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Basculer dans la maladie mentale est devenue chose courante dans notre société (Par Mady Waké Touré)

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La vie de nos jours, n’offre pas toujours les possibilités d’épanouissement au plan moral, social, culturel et économique aux hommes. Ils sont nombreux ici et ailleurs à souffrir terriblement de tensions internes liées à des situations de manque durement ressenties. Manque au plan affectif ! Manque au niveau des besoins !
Au Sénégal, le recensement national de 1988, renseigne que les personnes en situation d’handicap mental(PSHM) constituent 10% de la population des personnes en situation d’handicap et suivent derrière les PSH moteurs (25%) et des PSH visuels (18%).
Ces chiffres doivent faire peur en ce sens que personne n’est à l’abri d’une descente dans les …ténèbres. Michel Foucault n’a pas tort avec ces mots puissants qui renseignent sur la gravité de la folie mais aussi notre proximité avec elle : « La folie est le plus vif de nos dangers et notre vérité première la plus proche ».
Imaginons un seul instant le spectacle terrifiant du basculement dans la folie d’un être proche. Imaginer sa sortie de l’humain, sa perte de la raison, le court-circuit de ses facultés, son exclusion : le pire de ce qui peut arriver. Mais au fait, qu’est-ce que la maladie mentale ? Pour avoir la bonne réponse, j’ai interrogé le Net : « Une maladie mentale est un ensemble de dérèglements au niveau des pensées, des émotions et/ou du comportement qui reflètent un trouble biologique, psychologique ou développemental des fonctions mentales.   Une maladie mentale entraîne nécessairement une détresse pour l’individu et/ou une difficulté au travail ou dans les relations sociales.
Les recherches indiquent que les maladies mentales sont causées par l’interaction entre des facteurs biologiques, génétiques, psychologiques et sociaux qui mènent à des perturbations dans le cerveau.  La vulnérabilité de chaque individu est différente mais la maladie mentale peut se déclarer chez n’importe qui si des facteurs
de risque suffisants sont réunis. »
Cette définition analysée à l’aune de mes cours en psychiatrie (trois années avec un stage dans les hôpitaux psychiatriques) m’agrée totalement.
Ces précisions faites, intéressons-nous maintenant à quelques cas réels qu’il m’a été donné de rencontrer dans le cadre de ma pratique
professionnelle.
Appelons la madame, Diabé Mingo( un nom d’emprunt). De grande taille, teint clair-pas dépigmentée-, elle en imposait par sa beauté.
Ses atouts physiques fort appréciables lui ouvraient toutes les portes. Elle se lia d’amitié avec une grande commerçante de la région de … qui lui remettait des marchandises qu’elle plaçait auprès de ses nombreuses connaissances. Ce rapport de confiance finit par voler en éclat pour non-respect du contrat moral qui liait les deux parties.
S’ensuivit une dispute qui finit par atterrir dans les locaux de la Police. Diabé Mingo fut arrêtée et déférée. Elle n’a pu supporter cette humiliation dans une ville où tout le monde la connaissait et où dans bien des milieux on lui déroulait le tapis rouge. Pour se « protéger », elle se réfugia dans la folie.
Autre fait qui a retenu mon attention : le cas de cet homme d’une trentaine d’années. Evoluant dans une famille où la plupart de ses frères vivaient dans une relative aisance, Mambo Kala (nom d’emprunt) supportait difficilement la longue période de chômage dans lequel il vivait. Débrouillard, il se battait pour sortir la tête de
l’eau mais les choses n’évoluaient pas selon ses désirs. Il n’arrivait pas à trouver quelque chose qui soit à la hauteur de ses attentes.

Cette absence de perspective prometteuse dans sa vie finit par ébranler fortement ses assises psychologiques. Il bascula malheureusement dans la maladie mentale.
Le médecin traitant, brillant professionnel, comprit que pour guérir ce patient, il fallait lui trouver du travail. En complicité avec les frères du malade, ils s’engagèrent à lui trouver du « travail ». On emménagea un bureau dans l’enceinte de l’hôpital qu’on confia à Mambo. Ses frères se cotisèrent chaque mois et remettaient l’argent
au toubib, qui à son tour, versait la somme à Mambo.
Ce dernier prit très au sérieux son « travail ». Il venait à l’heure et ne repartait qu’à la descente. Au bout de six mois, les frangins de
Mambo qui n’avaient rien compris, décidèrent de lui couper les vivres au motif qu’il ne souffrait de rien et qu’il faisait tout juste du cinéma pour se faire de l’argent à moindre frais.
Ne recevant plus ce qu’il considérait comme un salaire, Mambo fut une rechute, plongeant une fois sa famille dans le désarroi.
J’en viens enfin à ce récit bouleversant que nous a raconté notre professeur de psychiatrie, Birane Seck : « J’avais un patient, fonctionnaire de son état. Mais ce qui m’intriguait chez ce monsieur, c’est qu’il ne tombait malade qu’à la fin du mois. Chaque fois qu’on devait lui payer son salaire, il faisait une crise ». Cette histoire a
suscité un débat fort intéressant dans la classe. Et le brillant professeur de conclure que l’autre tombait malade parce que ce qu’il gagnait, ne lui permettait nullement de satisfaire ses multiples besoins. Et pour ne pas vivre les affres d’une situation sociale compliquée, il préférait noyer son mal dans la …folie.
Au demeurant, tous ces éléments, évoqués, supra, renseignent sur l’interférence manifeste du social dans la survenue de certains
troubles mentaux.
On peut dire que le milieu joue un rôle primordial dans les affections mentales à cause des pressions de la vie moderne. Ce fait est si généralement admis que Langner et Michael ont écrit un important ouvrage sur ce sujet, Le stress et la santé mentale (angl.). De même, le Dr Karl Evang, un Norvégien, a dit : “Un grand nombre de gens sont capables de résister à certaines des maladies physiques les plus redoutées, mais presque tout le monde semble prédisposé aux
troubles mentaux si les tensions et les pressions sont assez fortes et le climat social suffisamment défavorable.”
Fort des vérités énoncées plus haut et compte tenu des réalités qui organisent et structurent la vie dans ce pays, je peux m’autoriser sans risque d’être démenti que toutes les conditions sont réunies pour fragiliser le mental des hommes et femmes de ce pays.
Quand dans une société, l’injustice sous toutes ses formes, règne en maître avec en toile de fond une crise morale, économique, sociale, culturelle voire même spirituelle sans précédent, génératrice d’une violence sans précédent, il n’y a personne dans un environnement pareil qui puisse dire qu’il est hors d’atteinte d’une maladie mentale.
Face à une conjoncture difficile pour le plus grand nombre, il y a nécessité pour l’Etat central de revoir de fond en comble ses politiques publiques afin qu’elles répondent aux exigences d’une société plus humaine, plus solidaire. C’est à cette seule et unique condition qu’on pourra combattre efficacement la maladie mentale.
Elle reculera si le gouvernement change fondamentalement de paradigme en matière de gouvernance sociale et économique. Vaste
chantier !
En attendant, protégeons –nous comme on peut. Je vous laisse méditer ces paroles d’un homme d’expérience : « Voyez donc votre corps sous un jour tout à fait nouveau : voyez-en lui une sorte de magnétophone enregistrant et reproduisant non des sons, mais votre vie affective et spirituelle, vos émotions et vos convictions. Votre magnétophone n’enregistre que ce que vous désirez ; il restitue fidèlement ce que vous avez enregistré. Vous pouvez par conséquent

enregistrer une mélodie d’amour et de beauté ou un refrain de peine et de misère. En tout cas, votre magnétophone ne reproduira rien qui n’ait été enregistré. Comme l’enseigne la médecine moderne, mécontentement, tristesse, jalousie, haine et autres troubles de votre vie affective s’expriment physiquement sous forme de diverses maladies. Il n’y a aucun doute à cela. Pour que votre vie soit heureuse, il est par conséquent important et nécessaire que vous appreniez à contrôler l’aspect spirituel et émotionnel de votre vie ».in Dr. Joseph Murpy, triomphez de vous –même et des autres…Se soigner par l’esprit …Savoir se dépasser …Réaliser tous ses
désirs, Editions, Ariston, Genève.
Que dire encore concernant la prévention contre la maladie mentale ? Je crois important de faire attention à ce que nous mangeons. Les conclusions auxquelles sont arrivées ce médecin britannique renseignent sur l’importance d’une alimentation saine : « Les découvertes du psychiatre britannique Richard
Mackarness ont la même importance. À son avis, dans de nombreux cas de maladie mentale, le principe de la médecine psychosomatique est inversé, car ce n’est pas l’esprit qui rend le corps malade, mais le contraire. Il s’agit d’une question d’allergie. Il parle de patients qui pendant des années n’ont fait qu’entrer et sortir des hôpitaux et des établissements psychiatriques, et qui ont été guéris après avoir éliminé de leur régime certains aliments auxquels ils étaient allergiques. Ces aliments varient selon les individus. »
Tout compte fait, la qualité de votre santé mentale dépend en partie de vous. Alors, rions, chantons, dansons pour nous aérer l’esprit et nous ouvrir de nouvelles avenues de paix et de prospérité. Car comme dit l’autre, les sentiments et les pensées forment et modèlent notre destinée. Au-delà de tout ce qu’on peut dire sur cette problématique, il est temps qu’on se regarde en face pour se dire certaines vérités : la folie qui se développe à une allure vertigineuse dans c pays n’est que le produit de notre société devenue elle-même folle. Elle doit trouver ses antidotes en elle-même, en changeant ses paradigmes. 
Mais un minimum de prise en charge de tous ceux qui dérapent et sombrent doit être assumé par les services de l’Etat.

Madi Waké TOURE
tmadi [email protected]

2 Commentaires

  1. En vérité, dans la formation des médecins, on ne tient pas compte de toutes les dimensions de l’homme – un être complexe et faible, condamné à une vie de lutte ; oui, l’homme est perpétuellement interpellé sur des problèmes existentiels (vie, mort, destin, croyances) ; il est perpétuellement victime d’agression (physique, psychique, environnementale, biologique, etc.) ; et il doit en permanence gérer toutes ces situations conflictuelles infernales et tous les risques encourus dans un monde de plus en plus féroce et imprévisible (précarité, maladies, etc.). Et gérer tout ceci est quasi impossible sans le soutien de parents, d’ami(e)s et de confident(e)s compatissants pour apaiser les incontournables rigueurs de cette vie. Et pour un croyant, il n’y a pas meilleur ami et meilleur confident que notre Créateur ! Et c’est dire toute la pertinence de la spiritualité pour la gestion des épreuves (souffrance) ; et cette spiritualité repose essentiellement sur la prière (un moment privilégié de communion avec son créateur), l’endurance face aux épreuves, l’humilité, la gratitude, la compassion pour les faibles et les gens en détresse, la préservation de son âme contre l’avidité (richesse, plaisirs), l’attachement indéfectible à ses croyances dans le respect de celle des autres …. Et actuellement, il est prouvé scientifiquement que tout cela contribue à la bonne santé – tant mentale que physique. …
    Ainsi, pour une prise en charge efficiente de toutes les pathologies considérées depuis très longtemps comme liée au stress (directement ou indirectement), il est fondamental de tenir compte de la spiritualité qui est véritablement au cœur de l’humain. Oui, ce sont nos émotions (positives ou négatives) qui modulent notre biologie (et notre immunité) – et non le contraire ! Et c’est dire que nous sommes, directement ou indirectement, les principaux responsables de ce qui nous arrive ; mais aussi nos meilleurs médecins. …
    Oui, la plupart de ces pathologies liées au stress n’ont pas une cause primitivement biologique ; elles ne sont que les conséquences délétères d’un dérèglement spirituel ; et leur prise en charge efficiente nécessite une assistance psychologique, mais malheureusement, notre médecine moderne (psychiatrie), hélas trop matérialiste, a véritablement montré ses limites dans ce domaine ; oui, elle n’est pas philosophiquement fondée sur la conception islamo judéo chrétienne de l’homme, de l’univers et de la vie – Quel gâchis !

  2. Une question centrale et combien d’importance.En Afrique, nous n’avons pas de psychologue dans nos écoles pour le suivi des enfants en difficultés d’apprentissage.Il semble que ce n est pas dans notre culture de faire attention et de traiter les enfants des leur jeune age. On bascule dans la dépression face a tous les maux qui nous assaillent et souvent nous plongent dans la déprime.Nous ne savons ou aller demander de l’aide et conseils. Notre société est a rebâtir sur nombre de points.Les parents sont exposés au danger permanent sans aide face a des enfants déprimés et souvent , violents, dangereux condamnés à la maison a vie. Nous faisons comme si ce sont des fatalités auxquelles on ne peut rien faire.Que de taches devant nous.Retroussons nous les manches et au boulot âprement

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