Babacar Touré : les grands hommes ne meurent pas (Par Alassane Kitane)

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Les wolofs disent fort justement « ku diur dééwulo » (en donnant naissance à des enfants les parents assurent d’une certaine façon leur perpétuité, leur victoire sur la mort). Mais la plus belle victoire sur la mort, c’est la transcendance de nos œuvres. Les bonnes œuvres, les conquêtes de l’esprit en premier, constituent la seule certitude d’une descendance durable et profitable à l’humanité. Babacar Touré : tout le monde retient de lui le pionnier, pilier et modèle de la presse libre dans notre pays.

Mais il y a mieux : Babacar aimait les Sénégalais qui se battent pour leur pays et pour leurs idées. C’est ce qu’on appelle générosité, car comme disait ma grand-mère en sérère les présents matériels ne sont pas avantageux : les vrais cadeaux sont d’ordre moral. Babacar Touré aimait les plumes engagées, il savait les dénicher ; il savait vous prodiguer des conseils et apprécier vos textes pour vous pousser courtoisement à vous parfaire. O mon Dieu quelle grosse perte pour nous !

Quand il m’a envoyé son dernier article  « De la culture au culte de la violence » que j’ai beaucoup apprécié, mon dernier commentaire était « vivement la suite », il n’a pas répondu… La vie est injuste dit-on ! Je ne sais pas si c’est juste de dire que la vie est injuste, mais je peux affirmer que sa cruauté incontestable peut briser des élans. Mais il faut qu’on se batte puisque nous sommes des hommes. La vertu, c’est-à-dire l’excellence, d’un homme réside dans sa contribution au progrès de l’humain, à celui de son peuple. Il n’y a pas d’humanisme en dehors ou au-delà de ce souci de l’humain constamment exprimé dans ses rapports au monde. Merci Babacar d’avoir fait preuve d’un tel humanisme !

Babacar aimait son pays, il encourageait ceux qu’il croyait se battre pour le progrès de leur patrie. Pour parodier Hegel, je dirais que la valeur d’un homme se mesure par sa volonté : l’homme vaut ce qu’il veut. Ce qu’il veut, c’est son œuvre, celle pour laquelle il a consacré sa vie : il n’y a pas meilleur témoignage sur terre que nos œuvres. Merci Babacar ! Le pays vous doit beaucoup parce que vous l’avez servi avec foi et intelligence.

Il y a des gens dont l’œuvre dans l’ombre est plus lumineuse que les « soleils » diurnes de la charité. Babacar aimait ceux qui aiment les idées : il n’y a rien de plus réconfortant pour une modeste personne comme nous que de recevoir des encouragements et des conseils d’un homme que l’on considère comme un héros. Merci Babacar. J’aurais tellement voulu vous dire tout ceci de vive voix, mais le sort en a décidé autrement. Merci Babacar !

Babacar Touré es allé pour un repos éternel à Touba : c’est une lumière humaine qui va vers une lumière divine. Que la miséricorde divine soit le manteau qui le couvre le jour de la résurrection.

Toutes nos condoléances à sa famille et au groupe Sud Communication.

Alassane K KITANE

5 Commentaires

  1. Bonjour
    Sauf erreur, je crois que l article De la culture au culte de la violence a ete ecrit par un autre Babacar Touré qui est tout aussi brillant.

    Merci de me faire savoir si je me trompe

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