Photo: Mama Sakho est l’une des dix Dakaroises privilégiées qui ont pu acquérir l’une des Chery QQ offertes par le programme gouvernemental de Dakar.
Au motif d’assurer la sécurité de leurs passagères, les taxis exploités par et pour des femmes se multiplient de par le monde, de Londres à Beyrouth, de Tokyo à Moscou. Mais dans la capitale sénégalaise, la raison d’être de ces taxis est tout autre: encourager l’entrepreneuriat au féminin. «La parité hommes-femmes est un objectif du président [Abdoulaye] Wade, fait remarquer Mama Sakho, une des « taxi sisters » de Dakar. Sa devise est d’ailleurs: « Ce que l’homme peut, la femme le peut aussi. »»
Lancé en 2007, le programme gouvernemental des «taxi sisters» a permis à 10 Dakaroises d’acquérir chacune une Chery QQ, une petite voiture de marque chinoise, pour devenir chauffeur de taxi. «Comme le travail est rare, plus de 1000 candidates ont postulé, dit la jeune trentenaire. Nous avons été finalement choisies pour notre gentillesse et notre connaissance de l’anglais au terme de longues auditions.» Un cours de conduite automobile et d’autodéfense plus tard, les dix élues recevaient les clés d’un véhicule neuf, tout en s’engageant à en rembourser le coût (8 750 000 francs cfa, 17 000 $) en cinq ans. «Mais on ne nous fatigue pas trop avec les versements, vu la crise économique», dit-elle.
Garée au Novotel du centre-ville, Mme Sakho véhicule surtout les clients de l’hôtel, essentiellement français. «Ils nous aiment bien, dit-elle, car nos voitures sont propres et nous discutons bien. En fait, il n’y a que les « taximen » qui ne nous aiment pas, mais la mentalité change.» Autrement, comme ses collègues, elle ne cueille sa clientèle que sur appel et que le jour, une façon d’assurer sa sécurité. «Mais je ne pense pas trop à ça, chaque métier a ses risques. Moi, j’adore le mien, qui me permet de gagner ma vie correctement tout en étant ma propre patronne.» Même qu’une fois cette voiture remboursée, Mama Sakho envisage d’en acheter une deuxième et de faire travailler une autre femme. Ainsi, le projet modeste du président Wade pourrait faire des petits…
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