La LISTAB crie au scandale
Le Sénégal est le seul pays au monde où le prix du tabac a été unilatéralement baissé par une société sans que les autorités ne prennent pas de décision. Pour s’indigner contre ce silence suspect, la ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB) a animé un point de presse hier lundi 28 novembre 2011 à Dakar pour crier au scandale et dérouler le contenu d’un plan d’action.
La guerre du tabac est bien lancée au Sénégal. Après la baisse du prix du tabac par une firme mondialement connue, la ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB) a convoqué un point de presse hier lundi 28 novembre 2011 à Dakar pour dénoncer cette mesure et manifester son indignation. « Nous sommes ici parce qu’un évènement grave s’est produit au Sénégal. Il y a une société, en l’occurrence Philip Morris qui a diminué de façon unilatérale le prix du tabac sans en informer qui que ce soit. C’est un manque de respect », s’est indigné Dr Abdoul Aziz Kassé de la LISTAB.
Dans sa présentation intitulée « Non à la baisse du prix du tabac au Sénégal », l’ancien Médecin-militaire a révélé que le tabac fait 14 000 morts chaque jour, soit 9 morts à la minute et tue plus que les génocides de l’histoire (Seconde Guerre Mondiale, Rwanda, Arménie). Selon lui, le tabac qu’il a rangé sous la catégorie des drogues très dures a tué au moins 100 millions de personnes au 20e siècle, soit une mortalité de 5 millions par an. Il a aussi indiqué qu’en 2000, un décès sur neuf, entre 35 et 69 ans est attribué au tabac. Il n’a pas manqué de sonner l’alerte en ces termes : « En 2020, si rien n’est fait, 70 % des décès seront imputables au tabac… Et qu’en 2030, il y aura 10 millions de décès par an qui seront liés au tabac, ainsi qu’un accroissement de la pauvreté des ménages et des pays en développement ».
Pr Abdoulaye Diagne, lui aussi membre de la LISTAB, n’a pas dit le contraire : « L’objet de cette rencontre est de manifester notre indignation face à cette baisse du prix du tabac. Nous savons que cette décision participe à inciter les sénégalaises et les sénégalais à fumer davantage. Ce qui constitue un danger pour la santé des couches les plus vulnérables. Cette décision entraine aussi un taux de prévalence des maladies et des décès causés par le tabac », fait-il.
Amadou Moustapha Guèye, Vice-Président de la LISTAB, a exigé beaucoup plus de responsabilité à l’Etat du Sénégal dans la mesure où l’industrie du tabac ne cible que la jeunesse qui devra assurer dans 25 ans la relève de nos pays. « Il faut que l’Etat du Sénégal soit plus responsable… Pour des bénéfices de 32 milliards FCFA, l’Etat ne doit pas accepter de sacrifier sa jeunesse », a-t-il déclaré. Cathérine Guèye, ancienne fumeuse qui avait attrapé un cancer a apporté un témoignage significatif en demandant aux usagers du tabac « de ne pas vendre leur âme au diable ». Pour tout ceci, la LISTAB a juré de faire la guerre au tabac dans notre pay.
UN PLAN D’ACTION
Avec 14 associations affiliées à son sein, la Ligue Sénégalaise Contre le Tabac (LISTAB), en synergie avec les malades du tabac, les journalistes en santé, les professionnels de la santé, les enseignants, les parents d’élèves, les étudiants, les parlementaires, les personnalités religieuses, et la société civile s’est assigné deux objectifs pour 2012-2013. En premier lieu faire promulguer la loi sur le tabac, et en deuxième lieu, promulguer une loi portant création d’un fond pour la prévention et le traitement des malades du tabac, à raison de 1 FCFA par cigarette pour la lutte contre le tabagisme. Ce fond pourrait générer 6 milliards 500 mille FCFA par an. Ensuite, il y aura un recours juridique par lequel l’autorité judiciaire sera invitée à dire le droit des citoyens. Par ailleurs, l’école ne sera pas en reste car le tabagisme a aussi franchi les murs des établissements.
LA LUTTE DANS LES ECOLES
La guerre au tabac ne se limitera pas seulement du côté du secteur de la santé, mais va se poursuivre jusque dans les établissements scolaires pour prévenir notre jeunesse contre ce problème de santé publique. Mamadou Mbodj, Syndicaliste, l’a fait savoir. « Philip Morris et les industries du tabac ont fait une déclaration de guerre à la jeunesse sénégalaise et pour ce qui nous concerne, nous nous engageons à lutter pour une école sans tabac », a-t-il laissé entendre. Bakary Badiane, Président de la Fédération nationale des Parents d’élèves du Sénégal, a signalé que leur principal est l’avenir de leurs enfants. « Après avoir écouté l’exposé, j’ai beaucoup tremblé. Beaucoup de fumeurs ne connaissent pas les conséquences du tabac. C’est pourquoi, c’est pourquoi je vous encourage à continuer la lutte, à continuer à sensibiliser. En tout cas, en tant que parents d’élèves, nous nous engageons à vous accompagner dans cette lutte », a-t-il rassuré.
Des acteurs de la santé ont même signalé que le Sénégal est en train de connaître une régression par rapport à sa position d’avant-garde en laissant faire les industries de production du tabac appliquer ces baisses sur le prix de leurs produits. Pour rappel, le Sénégal avait déjà ratifié toutes les conventions internationales sur la lutte contre le tabac (Organisation Mondiale de la Santé et Nations-Unies).
