Les fidèles venus participer à la 36e édition du magal des deux rakaas de Serigne Touba n’oublieront pas de si tôt la cérémonie officielle, qui s’est tenue à la place Faidherbe, hier. Entre le discours du ministre le l’Intérieur, perturbé par les pèlerins, l’absence de la famille du parrain et la tentative de priver le maire de Saint-Louis de parole, les pèlerins ont eu droit à une véritable cacophonie, pour cette édition. Le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom a eu la désagréable surprise de voir son discours perturbé par une partie des fidèles, venus participer à la prière des deux rakaas de Saint-Louis. Ces fidèles, las d’attendre sous la chaleur et d’écouter le discours officiel de Me Ngom, alors qu’il était 17 heures passées de 8 minutes, ont tout simplement scandé en chœur : «Nous voulons prier, nous voulons prier…» Obligeant ainsi le représentant du chef de l’Etat à arrêter son discours, pour préciser à l’endroit de ces derniers, qu’il parlait sous l’autorité de Serigne Mame Mor Mbacké. «Je pouvais venir et dire merci à Serigne Touba et rendre le micro, mais c’est le marabout qui m’a demandé de prendre la parole», se justifie-t-il.
Prenant la parole à la suite de Me Ousmane Ngom, le marabout Serigne Mame Mor Mbacké prendra pratiquement sa défense, en demandant solennellement à tous les fidèles qui ont la conviction que, celui qui prie après 17 heures n’est pas en règle avec les prescriptions divines, de quitter les lieux. Poursuivant son propos, il demandera aux fidèles d’être plus disciplinés à l’avenir. L’autre fait marquant de cette édition reste l’absence remarquée de la famille du parrain, malgré la présence de Serigne Mourtada Mbacké, un des fils de Serigne Saliou, qui était là, selon des informations que nous avons reçues, à titre personnel.
Cette absence est d’autant plus remarquée que, le président de kureel en annonçant les orateurs, s’est excusé auprès de la famille du parrain qui, officiellement, ne devait pas prendre la parole pour des raisons liées au retard sur le programme. L’irréparable a cependant été évité lorsque le président du kureel a annoncé que le maire de la ville pour les mêmes raisons, sera privé de parole. Une décision que Cheikh Bamba Dièye n’a pas acceptée, menaçant même de quitter la tribune. Il a fallu quelques échanges de propos entre ce dernier et le kureel, avant que la parole ne lui soit donnée.
BAMBA DIEYE ACCUSE MADICKE NIANG D’AVOIR POLITISE LE MAGAL
Devant la presse qu’il a convoquée juste après la cérémonie, le maire de Saint-Louis, Cheikh Bamba Dièye a protesté, avec la dernière énergie, contre ce qu’il a qualifié de cabale contre lui, accusant par la même occasion le ministre d’Etat, Madické Niang et le président du kureel, d’avoir politisé le magal des deux rakaas en tentant de le priver de parole. «Je vous ai appelés pour protester contre des attitudes qui, pour moi, sont d’un autre âge. Ce qui s’est passé aujourd’hui, lors de cette cérémonie du 5 septembre, je me suis rendu compte que des éléments du gouvernement sénégalais, en l’occurrence le ministre Madické Niang et le président du kureel se sont ligués pour exclure la commune de Saint-Louis de la prise de parole, en l’occurrence moi-même», a déclaré Cheikh Bamba Dièye, qui s’est en outre offusqué du fait que, des membres du gouvernement aient tenté de décider du choix des orateurs.
Le maire de Saint-Louis qui a également déclaré avoir été averti de cette «cabale», a mis en garde le gouvernement libéral qui, dans la perspective de la Présidentielle de 2012, cherche à le nuire, en lui mettant des bâtons dans les roues. Mais, a-t-il tenu à avertir : «Je ne suis pas le dernier venu en politique et tant que je serais maire de Saint-Louis, je ne me laisserai pas faire.» Avant d’ajouter à l’endroit des Libéraux : «2012 ne se règle pas le 5 septembre. Serigne Touba était un rassembleur et jamais le magal ne sera partisan.»
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