Se prononçant sur l’Islam tel qu’il est vécu sous nos cieux, le chercheur politologue Bakary Sambe affirme qu’’on confond Islam et arabe au Sénégal’, car ‘il y a une manière de croire qu’il y a une supériorité, une domination religieuse par les intellectuels arabes’. Or, révèle-t-il, ‘ce sont les Sénégalais et les Africains eux-mêmes qui ont islamisé une partie du Maghreb’. Alors qu’aujourd’hui, quand on parle d’Islam dans le monde, les gens pensent uniquement au monde arabe. Ainsi, note Sambe, ‘l’Afrique doit cesser d’être dans cette posture d’importer des idéologies’, avant d’ajouter : ‘Il ne faut pas que le musulman africain se comporte comme un musulman de seconde zone’.
Aujourd’hui, fait-il remarquer, face à un monde arabe secoué par des tribulations, ‘l’alternative doit venir de l’Afrique subsaharienne’. Il poursuit en soulignant que, par ailleurs, au Sénégal ’on a une élite religieuse dominée intellectuellement et qui nourrit un complexe par rapport à la production intellectuelle arabe’. Alors que nous disposons d’idéologies religieuses comme celles de Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malik Sy, Cheikh Moussa Kâ, entre autres. ‘Il n’y a aucune université ou l’on apprend ces idéologies’, regrette l’auteur du livre ‘Islam et diplomatie : La politique africaine du Maroc’.
Cela s’explique ainsi par le fait que ’les Africains ont sacralisé la langue arabe par le biais de l’apprentissage du Coran’. Or, les arabes ne représentent que 20 % du monde musulman. ‘Il s’agit d’une ethnie culturellement dominant dans l’Islam, mais numériquement minoritaire. Au Sénégal, il suffit de parler arabe pour qu’on vous écoute’. Selon lui, ‘la pensée arabe ne vaut pas mieux que celle africaine et l’Afrique doit dire son mot’.
L. E. Faye