nous avons une comptabilité qui est transparente. Mais est-ce qu’on rend à chaque fois tout cela public ? Non, car cela ne rentre pas dans les coutumes’. Toutefois, M. Niass explique qu’autant son groupe a encaissé, autant il a décaissé de l’argent.
Quant à Farba Senghor, il devrait, selon le président du groupe Walf, être derrière les barreaux. Mais, dit-il, ‘bien qu’étant hors des geôles, il n’a pas la conscience tranquille. C’est à Walf qu’il est venu quand il avait perdu son poste pour dire qu’il est poursuivi partout comme un malpropre et qu’il ne méritait pas cela. Et on lui a ouvert nos antennes, ainsi que nous le dicte notre déontologie professionnelle, au moment où les autres médias l’avaient mis sous embargo’. Aux accusations selon lesquelles il appelle à un sit in pour faire partir Wade, Sidy Lamine Niass répond : ‘C’est la même chose que disait le camp perdant en 2000 : que c’est Walf qui a amené Wade au pouvoir à cause de ses informations à chaud sur l’état de la nation. A l’époque, le patron du Hca avait menacé de fermer Walf s’il proclame les résultats avant la Cour d’appel, seule habilitée à les prononcer. Cela ne nous avait pas empêché de faire notre travail. Notre combat, c’est un combat contre l’impunité’.
Yakhya MASSALY
walf.sn