XALIMANEWS -Le Soudan du Sud pourrait bien être la révélation de ces Jeux Olympiques. La raison ? Son équipe de basketball ipour sa première participation aux JO, impressionne fortement. Après avoir frôlé l’exploit contre les États-Unis lors d’un match de préparation ne s’inclinant que de justesse (101-00), les Bright Stars ont remporté leur premier match du tournoi de basketball des JO de Paris 2024 en battant Porto Rico (90-79).
En se classant meilleure équipe africaine de basketball masculin, le Soudan du Sud avait obtenu le seul billet continental pour les Jeux Olympiques. Et ce dimanche, à Villeneuve d’Ascq, les Bright Stars ont fait leurs grands débuts, représentant un pays qui n’a obtenu son indépendance qu’en 2011 et qui est encore en proie à la guerre et à la famine.
Et pour sa première apparition aux Jeux Olympiques, le Soudan du Sud a remporté une belle victoire (90-79) contre Porto Rico, confirmant ainsi son exploit presque réalisé face aux États-Unis lors de la préparation à Londres huit jours plus tôt (défaite 101-100).
Lors de ce match héroïque contre les États-Unis, à une semaine du début des Jeux Olympiques, l’équipe de basketball du Soudan du Sud avait marqué l’histoire en établissant un nouveau record de points inscrits en une mi-temps, avec 58 unités. Cette performance exceptionnelle s’est déroulée lors de la préparation des JO, où les Sud-Soudanais menaient 58-44 à la pause à Londres. Une première mi-temps remarquable pour cette jeune sélection africaine qui participe à ses premières olympiades à Paris.
Ces résultats couronnent une incroyable aventure commencée en 2019 par Luol Deng, ancienne vedette des Chicago Bulls, deux fois All-Star NBA (2012, 2013), et digne héritier du légendaire Manute Bol, icône soudanaise des années 1980 et 1990. Pour réaliser son ambition, le dirigeant du basketball sud-soudanais a réuni des athlètes éparpillés à travers le monde, qui, tout comme lui, ancien réfugié au Royaume-Uni, sont les produits d’un pays accablé par la guerre, la famine et des conditions climatiques extrêmes. Après son indépendance, le Soudan du Sud a été dévasté par un conflit fratricide, causant environ 400 000 morts et des millions de déplacés.
Il y’a quelque moi, l’ancienne star de la NBA, expliquait la motivation derrière son rôle de président de la fédération locale.
» Parce que le pays est jeune, je pense que le sport peut créer une cohésion nationale. Je veux que la jeune diaspora soit inspirée par mon retour au Soudan du Sud, que tout le monde voit le changement qu’on peut apporter. Et puis, le basket est globalement en train d’exploser en Afrique. Même si ce n’est que du basket, je pense que c’est inspirant. Le monde entier peut voir le talent qu’il y a dans ce pays.«
À 39 ans, l’ex-international britannique a pris la tête de la Fédération de basket de son pays d’origine avec des rêves ambitieux pour un État meurtri, qu’il a récemment partagés sur le site officiel des Jeux olympiques : « J’étais convaincu que nous pouvions être l’une des meilleures équipes en Afrique, dominer le basket comme le Kenya et l’Éthiopie dominent l’athlétisme, comme la Jamaïque le fait dans le sprint. »
Il convient de rappeler que la plupart des olympiens actuels n’ont pas été directement touchés par les atrocités de la dernière decennie. Ils ont été nés ou ont grandi dans d’autres pays, généralement aux Etas-Unis, en Australie, au Canada, car leurs parents avaient été contraints de fuir la seconde guerre civile soudanaise, qui a commencé une dizaine d’années après la fin de la première et qui avait déjà entraîné son lot d’affrontements entre 1983 et 2005. Voici quelques illustrations de ces destins perturbés.
Né à Khartoum (Soudan) en 1997, Wenyen Gabriel a été accueilli par sa famille à l’Égypte quand il était tout petit, puis s’est envolé deux ans plus tard pour Manchester (New Hampshire), où réside une importante communauté sud soudanaise. Son prénom qui veut dire « essuie tes larmes » en dinka, renvoie à sa soeur aînée qui est décédée très jeune.
Nuni Omot (Ningbo Fubang (Chine)) est né en 1994 dans un camp de réfugiés au Kenya, où sa famille avait échoué après une première tentative en Éthiopie pour échapper à la guerre civile. Il a pu partir avec sa mère et son frère trois ans plus tard pour le Minnesota. Son père, qui avait été refoulé pour des raisons médicales, ne les a rejoints que 22 ans plus tard.
Né au pays, Khaman Maluach, le plus jeune (17 ans) et le plus grand (2,16 m) de l’équipe, a grandi en tant que réfugié dans l’Ouganda voisin. Ce n’est qu’en 2019, à l’âge de 13 ans, qu’il a commencé à pratiquer le basket, encouragé par un motard qui était intrigué par sa taille alors qu’il se promenait sur la route. Ancien élève du camp d’entraînement fondé par Luol Deng, il joue actuellement dans la prestigieuse université de Duke.
Avant d’affronter la Serbie samedi, les Sud-Soudanais indépendants joueront mercredi à Villeneuve-d’Ascq contre les États-Unis, dans le but de faire taire les critiques des anciennes gloires de la NBA, Gilbert Arénas et Paul Pierce. Gilbert Arenas n’avait pas hésité à faire preuve de xénophobie pour qualifier les adversaires des Américains. L’ancien joueur des Wizards avait parlé de « quelques Africains », de « cousins » de Joel Embiid, de joueurs qui n’ont « même pas de chaussures » et « shootent sur des paniers en osier, dans la poussière »… Mais face à ces railleries, Luol Deng, président de la fédération sud-soudanaise, a répondu par un long message.
« Normalement, je ne prête pas attention à ce type de commentaires, mais en tant qu’Africain, leader dans ma communauté et président de la Fédération de basket du Sud-Soudan, je pense qu’il est important de réagir. Je m’adresse à ceux qui ont posé des questions sur ces commentaires, à ceux qu’ils ont offensés et à tous ceux qui ont suivi notre histoire. Je ne suis pas contrarié ou en colère par ces remarques ignorantes faites par mes anciens collègues ; j’ai été plus déçu de les voir émaner de deux personnes que j’ai toujours respectées. »
Ambiance , ambiance avant ces retrouvailles soudano-americaines. Mais trois jours plus tard, le samedi, les Brighton Stars s’opposeront à la Serbie pour leur dernier match dans la poule C.
Maître d’oeuvre de cette belle ascension sud soudanaise dans le basket, Luol.Deng souhaiterait ardemment que son equipe continue de briller à Paris afin de susciter une fierté nationale, dans un Sud Soudan, jeune nation, prête à s’épanouir. Cette belle percée de l’équipe de Basket du Sud Soudan pourrait créer des émulations au sein de la diaspora soudanaise voire africaine et pourrait pousser d’autres sommités du continents à rejoindre leurs pays pour soutenir le développement.
Alors que le Soudan du Sud n’a pas de terrain indoor et la fédé des difficultés financières, c’est Luol Deng qui finance l’équipe nationale de sa poche. « Luol Deng finance tout ça de sa poche depuis 4 ans. Il paie pour les salles, les hôtels, les billets d’avion, tout ! Félicitations à Luol et au staff. On n’aurait pas pu mettre en place cette équipe sans eux.” Témoigne Royal Ivey, coach du Soudan du Sud dans les colonnes de NBA Infos.