Pour Bibo Bourgi, son ami d’enfance Karim Wade a été juste un facilitateur qui lui a recommandé Bara Tall, au ministre en charge des Transports aériens Mamadou Seck. Mais il a encore déclaré devant la Cour que Wade-fils n’avait rien à avoir avec ses sociétés.
Le prévenu avait le réflexe facile de créer des sociétés. Parfois, rien que pour un projet spécifique. C’est le cas, dit-il, de Dahlia Sa. Pour autant, l’implication de Karim Wade dans les affaires de Bibo Bourgi n’est pas significative, si l’on se fie aux déclarations pesées hier sur la balance de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Ibrahima Aboukhalil Bourgi a réfuté toute participation de son «ami d’enfance» dans le capital de ses sociétés. Selon ce complice présumé, Wade-fils lui a juste facilité des démarches. «Quand je voulais créer Ahs, Karim Wade m’a juste mis en rapport avec le ministre des Transports aériens. Je ne connaissais pas Mamadou Seck à l’époque», précise-t-il. En témoignant devant les juges, l’ancien président de l’Assemblée nationale a en effet soutenu que le fils de Abdoulaye Wade lui avait demandé d’aider ses amis d’enfance qui voulaient s’investir dans le handling, à l’aéroport Léopold Sédar Senghor.
Bara Tall, Bibo et Dahlia
Bibo Bourgi a par ailleurs indiqué que son ami, conseiller spécial à la présidence à l’époque, l’a recommandé au Directeur général de Jean Lefèbvre Sénégal, Bara Tall, pour la réalisation de digue de protection sur un terrain de 3300 m2 située sur la Corniche de Dakar et qui était victime de l’érosion côtière. «Bara Tall et moi avons créé la société Dahlia Sa pour gérer ce projet immobilier uniquement. On devait y construire trois villas. Au départ, Bara Tall avait 1% du capital. Ceci devait passer à 33% en contrepartie des travaux et une villa devait lui revenir», explique-t-il.
«Karim déjeûnait assez régulièrement chez moi»
Cependant, le prévenu a catégoriquement nié que Karim Wade l’a mis en rapport avec le ministre de l’Economie et des Finances Abdoulaye Diop, en 2004. «Je connaissais M. Diop personnellement. Je n’avais pas besoin de Karim Wade pour le rencontrer. J’ai appelé à son cabinet et j’ai obtenu un rendez-vous», souligne-t-il. Pourtant, l’entrepreneur a déploré avoir couru après un bail pour le terrain en question depuis l’an 2000 pour le compte de son autre société immobilière, Dahlia limited. En plus, il a su rencontrer le ministre des Finances à la suite des échanges avec Karim Wade sur Bara Tall.
«Je ne savais même pas si Karim avait un compte à Monaco»
La Cour lui a fait remarquer des coïncidences. Mamadou Pouye, Elimanel Diop, Karim Wade et Bibo Bourgi ont tous ouvert des comptes dans la banque Julius Bar basée dans la Principauté de Monaco. «Mais il n’y a pas eu une transaction financière entre mes comptes et celui de Karim Wade. Je ne savais même pas s’il a un compte à Monaco», réplique-t-il. Néanmoins, le prévenu a indiqué que son «ami d’enfance, Karim Wade» venait déjeûner «assez régulièrement» chez lui, à l’immeuble Abm, depuis son retour au pays, en 2002. «Son épouse est une amie. Elle a été aux côtés de ma mère pendant ses derniers jours». Le présumé complice a soutenu qu’il ignorait que Mamadou Pouye était aussi proche de Karim Wade lorsqu’il a commencé à collaborer avec lui. Qu’à cela ne tienne, il a été impliqué dans Ahs.
Le Quotidien