Assurément, la disparition tragique de Ibrahima Diagne Ben Basse, PDG du groupe EXCAF Télécoms est une grosse perte pour le Sénégal et plus précisément pour la presse sénégalaise. Pour avoir construit au forceps un groupe de communication performant à tous points de vue, avec des chaînes de radio thématiques dans la capitale Dakar et jusque dans les chefs lieux de départements à travers la radio DUNYA, pour avoir été l’un des précurseurs de la télévision par le mécanisme du MMDS et érigé une télévision, la RDV, qui ne cesse de régaler les téléspectateurs par ses programmes sport, religieux et de société, Ben Basse, sans tambour ni trompette, avait fini d’étonner son monde. Il avait élargi son champ d’actions par l’organisation de foires internationales aux thématiques variées et même ouvert des bureaux à Shangai et Pékin, en Chine. C’est dire l’esprit entreprenarial de ce grand « self made man », pour qui connaît son itinéraire.
Son imprimerie édite des livres sur l’Islam qu’il se plaisait à offrir à ses nombreux visiteurs. La dimension spirituelle de l’homme, quoique effacé, a fini d’émerveiller ses voisins des HLM. Construction d’internats et d’écoles pour les enfants apprenant l’Islam et l’arabe, érection de plus d’une soixantaine de mosquées, d’églises équipées, et de morgues dans les coins les plus reculés du pays. La liste des actes de bienfaisance de ce personnage d’un héroïsme « touche à tout » est loin d’être exhaustive. Sa discrétion et sa générosité étaient devenues légendaires. C’est véritablement » une tombe vivante » qui disparaît, pour paraphraser notre doyen et confrère Pathé Fall Dièye. Une disparition brutale qui nous laisse orphelins. Toutefois, nous nous plions à la volonté divine et prions pour le repos de son âme au Paradis!
Assurément, le gouvernement Abdoul Mbaye, sous la férule du Président Macky SALL, déroule sans bruit son programme de politique publique, souvent imperceptible du fait de la rigueur économique et des affres de la vie qui frappent durement et presque de façon inexorable des millions de Sénégalais. Difficile sera le chemin du redressement, de la réalisation du « Yoonou Yokouté »!
En effet, le ministre des Finances peut-il nous expliquer- peut-être devant la représentation nationale- les raisons qui motivent le recours intempestif à des emprunts obligataires pour des milliards « dérisoires », au vu de l’énormité des attentes des Sénégalais qui piaffent d’impatience de voir les promesses du candidat de Macky 2012 réalisées par le Présient de la République Macky Sall. On est en droit de se poser moult questions sans réponses jusqu’ici. D’autant plus que le flou persiste autour de l’héritage économique de Me Abdoulaye Wade. Des chiffres affolants et contradictoires font l’objet de spéculations sur l’état de l’économie laissé par l’ancien pouvoir libéral. Pour avoir promis transparence et bonne gouvernance, les Sénégalais méritent d’être davantage édifiés par le gouvernement. Et sur ces questions et sur d’autres, nos députés, censés représenter le peuple, sont attendus avec insistance.
La gouvernance vertueuse qu’avait prônée le candidat Macky Sall requiert de l’audace, beaucoup d’audace, du courage, beaucoup de courage, de l’imagination, avec en bandoulière le souci de justice, beaucoup de justice et la fin de bien de tabous qui annihilent notre marche vers l’émergence. A défaut, on aura l’impression que le gouvernement patauge dans un tonneau des danaïdes. Et ce serait un énorme gâchis!
Au demeurant, quelques signaux donnent des raisons d’espérer.
Comme initiatives salutaires prises par le gouvernement pour juguler certains fléaux et tares de notre société, on peut relever la décision annoncée par la ministre de la Santé, à l issue d’un conseil interministériel, de dépoussiérer les textes de loi sur les systèmes de santé portant notamment sur les médicaments, des textes qui, selon la ministre, datent de plus d’une trentaine d’années.
La création annoncée d’un corps d’inspecteurs qui veilleront à l’application des nouvelles mesures de réorganisation du secteur de la Santé vient à point nommé. Mais il faudra beaucoup d’audace et de courage politique pour faire face aux innombrables résistances contre le démantèlement de forteresses mystérieuses du genre » Keur Serigne bi », cette gargotte à médicaments aux origines douteuses et qui dérive de la vocation première de ce temple historique de la Spiritualité.
La mise en application du permis à points pour juguler l’hécatombe des innombrables accidents de la route est à saluer. Ces accidents déciment notre vaillante population qui mérite mieux que ce laxisme constaté dans la gestion du transport dans notre pays. Que de vies humaines sacrifiées, non du fait de la « main de Dieu », mais de nos tares et avatars. Que de ministres de l’ Intérieur, des Transports et des Forces armées, d’agents et d’officiers de police et de gendarmerie qui ont fini de pourrir la circulation et les officines publiques des postes de commissariat et de gendarmerie par la persistance quasi complaisante de la corruption, de la concussion et de la prévarication
Le fléau, un secret de Polichinelle, est à un paroxysme tel, qu’on semble s’en accommoder. Nous sommes tous coupables de complaisance et certainement de lassitude au point qu’on ne devrait point s’étonner que cette affaire de la drogue qui secoue la Police arrivât ! Suite logique de tant de gouvernances peu vertueuses!
Carabane a étrenné son port, inauguré par le Premier ministre Abdoul Mbaye, il y a quelques semaines. Les populations de la zone dégoulinaient de bonheur, et nous aussi. En plus de rétablir une vieille injustice, en ce sens qu’elles se sentaient presque oubliées dans la répartition de la richesse nationale, cette vaillante population de Casamance se remet encore difficilement du désastre du naufrage du Joola. La remise en état de ce port devrait ouvrir des perspectives heureuses pour la région naturelle de Casamance qui pourrait davantage étaler ses insoupçonnées potentialités économiques et participer à désenclaver cette région qui ne mérite pas son sort actuel.
Des dizaines de milliards pour réhabiliter le légendaire building administratif! Outre le procédé d’attribution du marché, considéré comme nébuleux, l’idée même est une hérésie. Quelle occasion manquée de sortir enfin le poumon de l’administration de Dakar-Plateau enfin décongestionnée pour créer un nouveau pôle économique, social et environnemental autour de Diass ou de Diamniadio. Ecoles, logements et activités économiques novatrices émergeront de cette nouvelle vision qui requiert beaucoup d’audace et de désintéressement. En plus de vaincre tant de lobbies tenaces. Ainsi cesseront de résonner dans nos oreilles les ronronnements et l’impression de léthargie qui n’arrêtent pas de polluer l’ambiance de morosité économique dans notre pays.
