Il n’est point idée de regretter les prédécesseurs de monsieur Macky Sall,
mais les 5 ans de « Yokuté » promis ont renvoyé les populations à
l’indigence.
Bourses de sécurité familiale, couverture maladie universelle et tous les
moyens de la fondation de madame Mariéme Faye, n’auront suffit à
diluer la pauvreté ambiante.
Nous sommes bien loin des périodes durant lesquelles la gestion de l’Etat
était liée à une vision, quand bien même les hommes qui l’ont incarné
n’ont pas réussi à la concrétiser.
A la place d’un empêtrement, le président Macky Sall devait juste
dérouler son programme validé par 65% de Sénégalais. Il suffisait tout
simplement de respecter la parole donnée et d’incarner la frugalité et la
fermeté tant attendues; les bases d’une nation solide et résiliente étaient
déjà cimentées.
La conscience collective prête aux sacrifices inhérents à toute réforme
s’est délitée au fur et à mesure qu’elle ressentait une sorte de retour
vers le passé.
Rien n’a vraiment changé dans une ambiance de fragmentation des
fondements de notre Nation. Ni le système ni les hommes qui l’animent
n’ont évolué alors qu’il fallait au Sénégal une véritable transformation de
la quasi-totalité de ses supports politiques, économiques et
sociologiques. En lieu et place, les Sénégalais découvrent la répétition du
mensonge enrobé d’un excipient marron-beige. Il y’a une volonté
manifeste de déviance des acteurs politiques par l’utilisation des pouvoirs
publics à des fins personnelles ou familiales. Le principe actif ne soignera
pas le mal. Trop d’allergies, trop de révulsions!
Désespoir! la percée de APR/Yakaar et alliés a produit des
comportements contraires à la gouvernance sobre et vertueuse, aux
principes républicains, à l’impartialité des institutions, à la préservation
du bien commun.
Il s’en suit un sentiment de trahison et de vexation que le petit peuple
n’arrive plus à contenir. Difficile de supporter les insultes et menaces des
collaborateurs du Président, difficile de supporter la condescendance des
élus de la Nation qui méprisent les règles de fonctionnement des
institutions de Kanel à Wakhinane Nimzath-« Marché Bou Bess ».
Les jolis slogans de campagne, la patrie avant le parti, sont rapidement
devenus les artifices d’une perfidie au plus haut sommet de l’Etat.
Inquiétude! le citoyen oisif et errant est de plus en plus angoissé par le
mépris des amis et encartés du chef de la majorité. Inquiet lorsqu’il
entend les militants APR chanter en choeur l’existence supposée d’un
bilan positif sur la base d’un taux de croissance jamais égalé, 6,7%. Quel
citoyen tenaillé par la faim et suffoquant dans le vide des établissements
de santé va lire les courbes du ministre Amadou Bâ?
Le PUDC, le PRODAC sont certes de bonnes choses, ces projets et
programmes auront au moins permis la formalisation des méthodes
électoralistes de Senghor et Diouf. Néanmoins, ils restent naturellement
l’apanage de tout gouvernement, s’en glorifier n’est que le signal d’un
anthropomorphisme amplifié par l’absence de culture du résultat.
D’ailleurs, il serait réducteur d’arrêter le bilan aux simples services de
base. Dans un contexte de paupérisation, le résultat ne saurait être
positif vu l’état de dégradation des murs de l’émergence.
Les populations se nourrissent d’un repas par jour, nos femmes
accouchent sur des charrettes d’ânes, nos enfants reçoivent l’instruction
dans les 6000 abris provisoires dispersés ça et là, des milliers de
bacheliers sont désemparés par l’orientation vers l’échec, les hôpitaux
fonctionnent toujours à l’aspirine et au mercurochrome, le maintien de
l’ordre public devient une justice privée selon le chef de la police
nationale malgré la création de l’agence de sécurité de proximité.
Ceux et celles qui sont aujourd’hui chargés d’améliorer nos conditions de
vie omettent volontairement que près de 47% des administrés vivent
avec moins d’un dollar par jour, 52% des Sénégalais vivent juste avec un
peu plus d’un dollar par jour, la quasi-totalité des citoyens actifs sont des
travailleurs pauvres techniquement limités par la charge du quotidien.
Spontanément, dans les couloirs du palais ils ont le sentiment que le 1%
de riches que compte le Sénégal est une généralité.
Non chers dirigeants! Cet accès aux richesses est à généraliser afin que
votre auto-satisfaction soit partagée par une large majorité du peuple
que vous êtes censés servir sans calculs politiciens.
En effet, aucun gouvernement n’a réussi à résoudre le problème de la
répartition des richesses dans la mesure où toutes les stratégies de
développement économique et social ont eu en arrière plan des
stratégies d’enrichissement personnel des gouvernants.
Inquiétude si l’on y ajoute un arbitrage qui avantage systématiquement
les vieux au détriment des jeunes. L’errance du personnel politique, de
1960 à nos jours, d’une institution à une autre laisse le citoyen dubitatif
sur la volonté de rationalisation et de renouveau. La société sénégalaise
est en train de rater son entrée dans le groupe des pays émergents, pour
cause d’inadaptation de ses structures institutionnelles, économiques et
sociales.
Le Plan Sénégal Émergent est présenté comme une trouvaille
extraordinaire que nul ne peut dépasser. Les Sénégalais entendent
régulièrement une lecture du scénario optimiste du PSE. Or, cet outil
n’est pertinent que lorsqu’il est articulé aux fondements sociologiques et
économiques. Aujourd’hui nous vivons le scénario le plus pessimiste de
l’émergence. Il en est ainsi parce que les mandataires chargés de sa
mise en oeuvre sont très vite passés du PLAN A au PLAN Q: ce qui devait
aboutir à une amélioration des conditions de vie des Sénégalais est
devenu une loge dénommée « Les amis du mensonge d’Etat ». La
manipulation fonctionne à merveille par la vampirisation d’une grande
partie des forces d’alerte citoyenne (Médias, Société Civile, Institutions
de la foi, etc.).
L’Etat n’inspire plus le discours citoyen. Nous utilisons un langage
importé qui ne correspond pas aux réalités sociologiques. La démocratie
d’opinion est biaisée par les cadres intermédiaires et les médias qui ne
cessent d’amplifier les tensions partisanes.
La construction de la pensée patriotique est faite par des intellectuels
faussaires et des mutants politiques, tout ce qui les arrange est bon pour
la société entière. Nous aboutissons dans une forme de société réglée par
la corruption, l’avanie, la violence au mépris du bien universel.
Toutes les conditions d’une démocratie en décadence sont ainsi réunies.
Dans l’usage courant du pouvoir politique il y’a une allure de dictature qui
prend de plus en plus forme. Si nous n’y prenons grade, nous vivrons la
pire période d’usurpation de nos libertés, en l’occurrence, celle d’avoir le
choix de nos dirigeants. L’emprisonnement systématique des adversaires
politiques est la première révélation d’une prophétie auto-réalisatrice:Ô
peuple, « je réduirai cette opposition à sa plus simple expression »!
Le Sénégal est en danger. Face au désenchantement vis à vis des
politiciens professionnels, notons une accélération de la cadence pour
détruire toute forme de contestation et nous paierons le prix de notre
passivité. Dans ce tas de de ruine nous aurons enseveli notre dignité,
notre honneur et notre courage.
Le constat est d’autant plus inquiétant lorsqu’il laisse apparaître une
absence de détermination des « leaders d’opinion » et une complicité
mesurée des « stabilisateurs sociaux », champ libre est accordé aux pilleurs
de deniers publics et autres chasseurs de sinécures.
Le Sénégal mérite mieux que cela, notre Nation regorge d’hommes
intelligents et vertueux capables d’infléchir le mouvement.
Par contre c’est à nous, citoyens, de calibrer nos exigences par rapport à
nos souffrances. La Nature nous a fait la faveur de plusieurs ressources,
notamment pétrolières et gazières, nous devons en être les gardiens et
les bénéficiaires directs. Nous avons l’obligation de protéger notre pays
de la malédiction du pétrole en évitant d’en confier la gestion à des
trafiquants-héroïnomanes et autres « facilitateurs » indiscrets, prêts à user
des liens du sang pour exercer leur domination sur la société entière.
Par la force de notre conviction et de notre amour pour la patrie nous
devons porter le combat du « Mieux d’Etat » et du mieux être. Nous ne
pourrons certainement pas profiter de tous les bienfaits de notre lutte
mais nous laisserons aux générations futures un pays fort et juste
capable de faire face aux enjeux du monde post-moderne.
L’espoir est permis.
Abdoul Moutalib
Coordonnateur ACT Bordeaux Métropole
Bilan d’un citoyen inquiet. Par Abdoul Moutalib Diouf
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