Bissau ordonne l’expulsion du chef du bureau de la radio-télévision
portugaise
Fernando Gomes et son épouse bissau guinéenne et leurs enfants ont déjà la valise prête, ils doivent abandonner le pays vendredi par vol régulier de TAP-Air Portugal. Les autorités bissau-guinéennes ont ordonné l’expulsion du chef du bureau de la Radio-télévision portugaise (RTP, publique) à Bissau auquel elles reprochent des « reportages hostiles » au gouvernement de transition du pays
Le ministère de la Communication a envoyé lundi au chef de la RTP à Bissau,
Fernando Gomes, une lettre lui intimant l’ordre de quitter le pays dans la
semaine. Les autorités disent ne pas être en mesure de garantir sa sécurité.
IL est reproché à M. Gomes ses « reportages hostiles » au gouvernement de transition issu du coup d’Etat militaire du 12 avril, qui a renversé le régime du Premier ministre Carlos Gomes Junior, entre deux tours de l’élection présidentielle.
Fernando Gomes, en poste à Bissau depuis mars 2011 s’en va, le coeur gros, lui qui a pris femme dans le pays de Cabral, une manière de mieux s’intégrer. Il a fait ses adieux au personnel de la RTP.
« Depuis le coup d’Etat du 12 avril, nos relations avec le nouveau régime
sont difficiles. A plusieurs reprises, les autorités de transition, à
commencer par le ministre (bissau-guinéen de la Communication) lui-même, ont
fait des reproches à propos des éléments diffusés sur les antennes de
RTP-Africa concernant la Guinée-Bissau. Ils estiment que cette chaîne véhicule
des images négatives du pays et de ses dirigeants », a expliqué un
journaliste de la RTP à Bissau sous couvert de l’anonymat.
« M. Gomes n’a fait que son travail. Il a été plusieurs fois houspillé ou
insulté par des soldats lors de reportages », a indiqué un autre journaliste de
la même chaîne.
Le chef de la RTP à Bissau avait notamment été pris à partie le 27 octobre au siège de l’Etat major où il a couvert l’arrestation du capitaine Pensau N’Tchama, cerveau présumé de l’attaque d’une caserne le 21 octobre dans la capitale.
Cette attaque contre une caserne de l’unité d’élite des « Bérets rouges » à
Bissau, repoussée, avait fait sept morts, dont six des assaillants.
Les autorités de transition ont accusé le Portugal – ancienne puissance
coloniale – d’être derrière l’attaque, dans le but de remettre au pouvoir
l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior.
Les auteurs du putsch du 12 avril avaient ensuite rendu le pouvoir à des
civils, après la signature avec eux d’un accord sur la mise en place
d’autorités de transition, dirigées par le président Manuel Serifo Nhamadjo.
Le capitaine N’Tchama, membre des « Bérets rouges », est considéré comme un
proche de Carlos Gomes Junior. Il était à la tête du commando qui avait
assassiné en 2009 le président Joao Bernardo Vieira, quelques heures après
l’assassinat du chef d’état-major des forces armées, Batista Tagmé Na Waie.