Bennoo Siggil Senegaal a-t-il encore une chance de trouver son « candidat de l’unité et du rassemblement » ? Les observateurs avertis de la scène politique pensent que non. Pis, entre l’Alliance des forces de progrès (Afp) et le Parti socialiste (Ps), on commence à se tirer dessus. Pourtant, Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse sont conscients des lourdes conséquences que pourrait entraîner un divorce à la tronçonneuse.
Bennoo Siggil Senegaal joue sa survie. Et aucun observateur averti de la scène politique sénégalaise n’ose miser un franc sur les chances de Bennoo de trouver son candidat dit de l’unité et du rassemblement. C’est qu’entre Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, il est difficile de trouver un terrain d’entente. Encore moins déterminer qui des deux est plus légitime que l’autre. Ousmane Tanor Dieng et son parti peuvent se prévaloir d’être les opposants naturels du Président Abdoulaye Wade. Défait en 2000 après 40 ans au pouvoir, le Parti socialiste (Ps) a su se réorganiser autour d’Ousmane Tanor Dieng.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en dix ans, les socialistes ont su se refaire une nouvelle santé politique. Mieux, leur candidat à la candidature de Bennoo est le seul leader de l’opposition à n’avoir jamais travaillé sous les ordres de Wade. Tous les autres ont une part de responsabilité dans le bilan de Wade qu’ils décrient aujourd’hui. Peut-on alors convaincre Ousmane Tanor Dieng à renoncer à se présenter à la prochaine présidentielle ?
Moustapha Niasse, lui, fait partie des acteurs majeurs de l’alternance du 19 mars 2000. Son ambitions est d’accéder à la magistrature suprême. Or, 2012 reste son ultime chance. Pourtant, dans certains cercles de Bennoo, on affirme que Niasse n’avait pas l’intention de se présenter à la prochaine présidentielle. D’ailleurs, quand l’idée de plafonner l’âge des candidats à la présidentielle avait été agitée lors des Assises nationales, le secrétaire général de l’Afp aurait alors demandé le retrait de cette disposition du projet de Constitution. Pourquoi ? Non pas parce que Niasse souhaitait se présenter en 2012. Mais plutôt parce qu’il estimait qu’annoncer qu’il ne se présenterait pas, ce serait offrir à Wade une belle opportunité de récupérer ce qui reste de l’Afp. Vrai ou faux ? Certains participants aux Assises nationales le soutiennent avec force.
Seulement, entre les Assises nationales et le contexte actuel, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Il est donc difficile de convaincre Niasse à se retirer. Certains l’accusent même d’user de son chéquier pour faire passer sa candidature. Niasse peut-il consentir autant d’efforts pour ensuite se retirer ? Certainement non. Autant dire alors que Bennoo est dans une situation pour le moins difficile. Pourtant, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ont la claire conscience qu’il leur faudra trouver une solution. Car un divorce entre le Ps et l’Afp pourrait être lourd de conséquences. Bennoo va donc devoir trouver une solution. Et trois scénarii s’offrent à Bennoo Siggil Senegaal.
L’idéal pour Bennoo serait de trouver un candidat accepté par l’Afp et le Ps. Ce qui pourrait permettre d’aller à la présidentielle avec le maximum de chances possibles. L’autre option est de donner à Niasse et à Tanor l’opportunité de se présenter tous les deux. Il s’agira alors de trouver un gentleman agreement entre les deux leaders afin d’éviter les attaques et trouver l’engagement de se soutenir en cas de second tour. Et la dernière option serait un divorce à la tronçonneuse. Le pire des scénarii pour Bennoo Siggil Senegaal. Ce serait alors la meilleure manière pour Niasse et Tanor d’organiser leurs funérailles politiques. Ils auraient alors peu de chances de voir l’un d’entre eux au second tour. Et la pire des humiliations sera alors pour Niasse et Tanor de se réduire à arbitrer un duel entre Wade et un de ses fils ou un combat finale entre deux fils de Wade.