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Basket – Entretien avec Baba Tandian – ‘’Serigne Mboup, un irresponsable’’

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Baba Tandian, Président directeur général du groupe Tandian, ancien président de la défunte Fédération sénégalaise de basket-ball (FSBB) dissoute, est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche. Trouvé chez lui, l’ancien basketteur a dénoncé de manière virulente ce qu’il appelle la dénormalisation du basket, et est largement revenu sur les problèmes qu’il a eus avec Rokhaya Pouye, dite ‘’Aya’’, et l’ancien ministre des Sports Mbagnick Ndiaye. Entretien.

Vous étiez en Espagne, que pensez-vous de la gestion de l’équipe sur place par Serigne Mboup et ses collègues du CNBS ?

J’ai vu tous les membres du CNBS se balader en Espagne comme l’a dit Boniface Ndong, au lieu de mettre des gens compétents autour de l’équipe nationale ; et c’est ce qui a été mon problème avec Aya à l’époque, parce qu’elle voulait être autour de l’équipe nationale avec ses amis, se balader à chaque voyage, ce que j’ai refusé.

Vous aviez dit avoir tourné le dos au basket, qu’est-ce qui vous a poussé à aller en Espagne pour supporter l’équipe ?

Tout le monde m’a vu en Espagne, c’est normal parce que cette équipe-là, c’est mon équipe, c’est moi qui l’ai bâtie, ce n’est pas Serigne Mboup. J’ai mis en place le coach Cheikh Sarr parce que quand je l’ai vu manager à Madagascar avec Alain Weiz, je me suis dit qu’il méritait une chance à la tête de l’équipe nationale. L’équipe que vous avez vue, à deux exceptions près, est celle qui a joué à Madagascar et, à trois joueurs près, c’est celle qui était à Abidjan pour l’Afrobasket. J’ai eu une grosse satisfaction quand je l’ai vue se qualifier en 8e de finale. Les lions ont fait une très mauvaise préparation pour le mondial. Pour l’Afrobasket, nous avions joué pas moins de 8 matchs à domicile qui nous ont coûté la bagatelle de plus de 60 millions.

Ce n’était pas financé par le ministère des Sports, mais par nos sponsors. Ce n’était pas la peine d’aller à Malaga après tous les problèmes qu’il y a eu. Il suffisait de rester au pays et jouer devant notre public. D’ailleurs, j’avais signé un contrat avec le Président de la Fédération Française de Basket et celui d’Espagne pour un partenariat. Ces deux équipes devaient venir au Sénégal pour jouer chacune deux matchs à Dakar, ainsi que deux équipes des pays de l’Est et une sélection américaine. On n’avait pas moins de 8 matchs amicaux ici. A Malaga, ils ont gaspillé de l’argent et se sont baladés.

Je trouve que c’est inconscient. Il faut féliciter les gosses, car avec une mauvaise préparation, ils ont réussi à se qualifier. Ce qui veut dire que s’ils avaient fait une meilleure préparation, ils étaient capables d’aller loin. Face à l’Espagne, ils allaient certes tomber, mais avec les armes à la main, une différence de 6 ou 7 points. Et cette équipe-là que j’ai vue, si elle est bien préparée, elle est capable de ramener la coupe d’Afrique au Sénégal. Une coupe qui nous fuit depuis 1997.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce mondial ?

Quand j’étais avec l’équipe nationale, la satisfaction que j’ai eue, c’est que quand les gosses se sont qualifiés en 8e de finale, ils ont tous sauté les barrières pour venir vers moi et ce qu’ils m’ont dit à l’oreille, l’émotion ne me permet pas de le répéter. Et c’étaient tous les 12. Ce qui montre qu’ils n’ont pas oublié mon passage à la Fédération.

Il y a eu des problèmes de vestiaires avec l’histoire des pains-thon que Gorgui Sy a dénoncés, des problèmes de gestion aussi. Quel est votre avis sur cette question ?

J’étais au courant de cette histoire depuis longtemps. Quelqu’un dont je tairais le nom m’a envoyé l’image du plat de pain-thon qu’ils ont mangé le 25 août. Je me gardais à l’époque de publier cette image-là pour ne pas déstabiliser l’équipe nationale. Il faut que les gens comprennent que même si je ne suis pas à la tête du basket sénégalais, cette équipe-là est mon équipe. D’abord en tant que Sénégalais, mais ensuite en tant qu’ancien président de la Fédération de basket. Leur échec est le mien. C’est pour cela d’ailleurs que je suis parti pour les supporter et je n’arrêtais pas, durant les matchs qu’ils ont perdus ou gagnés, d’interpeller les joueurs, de les engueuler.

Et même les Espagnols qui étaient autour de moi se demandaient si j’étais le coach. Mon rôle était important parce que j’étais à la base de cette qualification. On m’a parlé de tellement de problèmes en Espagne et je ne voulais pas me mêler à cela. J’ai tout fait pour être loin de cette équipe nationale parce que j’étais dans l’hôtel où ils avaient logé, mais quand j’ai appris qu’ils seraient là-bas, j’ai changé d’hôtel. J’étais sûr que si je restais à l’hôtel, en cas de problème, je serais le bouc émissaire parfait. Même après les victoires, je n’allais pas à l’hôtel pour les féliciter, je n’ai jamais rôdé autour d’eux. Je me suis mis à distance. Ce que Gorgui Sy Dieng a dit est grave.

C’est vrai que nous ne pouvions avoir des primes comme l’Espagne qui avait 10 000 euros par joueur à chaque match ou la France qui en avait 8000 par match gagné ; nous n’avons pas cette prétention parce que nous n’avons pas les mêmes moyens. Mais je pense que le minimum, c’était de les mettre dans de bonnes conditions. Sur place, j’ai appris qu’ils avaient même un problème d’eau. Les responsables qui étaient là-bas disaient qu’ils n’avaient pas les moyens pour acheter de l’eau. Alors que c’est très important pour des hommes qui s’entraînent dur. Gorgui Sy Dieng a été très critiqué par rapport à sa sortie, les gens disaient qu’il avait assez d’argent pour bien manger. Ce n’est pas une raison ; même s’il est milliardaire, il est obligé de se plier aux mêmes conditions que ses coéquipiers, c’est cela l’esprit d’équipe.

Que pensez-vous du travail du comité de normalisation mis en place ?

Ils ont créé le Comité de normalisation pour normaliser le basket. Ils ne normalisent rien du tout. Le basket sénégalais a 53 ans. Ce sport a bénéficié d’un régime spécial de la part du Président Abdou Diouf puisque c’était la seule compétition, avec le football, qui marchait. Les textes du basket sénégalais étaient élaborés par des sommités, de grands noms du basket comme Lamine Diop ancien ministre, Ablaye Sèye, Ibou Diagne, Ass Gaye entre autres. Ils ont élaboré des textes que l’Angola nous a empruntés. L’Angola applique ces textes aujourd’hui, le Maroc aussi, ainsi que d’autres pays. Les Angolais venaient ici pour voir ce qui se faisait dans le basket sénégalais.

Ils les ont tellement bien assimilés qu’ils ont gardé la couronne pendant 10 ans après nous l’avoir prise. Il a fallu mon arrivée pour casser l’invincibilité angolaise. J’avais dit à tout le monde à Madagascar que j’allais battre l’Angola. Il y a même eu une table ronde au niveau de leur fédération pour me traiter de rêveur et pourtant, j’ai réussi à les battre. Au bout de 10 ans, ils venaient d’essuyer leur première défaite en Afrique. Les mêmes qui ont fait cette table ronde ont tenu une autre réunion pour dire qu’il fallait se méfier de ce président parce qu’il sait ce qu’il fait, connaît ses éléments et le basket. Ce que je retenais de l’Angola, c’est qu’ils avaient un faible pour le Sénégal.

Le président de la fédération angolaise me l’a même avoué un jour en me disant que quand ils jouent contre une équipe de junior sénégalais, ils se méfient toujours parce que le Sénégal est capable de faire des prouesses. Ce qui fait que j’ai eu des regrets quand nous avons été éliminés par l’Egypte en demi-finale lors de l’Afrobasket à Abidjan. Si nous avions réussi à passer ce cap, j’étais sûr et certain de revenir avec la coupe, parce que l’Angola serait diminué au moins d’un tiers ; ils nous craignent un peu.

Ils ont mis des gens incompétent qui ne connaissent rien au basket et qui sont là pour gérer leurs propres carrières. Serigne Mboup est un politicien, ce qui l’intéresse, ce n’est pas le basket mais un poste ministériel. Il ne rêve que de cela. Le basket n’est pas son problème, il ne le connaît pas. Pour connaître ce sport, il faut soit l’avoir pratiqué, soit vivre dans ce milieu.

Nous avons trouvé les U 18 dans votre bureau, quelle est la raison de leur visite ?

Le hasard a fait que vous les avez rencontrés dans mon bureau. Avant eux, il y a beaucoup de gens qui sont venus pour me demander de revoir ma position et de revenir au basket. Mercredi, c’étaient les filles U 18 qui m’ont pris en aparté, ainsi que les parents, les amis et le monde du basket. Aujourd’hui, même si je ne le veux pas, je suis obligé de réfléchir par rapport à tous ces gens qui viennent et qui pensent que je peux encore apporter quelque chose au basket.

Maintenant, je laisse le nouveau ministre des Sports prendre les décisions qui seront les meilleures pour l’avancement du basket sénégalais. Je n’ai pas d’instructions à donner. Mais ce que je peux vous dire, c’est que le basket est tout pour moi, il m’a tout donné, mon entreprise et ce que je suis aujourd’hui. C’est fort de cela que j’ai voulu rendre au basket ce qu’il m’a donné.

Que déplorez-vous dans les changements apportés par Serigne Mboup dans votre programme pour le basket ?

Puisqu’ils critiquent ce que j’ai fait, ils n’avaient qu’à faire mieux. Ils ont écourté le championnat, supprimé le play-down, supprimé une partie du play-off et pour finir, ils ont supprimé le titre de roi et reine du basket. C’est extrêmement grave. Le roi et la reine sont le symbole du basket-ball sénégalais qui a plus de 33 ans d’existence. Ce titre a été créé par le Frère Emmanuel pour booster le basket, pour que les gosses aient une envie de jouer, de gagner les lots. Avant, un roi gagnait 5000 francs. Ils enlèvent cela pour disent-ils faire un gala, inviter les gens qui vont danser, manger et partir.

Il faut donner aux basketteurs l’envie de se surpasser par des primes, des cadeaux entre autres. Les cadeaux que nous avons eu à donner étaient inégalables. Une maison, une voiture et des tas de lots comme des billets d’avion et autres, c’était du jamais vu dans le milieu du basket. Cette année, nous allions crever le plafond encore parce qu’il y avait deux 4/4 Touareg et une villa de 4 pièces. Et je les avais déjà. Tout était programmé un an à l’avance. J’avais déjà négocié avec un sponsor. Ce que je réfute par rapport à la sortie de Serigne Mboup, que je trouve irresponsable, parce que lui-même est irresponsable, c’est le fait qu’il dise que ce n’est pas normal que l’on donne 20 millions où 15 millions à un joueur, alors que le club qui l’a formé n’a rien. D’abord le roi et la reine, c’est 70 millions, il n’a pas les chiffres. Cette somme a été partagée entre les deux nominés.

Ces 70 millions sont offerts par un sponsor qui a décidé de les offrir au roi et à la reine. Où est le problème ? Cet argent n’a pas été pris dans les caisses de la fédération, ni de l’Etat. Aujourd’hui finalement, qui est le perdant dans cette histoire ? C’est pour cela que je vous dis que Serigne Mboup est un irresponsable. Pour remettre ce basket sur les rails, cela va être très difficile. Et ce qui est plus grave, c’est de dire qu’on va rendre les coupes des U 18. Ils savent ceux qui ont dénoncé ; pourquoi ils ne les attaquent pas ? Pourquoi ils ne les dénoncent pas ou ne les traînent pas en commission de discipline ? Ils les laissent libres, et mieux encore, ils font leur promotion. Aya Pouye reprend la zone 2 après avoir dénoncé les gosses, c’est une honte et une aberration.

Ils pensent qu’en le faisant, ils règlent un compte avec moi, mais c’est avec le basket sénégalais qu’ils règlent un compte dans son ensemble. Dire qu’il veut rendre les trophées, voilà une autre raison qui me fait dire qu’il ne connaît pas le basket. La Fiba n’en a rien à cirer des coupes. Quand les gosses ont été dénoncés, la Fiba a pris acte de la dénonciation, mais malgré tout, ils ont exigé aux joueurs d’aller aux championnats du monde, puisqu’ils sont champions d’Afrique en titre. Pourquoi ils ne nous ont pas interdit d’y aller ? Il nous a fallu trimer, chercher des moyens financiers pour amener les joueurs aux championnats du monde, au risque d’être suspendu. Donc la Fiba ne s’intéresse pas du tout au retour des trophées.

Mais le mal est déjà fait puisque les trophées ont été rendus…

Ils racontent des histoires, ils n’ont pas rendu les coupes. Il y a eu des cas de fraudes certes, mais cela concernait deux ou trois gosses, les autres ne méritent-ils pas de conserver ces titres ? L’artisan de la victoire du Sénégal, c’est le jeune joueur Pape Sadiaw Ndiaye Diatta qui joue aux Etats-Unis maintenant. Il a 18 ans et méritait de gagner ce trophée. S’il dit qu’il a rendu les coupes, il raconte des histoires puisque la coupe des filles se trouve chez moi, parce que le soir de la finale, on m’a amené la coupe dans ma voiture, je l’ai ramenée chez moi et depuis lors, elle y est. Ces gens-là voulaient aller en coupe du monde, ils l’ont fait, se sont bien amusés.

Ils ont reçu 5 millions de la part du chef de l’Etat pour déplacer le 12e gaïndé, ils les ont laissés en rade à Dakar, soi-disant que cet argent était pour le 12e gaïndé local en Espagne. Moi j’y étais et je n’ai pas vu de 12e gaïndé là-bas. Je n’ai pas vu plus de 15 personnes supporter les Lions sur les trois matchs de qualification. Et les 8e de finale, à part un membre du 12e gaïndé, une seule personne qui avait un drapeau niché quelque part, complètement en haut, j’étais seul avec ma femme à crier à haute voix pour supporter l’équipe. Maintenant, je demande à Serigne Mboup de nous dire où il a mis les 5 millions pour les supporters.

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