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Babacar Gaye, porte-parole du Pds, solde ses comptes : «Le management de la campagne n’a pas été à la hauteur de nos attentes» – «Certains proches de Wade ne lui servent à rien»

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Le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds) ne s’avoue pas vaincu dès le premier tour du scrutin présidentiel. Babacar Gaye attribue néanmoins le faible score de son candidat, qui est du reste très loin des attentes de son camp, à un problème de gestion de la campagne électorale. Il fait allusion au directoire de campagne dirigé par son frère Souleymane Ndéné Ndiaye. Dans cet entretien, le responsable libéral de Kaffrine, son fief, où les Fal2012 sont sorties vainqueurs, reste tout de même confiant quant à une victoire de son mentor, Abdoulaye Wade, au second tour face à Macky Sall. Qui, estime Babacar Gaye, tient des «promesses démagogiques», rien que pour s’attirer l’électorat.

Quelle lecture faites-vous des résultats provisoires du premier tour publiés par la Commission nationale de recensement des votes avec 34,82% pour votre candidat ?
Nous nous en félicitons. Ces résultats ne font que confirmer la suprématie de notre candidat sur les autres. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) et la majorité des Sénégalais soutiennent le Prési­dent Abdoulaye Wade. Mais il aurait pu mieux faire car j’estime qu’il mérite plus que ce résultat. Je pense aussi que nous n’avons pas pu mobiliser son électorat naturel au-delà du Pds et des partis qui le soutiennent. Si c’était le cas, il aurait pu atteindre notre objectif électoral et passer au premier tour. Donc, j’en profite pour remercier tous les Sénégalais qui ont voté pour le candidat des Fal2012. Cependant, il faut admettre que beaucoup de citoyens étaient restés chez eux à cause de cet environnement de violence. Pour le deuxième tour, il faudra mobiliser tous ces citoyens autour de notre candidat pour gagner. Je suis satisfait pour la bonne et simple raison que le 26 février passé, c’était tout le monde contre Ab­doulaye Wade. Sortir premier face à 13 candidats est un résultat important qu’il faut consolider au deuxième tour.  Evidemment, chaque résultat renferme en lui-même des paramètres à apprécier. A analyser profondément les choses, on se rend compte que le Pds n’a pas fait une précampagne. Ce qui me paraissait fondamental dans un pays comme le nôtre. Les populations ont besoin d’avoir le candidat ou ses représentants à leurs côtés en ces moments-là. En plus, même si notre candidat a pu faire une excellente campagne, j’estime que le management de celle-ci n’a pas été à la hauteur de nos attentes. On n’a pas senti une cohérence dans l’organisation de la campagne de Me Ab­doulaye Wade. Les responsables du parti se sont organisés sans tenir compte d’une stratégie globale. Ils manquaient de moyens adéquats au moment opportun. J’es­time que Me Wade n’a pas pu recueillir le vote de tous ses militants et sympathisants et des citoyens qui, pourtant, sont satisfaits de son bilan et qui continuent de croire à son option de faire du Sénégal un pays émergent. Par conséquent, il faudra en tirer des leçons très objectives et de manière responsable. A partir de ce moment, nous pourrons mobiliser nos moyens et nos intelligences pour gagner au deuxième tour. Et c’est possible parce que notre candidat est le meilleur. D’autant qu’il a en face de lui un homme (Ndlr : Macky Sall) qu’il a façonné. Même si ce dernier commence à susciter de l’espoir, il n’en demeure pas moins qu’il reste un sous produit de Me Wade.

 Quand vous parlez de problème de management de sa campagne, vous faites allusion à la double tête : Dé­lé­gation générale des Fal2012 et Directoire de campagne.
J’avoue que nous avons tardé à mettre en place une équipe de direction. La Délégation générale des Fal2012  n’avait pas vocation à manager la campagne de Me Wade. Elle avait pour mission d’organiser les alliés du candidat Abdoulaye Wade en y intégrant les mouvements sociaux, citoyens et de soutien. Il ne s’agissait pas d’organiser la campagne à la place du directoire de campagne.

Il y a eu confusion des rôles alors…
Il faut appréhender cette confusion inutilement entretenue en termes d’existence de la Délégation des Fal2012  au moment où on n’avait pas encore mis en place le directoire de campagne. On a pu penser que la Délégation générale jouait le rôle de directoire de campagne. C’est de là que s’est installée la dualité dont vous parlez. Il n’en était rien du tout. Malheureu­se­ment, nous avons mis du temps à installer un directoire de campagne. Une campagne aussi importante que celle-là méritait qu’on mette en place au niveau national une organisation pour mettre en musique les actions de campagne localisées.

En parlant de musique, y a-t-il eu fausse note dans la campagne du candidat Wade à cause des tiraillements en­tre ces deux structures ?
Je ne peux pas tirer des conclusions hâtives sur le  «mis management» de notre campagne. Mais il est évident que nous avons tardé à l’organiser.

Vous l’attribuez à qui ce «mis management»?
Nous sommes tous responsables. Toutefois, je ne vais pas hiérarchiser les niveaux de responsabilité. Je ne jetterai l’anathème sur personne. Je veux tout simplement dire que l’épine dorsale de la Coalition des Fal2012 n’a pas pu s’organiser correctement pour qu’on ait une campagne digne de notre candidat. Au demeurant, Me Wade a réussi sa campagne en visitant l’essentiel des localités du pays. Il a également su tenir le bon discours de campagne en ayant les attitudes d’un homme d’Etat. Il a rappelé aux Sénégalais qu’il restait beaucoup de choses à faire pour notre émergence. Mais il a manqué de relais pour rappeler aux responsables sur le terrain le discours et la méthodologie à adopter ; mais surtout apporter les moyens matériels et éventuellement financiers que nécessite une campagne électorale.

Voulez-vous dire que vous n’aviez pas assez de ressources financières pour faire une bonne campagne ?
Vraiment, je ne sais pas. Je n’ai aucun élément d’appréciation pour quantifier les ressources financières nécessaires pour faire une bonne campagne. Par contre, nous avons remarqué du retard dans la mise en place des fonds dans certaines localités. Ce qui a beaucoup perturbé les activités de certains de nos responsables. C’est en cela que ces responsables sont très méritants. Dans la mesure où ils ont eu des résultats très satisfaisants au moment où on pronostiquait des défaites dans leurs localités.

Des responsables comme vous, qui avez gagné à Kaf­frine, votre fief ?
Je suis un militant engagé. Je n’attends pas que le parti vienne à ma rescousse pour travailler. Ce n’est ni en un jour, ni en un mois qu’on peut fidéliser un électorat. Rappelez-vous, j’ai choisi librement de quitter mes fonctions de ministre d’Etat auprès du président de la République chargé des affaires politiques, pour le Conseil régional de Kaffrine. J’avais estimé que l’élection Présidentielle de 2012 allait avoir des enjeux énormes. Et le combat devait être mené au niveau local. Ainsi, en tant que président du Conseil régional, je me suis plus consacré aux préoccupations des populations de Kaffrine, loin des lambris du palais de la République.

 Ce que les autres n’ont pas fait ?
Il y a des responsables qui l’ont fait. Mais il y’en a d’autres qui estiment que leur représentativité locale se mesure à l’aune de leur proximité avec le président de la République. Ils ne servent à rien au Président, sinon lui fabriquer des adversaires et produire de l’antipathie.

Est-ce une autre explication à ce résultat ?
Absolument, ces comportements contre-productifs ne peuvent que gêner et susciter des frustrations. Aujourd’hui, l’essentiel est de remobiliser le parti et surtout de collecter ce gap de suffrages favorables au candidat Abdoulaye Wade ; ce qui nous permettra de gagner au deuxième tour. Ceux-ci n’ont pas été pris en compte au premier tour. Tous les Sénégalais continuent à espérer de Me Abdoulaye Wade un avenir prometteur. Ce sont aussi tous ces Sénégalais qui ont eu peur du comportement du M23. Ils n’ont pas pu aller voter à cause de cette psychose de la violence.

Selon vous, les actions du M23 ont eu un effet négatif sur la mobilisation de l’électorat du Pds ?
Non seulement elles ont un effet négatif sur l’électorat du Pds, mais elles ont agi sur le comportement du citoyen sénégalais. Les urnes ont démontré que la majorité est de notre camp. Mais nous aurions pu mieux faire sans les actions du M23.

 Vous dites «majorité», mais ce ne sont pas les 53% sur lesquels vous aviez tablé au premier tour.
Si les 40% qui se sont abstenus avaient voté, nous aurions pu obtenir, toute proportion gardée, la majorité au regard des résultats que nous avons eus.
Où sont passés vos 3 mil­lions de militants que vous disiez avoir mobilisé à la Vdn le 23 juillet 2011 ?
Je ne suis pas un adepte des chiffres farfelus pour ne pas dire un extrémiste. Je suis très réaliste en politique pour ne pas avancer des chiffres aussi bizarres lors de nos dernières manifestations.  Je ne suis pas le mieux placé pour parler de chiffres. C’est le rôle de propagandistes. Je suis un adepte des statistiques qui reposent sur des pa­ramètres. Si c’était à Kaffrine, j’au­rais pu vous dire approximativement à quoi on pouvait s’atten­dre.

Même là-bas ce n’était pas donné au regard de la popularité de Mata Sy Diallo de l’Afp ou de Abdoulaye Wilane par exemple.
C’est vous qui avez entretenu le mythe Mata Sy Diallo. Elle a été démythifiée depuis longtemps. En 2001, j’étais élu député parce que je l’avais battue dans le département de Kaffrine. Depuis lors, elle n’a plus de victoire sur le Pds. Lors des élections locales de 2009, ce sont des militants libéraux qui avaient voté contre leur parti. La preuve est que le maire (Ndlr : Abdoulaye Wilane) reste minoritaire au Conseil municipal. Sur un effectif de cinquante, il n’était soutenu que par une quinzaine de conseillers de Bennoo Siggil Senegaal alors que les Libéraux font actuellement quinze. C’est moi qui ai fait de Wilane le maire de Kaffrine. Ce que je ne regrette pas. J’avais préféré le mettre en selle, convaincu que les Kaffrinois se rendraient compte de leur erreur d’avoir voté pour la Coalition Bennoo Siggil Senegaal.

 En le faisant, n’aviez-vous pas sanctionné le Pds.
Pas du tout ! Nous étions candidat au premier tour du scrutin local.

Mais en 2007, le taux de participation était estimé à 68%
Oui, mais il y a au moins une baisse de 10%.

Vous ne pouvez pas résorber tous les 40% ?
Il ne faut pas dire des choses que je n’ai pas dites. Je dis qu’il serait possible de résorber dix points par rapport à 2007 ou par rapport à 2009. Et c’est déjà bien. Qui plus est, l’essentiel de ceux qui ont pris part à l’élection présidentielle sera favorable au Président Abdoulaye Wade dans l’hypothèse d’un choix entre Abdoulaye Wade et Macky Sall.

Est-ce que vous ne regrettez pas le départ de Macky ?
Nous ne regrettons aucun dé­part.

Vous aviez déclaré pourtant regretter le départ de  Aminata Tall…
Oui. Vous savez pourquoi ? On était en phase préparatoire de l’élection présidentielle. Je dis et je réaffirme aujourd’hui que tout départ est une perte pour nous. Vous comprenez. Ce n’est pas parce que Macky Sall a fait aujourd’hui un bon résultat que je vais maugréer sur son départ qui n’a pas revêtu les mêmes formes que celui que vous évoquez (Ndlr : le départ de Aminata Tall). Si Macky était resté, certainement les citoyens sénégalais se seraient comportés peut-être autrement. Ce n’est pas mathématique, la politique. Il a réussi ce qu’il réussit, n’empêche que j’aurais aimé avoir l’intégralité des forces qui ont accompagné le président de la République autour de sa candidature. Ce n’est pas le cas ; on n’en pleure pas outre mesure. Nous ferons avec ceux qui restent fidèles, ceux qui ont décidé de poursuivre le chemin avec le président de la République et j’en fais partie. J’accompagnerai Me Abdoulaye Wade jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite politique. Après j’aviserai. De ce point de vue, mon rôle aujourd’hui, comme tant d’autres responsables politiques et militants du parti, c’est de travailler à le faire réélire le 18 mars (Ndlr : 25 mars finalement selon le Conseil constitutionnel). J’y travaille. Et avec tous les moyens dont je dispose, je ferai de telle sorte que Me Wade gagne au deuxième tour. Il ne s’agit pas de faire gagner à Kaffrine seulement. J’ai mes réseaux ; Dieu le sait. Je suis en train d’organiser mes amis dans le pays autour de la candidature de Me Abdoulaye Wade au deuxième tour. Et cela enjambe le Pds, les partis politiques traditionnels et des forces que vous ne soupçonnez même pas. Je suis en train de prendre mes contacts justement avec des éléments de l’opposition qui, aujourd’hui, me confirment leur choix d’être avec moi pour accompagner Abdoulaye Wade.

Qui sont-ils ?
Je ne les citerai pas.

Ce sont de grands partis ?
C’est dans les grands partis. C’est chez Moustapha Niasse d’abord. Ensuite, chez Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck et les autres. Dans le Sine Saloum, dans le Kaffrine, des figures politiques comme Mata Sy Diallo ou Ab­dou­laye Willane qui ont soutenu des candidats, sont entourées de responsables politiques qui sont des parents à moi avec qui je partage un terroir, le destin d’une mê­me région. Vous pensez qu’il n’est pas facile de leur faire comprendre qu’ils n’ont plus de candidat alors que le mien reste encore en lice; et par conséquent, ils devraient me soutenir ? Que si !

Facile aussi pour l’autre candidat ?
Non, ce n’est pas évident. Parce que mon statut de leader politique local prime sur le reste. Je vais juste parler un langage qu’ils comprennent. En l’état actuel des choses, je suis l’icône politique la plus représentative de la région de Kaffrine. Quoi qu’on dise, toute chose égale par ailleurs, du point de vue strictement sociologique, je symbolise l’espoir, aidé en cela par les responsables qui constituent l’équipe que nous avions formée avant d’aller à cette élection. C’est ensemble que nous avons gagné. Je souhaiterais que ce leadership partagé puisse se poursuivre avec l’apport de nos autres frères qui sont dans l’opposition. Et c’est possible. Ce ne sont pas un rêve. C’est une réalité sociologique du Ndoucoumane.

Mais juste au niveau de Kaffrine ?
Je vous dis que je ne connais pas les réalités politiques au niveau du Fouta ni au niveau de la Casa­man­ce. Mais ceux de la Casamance qui avaient voté pour Moustapha Niasse en soutenant Robert Sagna ou pour Ousmane Tanor seraient tentés de dire pourquoi ne pas fa­voriser l’émergence de Abdou­laye Baldé pour en faire le leader naturel de la Casa­mance d’antan. Ce sont des hypothèses qu’il ne faut pas sous-estimer. C’est pourquoi cette élection sera une élection très intéressante pour nous ; une expérience exceptionnelle. Il est évident que tous ceux qui sont friands des sciences politiques  pourront suivre avec intérêt cette expérience inédite.

 Que pensez-vous de la proposition de Macky Sall de ramener le mandat présidentiel à 5 ans ?
D’abord, c’est une proposition démagogique. Pourquoi Macky Sall n’a pas fait cette proposition avant le deuxième tour ? Macky Sall est en train de faire comprendre à certaines personnes qui seraient tentées par l’option de faire de Wade le Président de transition qu’il est prêt lui aussi à raccourcir son mandat. C’est démagogique ! D’abord, il n’y croit pas. Ensuite, il n’en a pas les moyens politiques. Cela signifie que, après l’élection présidentielle, il va organiser un Référendum. Une charge supplémentaire quoi!
Pas forcément un Réfé­ren­dum. Il peut passer par voie parlementaire…

Pas du tout ! Vous savez très bien que les élections législatives sont prévues au mois de juin, deux mois après l’élection présidentielle. Pensez-vous qu’il est possible, pour le futur Président, si ce n’est pas Abdoulaye Wade, d’avoir une majorité à l’As­sem­blée nationale ?

Pas forcément une question de majorité…
C’est une question de majorité. Parce que c’est une question politique. Vous ne pouvez pas sortir l’Assemblée nationale de la politique nationale. C’est politiquement impossible de réformer la Cons­­titution par l’Assemblée na­tionale si Macky Sall est élu. Parce qu’il sait très bien que l’Assemblée nationale de 2012 sera libérale. Nous sommes majoritaires dans le pays. Or, il ne peut pas changer les règles du jeu d’ici juin 2012. Et il est évident que nous sommes plus forts que lui dans tous les départements qui pourvoient l’essentiel des députés. Cela veut dire que même si les Séné­galais élisent Macky Sall président de la Ré­pu­blique par défaut, il ne gouvernera pas ce pays. Il n’en aura pas les moyens politiques. Cette As­sem­blée élue ne pourrait être dissoute que deux ans après. Ce sont des phénomènes institutionnels qu’il ne maîtrise certainement pas. Mais s’il le sait, c’est de la démagogie de dire «je vais ramener mon mandat à cinq ans». Et s’il le fait par référendum, ce sera une élection pas gagnée d’avance surtout que son option d’un régime présidentiel fort est en contradiction avec les conclusions des Assises Nationales. Mainte­nant, si ses probables soutiens l’acceptent comme tel, tant pis pour ceux qui seront bernés par cette annonce démagogique. Il l’a fait au moment où tout le monde doutait de sa capacité à engranger des soutiens venant des autres candidats. Surtout des jeunes candidats et de hauts responsables membres des partis de Moustapha Niasse, Ous­mane Tanor Dieng contraints à la retraite politique. Mais derrière eux, il y a quand même des éléments importants qui ont une carrière politique à gérer. Macky Sall a fait cette annonce juste pour les amadouer, pour s’assurer de leur soutien. Pour leur dire ‘’dans cinq ans, je serai obligé de rebattre les cartes’’. Je n’y crois pas.

Allez-vous, en tant que majorité, rejeter, si une fois élu, Macky  Sall consulte l’Assem­blée pour une réduction de cinq ans du mandat présidentiel ?
Je ne suis pas quelqu’un qui fait dans la spéculation. Si on était pour un mandat de cinq ans on n’allait pas modifier la Constitu­tion pour un mandat de sept ans. Donc, ce serait incohérent de notre part de soutenir une réforme qui ramènerait le mandat à cinq ans. Il le sait. Le chef de l’Etat avait dit «au Sénégal, un Président élu n’a pas le temps de travailler avec un mandat de cinq ans». Aujourd’hui, le Sénégal court un danger… Est-ce que vous imaginez un peu l’équipe qui va gouverner le Sénégal en 2012 ? Les Mahmouth Saleh ? Vous êtes des observateurs du jeu politique. Ce pays doit être gouverné et au lendemain du 18 mars (Ndlr : du 25 mars), il faut un Président et une équipe  de qualité ; n’est-ce pas ? Nous verrons ce qui va advenir de notre gouvernance si c’est le candidat Macky Sall qui est élu. Sur cette question, Abdoulaye Wade est le meilleur candidat de la transition.

Une transition de combien de temps ?
Je ne sais pas. Lui-même a fixé des repères. L’essentiel, c’est de s’asseoir sur une même table après sa réélection et réfléchir sur toutes les réformes objectives, non démagogiques, mais utiles pour notre pays.

Donc, pour Wade aussi ses réformes étaient démagogiques parce qu’il avait promis cinq ans, avant de revenir à sept ans ?
Pas du tout. Les sept ans, ce n’était pas fait pour Wade. J’estime que, dans l’hypothèse où les Sénégalais éliraient Macky Sall président de la République, nous allons effectivement aller dans une phase de gouvernance de sept ans. Macky Sall propose, lui, de modifier la Constitution pour ramener le mandat à cinq ans avec effet rétroactif. Depuis quand M. Macky Sall admet-il que la loi peut rétroagir quand le législateur en décide ? Décidément, les hommes politiques nous prennent pour des amnésiques. Il utilisera cette même voie pour faire passer une réforme. Me Abdoulaye Wade a proposé un mandat de cinq ans ; il l’a fait. Il faut retenir que les dernières années d’un mandat sont consacrées à une période de précampagne ou de campagne électorale. C’est ça qui a motivé l’option du Président Wade pour un mandat de sept ans. Il y a des gens qui sont pour, il y en a qui sont contre. On verra ce qui est beaucoup plus judicieux. Dans le cas où les pouvoirs sont entre les mains du Premier ministre, je pense qu’il faut faire la jonction entre le mandat du Président et celui des députés pour éviter de rendre difficile la cohabitation. Et Macky Sall n’est pas prêt pour faire des modifications. Il s’est engagé à respecter les conclusions des Assises nationales et s’arc-boute à un régime présidentiel tempéré. C’est un paradoxe et une contradiction flagrante. Donc, nous allons tomber dans le même travers. C’est-à-dire une Assemblée nationale telle qu’elle a été organisée avec un président de la République comme l’a été Abdoulaye Wade. Franchement, le citoyen que je suis a une préférence pour un régime parlementaire de type Constitution française de 1958. C’est-à-dire une gouvernance où le Premier ministre est entièrement et totalement responsable devant le parlement.

Est-ce une proposition que vous allez mettre sur la table ?
Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai parlé en tant que citoyen. J’estime que des hommes politiques de la dimension de Me Abdoulaye Wade sont en train de partir les uns après les autres. Je l’ai déjà dit ; les gens m’ont reproché de déifier Wade. Après Abdoulaye Wade, point de salut ! Parce que c’est un homme de dimension exceptionnelle. Nous ne pouvons plus avoir des Prési­dents de la stature de Abdoulaye Wade, de Senghor ou de Diouf. Les Présidents que nous aurons seront des Prési­dents de consensus. Or quand on a un Président de con­sensus, c’est juste un chef d’équipe. On a besoin d’avoir une Assemblée nationale très forte pour que les institutions soient solides. Je pense que c’est en cela que c’est intéressant de réfléchir autour de la problématique de la forme d’Etat qui ferait de l’As­sem­blée nationale le point central du pouvoir. Je suis favorable à ça. Et j’estime que les membres de ma génération, ceux qui pourront, demain, prendre en charge l’héritage du Président, devront s’inscrire dans cette dynamique pour que les hommes politiques réellement représentifs dans leurs bases détiennent le pouvoir au niveau central. Dans l’hypothèse d’un Macky Président, il y a de fortes chances qu’on aie un potentat au sommet de l’Etat, qui va nommer ses amis, ceux qui l’ont accompagné pour gagner. Or en France, si on est dans le dispositif politique c’est parce qu’on représente quelque chose sur le terrain.

Vous avez dit que c’est votre préférence d’avoir une As­sem­blée forte. Allez-vous conseillez cela au Président ?
Peut-être, mais pas pour ce deuxième tour.

 

lequotidien.sn

6 Commentaires

  1. Occupé à se servir; à s’en mettre pleins les poches, l’entouragge de Wade, prenant exemple sur le Maître, ne pouvait servir à rien…ni servir le pays.

    .

  2. Grand babacar rejoint macki dès maintenant. tu l as toujours aidé a regler certaines situations a factik. WADE est fini fini ; si c était pas Karim il n allait pas se présenter. wade n a plus d avenir politique. Macky est un homme sérieux

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