L’ancien président du Burkina Faso vit en exil à Abidjan depuis 2014. Ce jeudi 7 juillet 2022, un avion a été mis à sa disposition par les autorités ivoiriennes. Blaise Compaoré doit assister, ce vendredi, à la rencontre des anciens chefs d’État : Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida et Jean-Baptiste Ouédraogo y prendront aussi part. Ils évoqueront, selon un communiqué des autorités, « les intérêts supérieurs de la nation ».
L’avion transportant l’ancien président s’est posé peu avant 14h (heure locale) sur la base militaire de Ouagadougou, où l’attendait un hélicoptère. C’est à bord de cet appareil d’ailleurs qu’il a été transféré à la présidence du Faso. Quelques minutes après son départ, une ambulance et plusieurs véhicules des forces armées ont quitté la base aérienne et ont pris également la direction du quartier Ouaga 2000, rapporte Yaya Boudani, correspondant d’ Rfi à Ouagadougou.
Selon lui, De nombreux sympathisants de l’ex-président qui avaient effectué le déplacement ont été empêchés de l’aéroport pour des questions de sécurité, selon les forces de sécurité intérieure. Cela s’est passé sans heurts. À l’aide de tee-shirts, banderoles et chants à l’honneur de Blaise Compaoré, ils sont venus apporter leur soutien à l’ex-président, huit ans après sa chute. « C’est un jour historique pour nous, notre président rentre au pays », lance un manifestant. « Nous disons merci au président Damiba, pour ce grand geste pour que la paix revienne au pays », crie une femme.
Quant à ses démêlés judiciaires, les partisans estiment qu’il faut penser d’abord à la paix. Blaise Compaoré participera ce vendredi à une rencontre avec d’autres anciens chefs d’État sur la crise sécuritaire et la réconciliation nationale au Burkina Faso.
Ce voyage avait été préparé au millimètre en amont entre la présidence ivoirienne et le régime de transition burkinabè. Cela fait longtemps que des discussions ont lieu entre Ouagadougou et Abidjan pour envisager un retour de Blaise Compaoré dans son pays. Un retour compromis par le putsch de janvier, puis par le procès Sankara et la condamnation de Compaoré à la prison à vie.
Cela étant dit, la junte a relancé ce dossier de la réconciliation et repris contact avec la Côte d’Ivoire sur le cas Compaoré. Tout s’est d’ailleurs accéléré le week-end dernier. En arrivant à Accra pour le sommet de la Cédéao, Alassane Ouattara reçoit un émissaire de Ouagadougou, le ministre d’État chargé de la Réconciliation, Yéro Boly qui l’informe de la tenue prochaine de cette fameuse rencontre des anciens chefs d’État, dans le cadre d’un processus de réconciliation.
Ensuite, de nombreux contacts ont été pris ces derniers jours. Alassane Ouattara a dépêché des émissaires dans la capitale burkinabè. Pour le président ivoirien, il fallait s’assurer que Blaise Compaoré, condamné donc à la prison à vie dans le procès Sankara en avril, ne risque rien en foulant le sol de son pays.
« C’est un acte de réconciliation nationale de grande portée, indique une source à la présidence ivoirienne. Le président Compaoré ne craint rien en rentrant. Toutes les assurances ont été données pour que sa sécurité et sa dignité soient sauves », ajoute-t-elle.
Un retour au pays qui n’est pas définitif. Selon nos informations, il rentrera dimanche au plus tard à Abidjan.