Les négociations entre Dakar et Banjul, dimanche dernier, ont abouti au retour des tarifs initiaux de la traversée du bac gambien qui assure la liaison entre les deux rives du fleuve. Ce ‘’retour à la normale’’ des tarifs du ferry ne règle pas pour autant les problèmes à l’origine de la tension entre les deux pays. Les transporteurs sénégalais se radicalisent alors que les deux parties doivent officiellement se retrouver en juillet. Pire, le dictateur gambien a encore jeté de l’huile sur le feu au lendemain des pourparlers du King-Fahd Palace.
Recevant en effet, le jour de la Pentecôte, à Banjul son homologue guinéen Alpha Condé, qui s’est posé en médiateur entre les deux pays, Yaya Jammeh a déclaré qui si cela ne tenait qu’à lui, le blocus pourrait continuer. ‘’Ils (les dirigeants du Sénégal) ont fermé la frontière, je ne vais pas négocier avec eux, parce que ce n’est pas la première fois qu’ils le font’’, dixit le président gambien qui expliquait sa nouvelle position sur les conseils de son homologue guinéen venu ‘’l’encourager’’ à faire la paix avec le Sénégal.
De leur côté, les transporteurs sénégalais, par la voix de Pape Seydou Dianko, ont remis sur la table ‘’la question du pont’’, décidés qu’ils sont à en finir avec les tracasseries de toutes sortes qu’ils subissent en traversant la Gambie. ‘’On avait un problème avec Yaya Jammeh. On a entendu parler de négociations entre les autorités gambiennes et sénégalaises ; on est d’accord parce qu’on est dans une République’’, a déclaré le secrétaire général des Transporteurs routiers de Fatick.
Toutefois, Pape Seydou Dianko, par ailleurs maire de Toubacouta, a été sans concession ce mardi 17 mai sur les ondes de la Rfm : ‘’On veut la construction d’un pont’’, a-t-il résumé. Il a précisé sur ce point que depuis des mois, ils entendent que Yaya Jammeh a dit niet. ‘’Maintenant, si le gouvernement accepte de régler le problème sans consulter les transporteurs, nous, on maintient notre position’’, a-t-il insisté.
Le blocus impose aux voyageurs un détour de près de plusieurs centaines de km, via Tambacounda et Kolda, pour rejoindre Ziguinchor et la Guinée-Bissau. Les commerçants et consommateurs de la Casamance et de la Guinée-Bissau subissent de plein fouet les effets de la fermeture de la frontière. Asphyxié économiquement, le président Jammeh doit aussi faire face à une levée de boucliers contre son régime venue de plusieurs organisations internationales et une opposition ragaillardie malgré les arrestations, tortures et assassinats.
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