Un sous-officier est éclaboussé dans un dossier judiciaire de blanchiment d’argent. Cueilli par la Section Recherches de la Gendarmerie, exécutant une délégation judiciaire du premier cabinet, le sergent Cheikh Oumar P. a été libéré avant-hier après sa présentation au juge. Au vu de ses fonctions, un ordre de poursuite est nécessaire à son inculpation. Interpellé en même temps que lui, le nommé Mamour G, proche parent du mis en cause principal, a été finalement inculpé et placé sous mandat de dépôt hier après sa présentation au juge.
À ce rythme, on peut dire que la lutte contre le blanchiment d’argent est bien devenue une réalité au Sénégal. Récemment, nous évoquions l’affaire qui impliquait la société « Eximport développement ». Le dossier, piloté par le premier cabinet d’instruction, a connu un développement retentissant, il y a de cela trois jours. En effet, le magistrat instructeur avait fait une délégation judiciaire à la section recherches de la gendarmerie nationale pour conduire en son cabinet les complices présumés de Yakham D., responsable de la société, religieux de son état, inculpé et placé sous mandat de dépôt pour blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture de banque et tentative d’escroquerie avant qu’il ne bénéficie récemment d’une liberté provisoire. À la suite d’un réquisitoire supplétif du parquet qui visait dans un premier temps Yakham D. et X, les hommes du lieutenant-colonel Moussa Fall, saisis par délégation, ont mis la main sur Mamour G. et Cheikh Oumar P. C’est avant-hier que Cheikh Oumar P., cueilli chez lui, a été présenté au juge.
Les investigations ont démontré que Cheikh Oumar P. était un sergent de l’armée ! Du coup, le juge a procédé à sa libération et pour cause. Pour l’inculper, il faudrait que sa hiérarchie, dûment informée, soit saisie pour un ordre de poursuite. En attendant la réclamation de cet ordre, qui devrait se faire dans les prochains jours, le sergent P. a été remis en liberté après avoir laissé toutes ses coordonnées. Ce qui n’a pas été le cas pour Mamour G., proche parent du mis en cause principal, inculpé et placé sous mandat de dépôt hier pour complicité de blanchiment d’argent après sa conduite au cabinet du juge.
C’est à l’honneur de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) que cette affaire a pu éclater. En effet, Yakham D. avait créé une structure, « Eximport developpement » pour, à travers des manœuvres frauduleuses avec des « projets agricoles » en arrière-fond, passer au-delà des barrières bancaires pour empocher un chèque d’un milliard de Fcfa à l’origine très douteuse ! L’affaire a semblé bizarre aux yeux de la banque qui a fait une déclaration de soupçon auprès de la Centif. À la suite d’investigations poussées, la Centif a pu établir le délit de blanchiment d’argent contre Yakham D., avant de saisir le parquet de Dakar. Le ministère public s’est empressé d’ouvrir une information judiciaire contre Yakham D. et X, avant de revenir à la charge à travers un supplétif.
C. M. G
Le ministère de la Justice à 100 à l’heure
Le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop avait promis, lors de sa visite à Washington, que les autorités judiciaires n’auraient aucune pitié envers les personnes impliquées dans des affaires de blanchiment d’argent. Le moins que l’on puisse dire est que le ministère de la Justice passe à la vitesse supérieure. Les juridictions compétentes ont été, selon nos informations, instruites de boucler dans les meilleurs délais tous les dossiers pendant de blanchiment d’argent. Comme nous le révélions, à côté des rapports récemment transmis par la Centif, dont l’un met en cause un notaire, 40 dossiers de blanchiment sont présentement en instruction dans les différents cabinets de Dakar. Ce que le Garde des Sceaux avait confirmé, non sans ajouter que cinq ou six dossiers du même genre, seront jugés ce mois-ci.
C.M.G
lasquotidien.info