«La sortie de Moustapha Niasse est malheureuse et n’a pas de sens»
Expert environnementaliste, consultant et Docteur en Biologie, Berouba Guissé est un responsable politique de l’Alliance des Forces de progrès (Afp) à Linguère. Membre du Comité directeur dudit parti et candidat à la mairie de Dahra (département de Linguère), il revient, dans cet entretien, sur les remous qui secouent sa formation politique.
Vous êtes un militant de la première heure à l’Alliance des forces de progrès (Afp). Et dernièrement, votre parti est entré dans une zone de turbulences née de la sortie de votre Secrétaire général, Moustapha Niasse. Comment analysez-vous la situation ?
L’Afp ne traverse pas une zone de turbulences. Je qualifierai plutôt la situation que vit aujourd’hui le parti comme une cabale orchestrée contre Malick Gakou. Un coup monté contre le N°2 de l’Afp, notamment Malick Gakou, et qui est parti d’un meeting que j’ai organisé le 21 février dernier à Dahra et j’avais invité tous les membres de l’Afp à venir soutenir ma candidature au sein de Benno Bokk Yaakaar. J’ai invité Malick Gakou qui est un ami de longue date et Mata Sy Diallo. Et j’ai informé le représentant régional de l’Afp à Louga et conseiller technique de Moustapha Niasse, Cheikh Bamba Sall. Ce meeting a commencé dans la difficulté et je l’ai financé sur fonds propres. Quand j’ai invité Cheikh Bamba Sall, il avait des réticences à venir parce qu’il ne se sentait pas à l’aise, car tout le monde lui reprochait la léthargie politique dans laquelle était plongée la région de Louga. On lui reprochait aussi de ne rien faire pour le développement de la région. On lui a tordu la main pour qu’il vienne à ce meeting. Moustapha Niasse a donné des instructions pour que le Bureau politique se mobilise pour venir à ce meeting. Donc, c’est un meeting que l’Afp a cautionné à 100%. Et à deux jours du meeting, Malick Gakou émettait des réserves quant à sa participation.
A quoi étaient dues ses réserves ?
Peut-être qu’il avait ouï-dire que Cheikh Bamba Sall n’était pas content de sa venue et que cela allait forcément faire naître des frustrations et de la jalousie.
Les choses n’étaient pas au beau fixe entre Malick Gakou et Cheikh Bamba Sall ?
Je dirais que le climat est plutôt délétère entre Malick Gakou et certains responsables politiques de l’Afp qui gravitent autour de Moustapha Niasse.
Quelles sont les raisons de cette mésentente ?
Tous ceux qui sont aujourd’hui autour de Moustapha Niasse et qui sont d’un certain âge souhaiteraient que le parti reste en léthargie jusqu’à ce qu’ils puissent profiter de leur position et que nous, les jeunes, nous les suivions comme des moutons. Sans rien dire.
Si on vous suit, vous sous-entendez qu’il y a certains responsables de l’Afp qui sont contre une alternance générationnelle à la tête de l’Afp ?
Absolument ! Ils sont contre cela et ils travaillent pour cela.
Qui sont ces responsables ?
Ce sont tous ceux qui profitent du système actuellement. Ce sont ceux qui travaillent directement avec Moustapha Niasse et qui sont dans son Cabinet comme conseillers techniques. Quand certains en arrivent à se demander qui est le N°2 du parti, cela vise à créer de l’amalgame au sein du parti.
Vous parliez tantôt de cabale orchestrée contre Malick Gakou ?
Malick Gakou jouit d’une popularité sans conteste à Dakar et dans les régions. Lors de ce meeting, les gens venaient de partout pour le voir et le saluer. Il n’y en avait que pour Malick Gakou. Les gens louaient sa générosité, son influence, sa disponibilité et certains sont même allés jusqu’à formuler des prières pour lui, afin qu’il devienne, un jour, Président. Quand il a pris la parole, la foule s’est mis à scander ceci : «Gakou, Président ! Gakou, Président !»
«Moustapha Niasse a fait cette sortie pour arrêter l’envol politique de Malick Gakou»
Donc, au sein même de l’Afp, l’aura de Gakou dérange ?
Oui ! Son aura et sa position de N°2, d’héritier naturel de l’Afp dérangent certaines personnes.
Le Secrétaire général de l’Afp a fait une sortie la semaine dernière disant que, jusqu’à son dernier souffle, il restera à la tête de l’Afp…
(Il coupe). Il a rectifié. Il y a eu une déclaration du Bureau politique disant que Moustapha Niasse n’avait pas dit qu’il restera jusqu’à son dernier souffle à la tête de l’Afp, mais plutôt qu’il va rester, jusqu’à son dernier, souffle un membre de l’Afp.
Ce sont les propos du Bureau politique et non les siens…
S’il a jugé nécessaire de dire au politique de rectifier… (Il ne termine pas). Le débat n’est pas là. Ce qui nous dérange, nous les jeunes du parti, ce n’est pas que Moustapha Niasse reste jusqu’à la fin de sa vie à la tête du parti. Ce qui nous dérange foncièrement, c’est qu’on dise que le parti n’aura pas de candidat à la Présidentielle de 2017. L’importance que prenait Malick Gakou commençait à faire grincer des dents au sein du parti. Et les caciques du parti craignaient que cela ne déteigne négativement sur les relations entre Macky et Moustapha Niasse. Je pense que c’est ce qui a poussé Niasse a faire précipitamment cette sortie qui n’avait pas sa raison d’être. A l’origine, le but du Bureau politique était d’évoquer la question des élections locales.
Comment analysez-vous cette sortie de Moustapha Niasse ?
C’est une sortie malheureuse, qui n’a pas son sens. Il y a quelque chose d’inavoué derrière cette sortie. Moustapha Niasse a dirigé le parti avec beaucoup de dignité et d’honneur. Niasse nous a toujours montré une certaine disponibilité et nous avons tous été surpris par sa sortie. Cette déclaration est irréfléchie, car elle s’est faite dans la précipitation. On ne peut pas dire que l’Afp n’aura jamais de candidat en 2017 car, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Il peut se passer beaucoup de choses d’ici 2017. Cette sortie a eu lieu au mauvais moment. Niasse a fait cette sortie pour arrêter l’envol politique de Malick Gakou. C’est une sortie ciblée et ses propos étaient destinés à Malick Gakou.
Votre sortie ressemble à un réquisitoire en faveur de Malick Gakou. N’êtes-vous pas un de ses bras armés ?
Non. Je me sens responsable de cette cabale contre Malick Gakou parce qu’elle est née lors de mon meeting. J’ai insisté pour qu’il vienne et j’ai l’impression qu’on a utilisé cette manifestation pour l’atteindre. Il garde le silence pour le moment mais, je crois fermement que Malick Gakou s’exprimera au moment opportun. Aujourd’hui, les gens ne comprennent pas cette sortie de Niasse, tellement ses relations avec Gakou sont étroites. Gakou et Niasse, c’est presque comme une relation filiale. Gakou a toujours dit qu’il doit tout à Niasse.
Avec ses soubresauts qui secouent votre parti, comment voyez-vous l’avenir de l’Afp ?
L’avenir du parti n’est pas compromis. L’Afp est un parti démocratique qui existe depuis 14 ans. Le Secrétaire général a tout donné au parti. Nous avons, derrière le Président, une jeunesse dynamique, bien formée, une jeunesse capable de reprendre le flambeau. Et aujourd’hui, l’avenir du parti est entre les mains des jeunes du parti.
Il a été fait état dernièrement dans la presse d’une entente secrète entre Macky et Niasse…
Je ne suis pas dans le secret des Dieux pour savoir s’il y a eu entente ou pas. Mais, je sais qu’il y a une cabale menée contre Gakou et cette cabale vise à tuer dans l’œuf les ambitions politiques de Gakou.
Par gfm.sn
Jaajeuf mouride
Voilà le Berouba Guissé qu’on connait depuis Kin. Il faut dire les choses telles qu’elles sans se caresser le dos. Waa dahira bi gnou gni laay niaanal bou bakh