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Bécaye Diop-Parcours d’un ministre d’Etat-maire en déclin « Si Wade me demandait de balayer, je l’aurais fait ! »

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« Parti de rien », comme on aime à le dire de Bécaye Diop, ce bagarreur intrépide est exposé, aujourd’hui, à une retraite politique forcée. Parcours.

Il faut, sûrement, être né sous une bonne étoile pour espérer durer au gouvernement du président Wade. En 11 ans, le président Wade a déjà remercié six Premiers ministres. A cela, il faut ajouter les nombreux réaménagements de l’attelage gouvernemental. Malgré tout, Bécaye Diop, lui, ministre des Forces armées, tient toujours bon. « Je n’ai qu’un objectif, faire plaisir à Wade et le servir sous toutes les formes. Même si Wade me demandait de balayer, je l’aurais fait ! » C’est lui-même Bécaye Diop qui expliquait les secrets de sa longévité au gouvernement. On était au lendemain des Législatives de 2008 boycottées par l’opposition. « J’ai opté dès le départ d’être wadiste, j’ai bouclé sept ans. J’entame la huitième année et je touche du bois, mais je crois que j’ai encore la confiance du chef de l’Etat », lançait-t-il, entouré de quelques fidèles. « (…) Je crois que j’ai encore la confiance du chef de l’Etat », dit Bécaye Diop il y a quatre ans. Traqué en ce jour de Tabaski 2011 par des porteurs de foulards, brassards, cravates, etc., rouges, tous se demandent comment il va battre campagne pour la Présidentielle de 2012. Des pans entiers de son parti se désolidarisent de lui. Instituteur et directeur d’une école élémentaire dans la commune de Kolda, Bécaye Diop qui devait partir à la retraite en cette année d’alternance (2000), se voit envoyer au septième ciel. Ses camarades du Centre d’apprentissage d’enseignement technique de Ziguinchor où il s’était inscrit en 1961 pour un Certificat d’aptitude professionnel (Cap) n’en reviennent pas. « Il est vraiment chanceux ! », lance-t-on comme toute explication. Aujourd’hui âgé de quelque 66 ans, il a été pratiquement tiré du gouffre par une main miraculeuse. Le visage moucheté, le maire de Kolda qui avoue lui-même ne pas être beau, a dans sa poche les coins et recoins du Fouladou. Marié à trois épouses, le ministre d’Etat-maire est arrivé au Parti démocratique sénégalais (Pds) un certain… 11 septembre 1991. Accueilli à son domicile dans la famille libérale par les défunts Omar Lamine Badji, Laye Diop Diatta et l’ancien député Moussa Diédhiou, Bécaye Diop quitte avec fracas le Parti socialiste (Ps) et la tendance de Moctar Kébé « Moké ». Il protestait, alors, contre les investitures dans son parti. Le reste, le « transhumant » lui a donné un rythme d’enfer. La guerre qu’il mène à son ancien parti est sans merci.

Courageux, il ne recule devant rien pour barrer la route à ses anciens compagnons du Ps. Sa vie de famille et de fonctionnaire en sont fortement affectées. Wade n’en croit pas ses yeux. Car, son parti avait été fragilisé par le départ d’un autre « Lion », le député Alassane Baldé. Avant ce dernier, un autre poids lourd, Yoro Kandé avait été arraché au Pds. Aux élections de 1993, Bek est envoyé à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor suite à la ténébreuse affaire des ordonnances. Sa voix de Stentor, résonne encore dans les oreilles de nombre de ses anciens élèves qui retiennent de lui ce maître sévère qui grille « camélia » sur « camélia », rejette des bouffées de fumée sous le craquement d’une noix de cola. L’opposition où il a passé 9 ans l’a complètement rendu miséreux. Mais, comme s’il en avait la prémonition, Bécaye est resté intraitable, un libéral dur. Au premier gouvernement de l’Alternance Kolda n’y est pas. Les jeunes font du bruit. Le gouvernement de Niasse est alors remanié pour permettre à Bécaye Diop de signer son entrée au conseil des ministres au poste de ministre délégué. Puis, comme s’il tenait Wade en laisse, il passe aux Forces armées, devient ministre d’Etat, va ensuite l’Intérieur avant de signer son come-back aux Forces armées. A la Place Washington, il retrouve subitement sa voix de stentor. Il se fait tout de suite entendre en interdisant aux journalistes de ne piper mot des résultats juste après le scrutin de 2012. A Touba, il fait une sortie pour laquelle il peut valablement réclamer des droits d’auteur. Tant la formule est entrée dans l’histoire et le langage familier. « Affaire bi fii la », a lâché Bécaye Diop pour dire que c’est Touba la clef du bonheur. Le lendemain, la presse s’en donne à cœur joie et caricature les sorties du ministre de l’Intérieur en « bécayeries ».

Ndiogou Dème, l’homme par qui tout est arrivé

L’homme qui incarne la révolte contre Bécaye Diop n’en avait pas l’air. Son heure semble avoir sonné. Clerc de justice depuis 30 ans, le voilà quasiment justicier. Deux incidents ont fait déborder le vase des rapports entre Ndiogou Dème, 2 è adjoint au maire et le ministre d’Etat Bécaye Diop. Le premier a éclaté lorsque Dème a demandé à Bécaye Diop qui s’apprêtait à prendre l’avion pour Dakar de venir en aide à un militant qui a perdu son fils. « Il me jette de la main gauche 10 mille FCfa avant d’entrer dans l’avion », se souvient-il amer. Le second est plus poignant. Bécaye Diop aurait, selon lui, chassé d’une de ses maisons, un locataire, ami du 2 è adjoint au maire à 2 h du matin. C’en était trop pour cet homme grand et souriant. Lui qui aura 50 ans le 1er décembre prochain. Clerc de justice au tribunal de Kolda depuis 1980, il quasiment fait tous les mouvements de jeunesse : l’Odcav, l’Orcav, l’Oncav pendant et le Conseil départemental de la jeunesse pendant 5 ans. Secrétaire élu au comité économique et du conseil régional, Ndiogou est en entré en politique en 1998 avec l’Union pour le renouveau démocratique de Djibo Leïty Kâ. C’est, comme nombre de rénovateurs, à l’entre-deux-tours de 2000, précisément le 14 mars 2000 qu’il quitte l’Urd pour le Pds. Là, elle y retrouve Khady Konté dite « Mère Sopi », sa propre mère. Cette dernière, militante du Pds depuis 1974 avait quitté entre-temps quitté Wade pour voler au secours du colonel Foulah Baldé en proie aux guerres de tendance au Ps. Elle revient en 1993, quasiment en même temps que Bécaye Diop.

Bécaye Diop brise son silence…
« Tout humain commet des erreurs »

C’est clair, le ministre d’Etat-maire Bécaye Diop a changé de fusil d’épaule vis-à-vis de la presse. Lui-même a décidé de parler de plus en plus à la presse. Et dans une interview au quotidien L’Observateur du jeudi 10 novembre 2011, il avoue : « Tout humain commet des erreurs, je pense que si on me dit que telle chose est une erreur, je sais reconnaître le vrai du faux. » Concernant sa sœur, il martèle : « (…) Ma sœur ne peut être impliquée dans la gestion municipale dans la mesure où je ne lui ferais jamais de ma vie une délégation de signature. » dans la même interview, il met au compte de « l’incompréhension et de la désinformation » son désaccord avec le 2 è adjoint au maire lâche à propos de Fabouly Gaye : « J’avais tellement confiance en lui que je ne pouvais imaginer certaines choses venant de lui contre ma personne ». Sur sa « richesse », il dit n’avoir qu’un immeuble à Kolda dont le terrain lui a été vendu par Doumith. A ceux qui lui reprochent d’être absentéiste, il répond : « Absent ? Je ne le crois pas ! Parce que quoi qu’il arrive, tous les 15 jours, je vais à Kolda… » Bécaye Diop commence donc à parler à la presse. Mais, tout laisse croire que ses interlocuteurs dans les médias sont ciblés. En quoi, accrocher Me Wade, président de la république et lui arracher quelques mots est plus facile pour un journaliste que de recueillir sa déclaration. Le président Wade s’est même attaché les services d’un porte-parole Serigne Mbacké Ndiaye à qui on peut tout reprocher sauf de ne pas parler aux journalistes. Ce dimanche 13 novembre 2011, il était injoignable sur ses deux portables comme nous l’a dit son aide de camp, le capitaine Guèye ce dimanche 13 novembre vers 11 h 46. Dans son entourage, les « privilégiés » qui détiennent la bonne combinaison rechignent à la lâcher. Les rares cas où ils acceptent de vous donner le numéro, ils vous supplient, quasiment pliés à quatre, de ne piper mot sur l’identité du « bienfaiteur ».

…Sa sœur répond à une question, puis s’excuse

Accrochée par téléphone Yaye Diop commence volontiers à répondre à ses détracteurs. Elle balaie en touche le procès qui lui est fait sur « Ma carte, ma caution ». « C’est le service régional du développement communautaire qui m’a dit que j’étais conviée en tant que Présidente du comité consultatif des associations et groupements féminins », répond-elle. Puis d’ajouter que ses homologues y étaient à ce même titre. Et puis, précise Mme Diop, des femmes conseillères ont été conviées à la manifestation. Les choses se gâtent à la question de savoir si elle remplissait le réservoir de sa 4X4 aux frais de la mairie. « Non, mon frère, tu m’excuses, je ne peux rien dire … », concède-t-elle.

Hamidou SAGNA


2 Commentaires

  1. FAITES-VOUS PARTIE DES INNOMBRABLES VICTIMES DE EGBOS (ENTREPRISE GENERALE DE BATIMENT OLAR SY) ET DE SON PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL, OMAR SY ?
    SI VOUS VIVEZ AU SENEGAL, EN EUROPE, EN AFRIQUE OU AUX USA, SOYEZ PRETS POUR VOUS FAIRE CONNAITRE AFIN DE FAIRE VALOIR VOS DROITS.
    .UN COLLECTIF DE TOUTES LES VICTIMES DE EGBOS VERRA BIENTOT LE JOUR

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