Le concept de boutique de référence lancé en grande pompe par le président de la République et son ministère du commerce renferme une pratique anticoncurrentielle qui ne dit pas son nom. Des chercheurs ont levé le coin du voile hier, mardi 6 avril dans le cadre de la réunion organisée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) et le Consumer Unity & Trust society (Cuts International).
Les boutiques de référence ne constituent-elles pas une nébuleuse ? C’est la question qu’on s’est posée après avoir pris connaissance des résultats de l’étude restituée hier et qui a été réalisée dans le cadre du projet de recherche sur la concurrence au Sénégal « Vers des régimes efficients de la concurrence par le renforcement des capacités dans des pays sélectionnés d’Afrique de l’Ouest » (Projet 7Up4).
Les boutiques de référence ont été mises en place dans un contexte de crise économique et alimentaire. Elles ont été initiées pour permettre d’avoir un certain contrôle sur les prix qui y sont affichés. Le représentant de l’Ascosen à la troisième réunion du Groupe national de référence où l’étude a été restituée, souligne que « l’arrivée des magasins de référence n’a rien changée parce que d’ailleurs elles ne respectent même plus les prix affichés ».
Ce qui, selon Momar Cissé, « témoigne du manque de culture de concurrence au Sénégal ». Les chercheurs qui, dans le cadre de cette étude, ont travaillé sur la prédominance des pratiques anticoncurrentielles et leurs effets négatifs pour le consommateur ont découvert, au fil du temps, soulignent qu’il est apparu, en réalité que le contrôle des prix qui étaient appliqués au niveau des magasins de référence ne joue plus. Pour cause, les boutiques en question pratiquent exactement les mêmes prix que les autres que l’on retrouve dans un quartier déterminé.
Le coordonnateur du projet de recherche sur la concurrence au Sénégal Projet 7Up4, Mbissane Ngom, souligne que : « Particulièrement et singulièrement, parmi ces boutiques de référence, il y a un groupe de distribution qui est derrière une de ces boutiques de référence ».
De ce point de vue, a-t-il poursuivi, « il y a un problème au niveau de la concurrence parce que tout simplement la question que nous posons c’est de savoir : si en homologuant les prix pratiqués par une boutique de référence, est ce qu’il n’y a pas un appui donné à ce groupe économique qui est derrière ces boutiques de référence. Parce que ce sont ses produits qui risquent de se retrouver dans ses boutiques de références ». « Si le ministère du commerce dit qu’il faut aller vers telle boutique de référence, n’y a-t-il pas derrière une indication pour aller vers les produits fabriqués par d’autres entités de ce même groupe et distribués par ses réseaux de distribution », s’est-il demandé.
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