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Babacar Gaye, porte-parole du pds : «Après Me Abdoulaye Wade, le Pds doit réinventer une autre forme d’idéologie»

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Plus de huit mois après la perte du pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (Pds) se porte bien. C’est son porte-parole qui en donne l’assurance. Connu pour son franc-parler, le président du Conseil régional de Kaffrine revient longuement dans cet entretien sur l’avenir de son parti, le Pds, mais aussi sur le gouvernement II d’Abdoul Mbaye.
Comment se porte le Pds, huit mois après votre perte du pouvoir ?
Le Pds se porte à merveille comme tu me vois. Fringant, serein et prêt pour la reconquête du pouvoir, dans une dynamique d’unité et du rassemblement. Mais aussi en assumant sa position d’un parti d’opposition qui a géré le pays pendant 12 ans et qui a un bilan très positif.
Vous êtes bien dans vos habits d’opposant ?
Evidemment ! Et vous le sentez très bien. Ce n’est pas pour rien que les tenants du pouvoir, à chaque fois que le pays bouge, par le fait des populations, notre parti semble être indexé. Cela signifie qu’ils nous prêtent une oreille attentive. Le Pds ne peut que s’en féliciter. Et nous allons renforcer cette option d’être une opposition vigilante dans le cadre des lois et règlements du pays. Nous allons pointer du doigt toutes les difficultés qui assaillent les populations et dénoncer de la manière la plus nette et précise les dérives du Gouvernement. Le cas échéant soutenir les bonnes actions et les bonnes orientations politiques que prendrait le président de la République.
Des courants politiques sont en train d’être créés au sein du Pds, mais certains de vos camarades ne partagent pas cette idée…
Parce qu’ils (les courants politiques) ne sont pas bien compris. J’estime que ceux qui, aujourd’hui, ruent sur les brancards, ne mesurent pas l’importance des enjeux. Le Pds est un parti en reconstruction. On est tenté de penser que les courants de pensée sont des occasions de dislocation ou des catalyseurs de séparation de nos forces. Je ne suis pas convaincu de cette approche. Car c’est par l’émergence des idées que le progrès est possible. On ne gouverne pas le monde sans les idées. L’idéologie doit précéder l’action. Il me semble qu’après Me Abdoulaye Wade, le Pds doit réinventer une autre forme d’idéologie. Notre parti doit reconsidérer sa façon de voir le monde et dégager des stratégies et des actions politiques. Et pour cela, nous avons besoin de conceptualiser. Je pense fondamentalement qu’un courant d’idées, non des tendances autour d’une personne, mais l’organisation autour d’un programme pour une échéance assez longue, en vue d’élaborer une motion en perspective du congrès, me semble être quelque chose d’important pour une reconstruction solide et efficace. Sinon, nous risquons de faire du replâtrage et le Pds ne s’en relèverait pas. C’est pourquoi je fais partie de ceux qui encouragent l’émergence de courants de pensée. Je ne suis pas favorable à la restriction des libertés. Et je pense que notre Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, ne serait pas contre la promotion de ces espaces de liberté et de pensée pour que la compétition soit saine et que les meilleurs de nous mêmes puissent être au-devant et constituer l’épine dorsale qui devrait gérer l’héritage de Me Abdoulaye Wade. Je ne suis pas pour des courants de penser pour préparer une candidature à la succession de Wade. Mais plutôt pour l’émergence de centre de réflexion de cadre de concertation, de discussion et d’échange. Un courant qui transcende les clivages crypto-personnels et qui essaime partout dans le pays. Compris comme cela, le courant de pensée, comme dans les grands partis politiques en reconstruction, est une aubaine pour le Pds.
N’avez-vous pas peur qu’il y ait une crise de leadership après Me Abdoulaye Wade ?
Absolument ! Tant que l’on ne discute pas et que l’on ne permette pas aux gens de s’exprimer, en dehors d’un carcan que l’on veut leur imposer, il est évident que le parti risque de se disloquer. C’est ma conviction profonde. C’est pourquoi, d’ailleurs, il urge de travailler à rassembler le maximum de hauts responsables pour que nous puissions nous parler un langage de vérité et que nous puissions aller ensemble, même si chacun peut garder ses ambitions, dans un style démocratique, pour que le meilleur d’entre nous, le plus représentatif, le plus compétent, le plus charismatique, puisse porter notre projet de reconquête du pouvoir.
Vous êtes optimiste quant à «l’homme idéal» après Wade ?
Oui ! J’estime avoir été formé à de bonnes écoles. Je pense avoir des idées que je peux partager avec un très grand nombre de responsables. De toutes les façons, je travaillerai à rassembler le maximum de personnes. C’est-à-dire, assumer un destin qui m’est propre. Pour cela, je ne ménagerai aucun effort pour que mes amis d’ici et d’ailleurs puissent se retrouver au tour d’un cadre que nous allons proposer à notre parti. A charge pour lui de nous trouver un moyen de nous exprimer. Le moment venu, certainement, nous allons présenter une motion en perspective de la gestion du pays et de l’héritage de Wade. Nous ne sommes pas fondamentalement motivés par le remplacement de Me Abdoulaye Wade en tant que Secrétaire général national. Mais nous souhaitons que les idées que nous allons défendre puissent avoir le plus grand nombre d’adhérents afin d’impacter la marche du parti pour l’avenir.
Vous parlez de rassemblement. Est-ce que ceux qui étaient partis, comme Idrissa Seck, sont concernés ?
Je pense à tout le monde. Pour moi, la reconstruction de la grande famille libérale est l’impératif numéro 1. Pour que cela puisse réussir, il faudrait que l’on permette à ceux-là qui étaient partis, et qui ne pensaient pas comme nous, d’avoir une possibilité de s’exprimer et de proposer une motion au congrès de la grande famille libérale. Et pour ça, il n’y a pas de limites. Si nous voulons représenter une alternative crédible, nous avons besoin de faire revenir tout le monde et de travailler à la gestion de l’héritage de Wade. Parce que personne n’a le monopole de cet héritage. Il sera partagé ou ne le sera pas.
Quelle est votre lecture sur le réaménagement gouvernemental ?
C’est un réaménagement comme tous les autres. A la seule différence qu’il est intervenu très tôt. Il a pu prouver que Macky Sall ne pouvait pas tenir sa parole sur la taille du Gouvernement. Et il nous a donné l’occasion de constater que le président a pu sanctionner certains et épargner d’autres de la rigueur de sa gouvernance. Il y a des ministres qui sont partis pour avoir été incompétents, d’autres sont partis parce qu’ils n’étaient plus en phase avec le Président sur certaines questions. Mais il y a des ministres qui sont restés, dont l’opinion doute de la compétence. Enfin, je salue le départ de l’Allemand Abou Lô. J’attends à ce que tous les autres qui sont soupçonnés appartenir à d’autres patries puissent quitter notre Gouvernement.
Pourquoi vous insistez sur la nationalité d’Abou Lô ?
Abou Lô n’a jamais dit qu’il n’est pas Allemand. Il veut être Sénégalais. Il sait quand on est Allemand on ne peut plus être Sénégalais. Selon l’article 18 de notre code de nationalité, dès que vous avez acquis une autre nationalité en étant majeur conscient, vous perdez la nationalité sénégalaise. Et Abou Lô a été Allemand après avoir été Sénégalais au-delà de dix huit ans.
Un Gouvernement de 30 ministres alors que le Président avait promis de ne pas dépasser 25. Qu’en pensez-vous ?
C’est du «mako waxone waxatumako» (c’est moi qui l’avait dit ; je me dédis). Macky se rend compte qu’il est différent de s’opposer que de gérer un pays. Il avait promis aux Sénégalais qu’il allait gouverner avec une équipe restreinte de 25 ministres, au finish on se retrouve avec 30 ministres. Cela veut dire que la dure réalité des choses s’est imposée à la rigueur politicienne du président Macky Sall.

1 COMMENTAIRE

  1. Il n’ y a pas lieu d’inventer une idélogie étant donné que même le Président Wade s’est défini Libéral ! bonsieur Babacar Gaye voulait peut-être dire programme politique et projet de Société à proposer aux Sénégalais . Le p.D.S a la chance d’avoir un ancien Segrétaire Général National qui a des idées plein la tête, qui mijotait, actualisait son progrzamme depuis plus de quarante ans parce qu’il aime son peuple! Je crains malheureusement qu’un autre Sénégalais qui aime autant son peuple naisse quelque part avant vingt cinq ans, compte tenu de l’esprit d’acaparement des richesses qui anime nos dirigeants de moins de 70 ans, qui ne pensent qu’à sortir de la pauvreté toute leur famille par le biais du pouvoir.

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