Les cinq prières journalières, prévues par le rituel islamique, sont annoncées par l’appel à la prière, hurlé du haut des minarets par les muezzins des diverses mosquées, et diffusé simultanément au moyen de haut-parleurs. Ce qui fait que l’usage extensif des haut-parleurs pour la diffusion d’autres éléments du rituel, comme le sermon du vendredi, que l’imam prononce habituellement à l’intérieur même de la mosquée, nécessite un bon rationnement de l’électricité pour ne pas rendre aphone Bilal, le muezzin. Des coupures qui toutefois font le bonheur de ceux dont le repos est perturbé par ces récitals diffusés entre les appels pour la prière de Fadjr. Le plus distrait des fidèles se bousculant à l‘entrée de la cour de la grande mosquée de Castors, en cet-après midi de vendredi, ne peut pas ne pas remarquer la présence du groupe électrogène qui jouxte les murs de ce lieu de prières. La présence de cette machine dans la cour intérieure est dictée par les coupures intempestives d’électricité. «Même étant hors délestage, on préfère laisser le groupe électrogène en marche pour ne pas être trahi par des coupures qui interviennent des fois en milieu de prière», explique l’imam de cette mosquée, Ibrahima Pouye.
Un tour dans d’autres mosquées comme celles de Dieuppeul, des Sicap-Liberté et alentours permet de rendre compte que le groupe électrogène n’est plus un luxe pour ces lieux de prières qui s’en dotent pour que les bilals ne passent pas en mode silencieux. Ainsi, les coupures intempestives d’électricité, outre leurs effets sur l’économie et le bien-être, réduisent aussi l’affluence dans les mosquées.
En effet, l’on constate de plus en plus que les mosquées désemplissent le soir, faute de lumière et de sonorisation pour amplifier l’appel à la prière. «Vous savez, de plus en plus qu’une personne prend de l’âge, son champ de vision est réduit. Et les personnes qui fréquentent la mosquée sont en majorité du troisième âge. Ainsi, certains fidèles, pour des raisons sécuritaires et pour cause de moindre portée de l’appel à la prière, préfèrent rester chez eux pour prier», explique l’imam de la mosquée de Castors. «Depuis le début des délestages, notre mosquée ne cesse de se désemplir. Il n’y a pas de lumière, donc pas de fidèles», déplore l’imam.
A Castors, Dieuppeul, Sicap, Sacré-Cœur et aux Hlm et ses alentours, il est de plus en plus rare que les fidèles soient réveillés à 5 heures du matin par un haut-parleur hurlant du haut des minarets des mosquées. Les délestages ont presque mis fin à la cacophonie qu’on notait dans les quartiers avec les différents appels qui résonnaient parfois, bien avant l’aube. Résultats : «Les fidèles ne viennent plus», indique le vieux Mamadou Ndiaye, muezzin de la mosquée de Castors. C’est aussi valable pour l’appel du muezzin aux autres heures de prière ainsi que pour le sermon du vendredi. «Il nous arrive souvent d’avoir des coupures pendant qu’on effectue l’appel à la prière», témoigne-t-il.
RAS-LE-BOL
Imam Cheikh Takha Diop de la grande mosquée de Niarry Tally ajoute : «Nous avons mainte fois contacté des responsables de la Senelec pour leur faire part de notre colère. Les coupures d’électricité sont exagérées à Niarry Tally et menacent gravement nos différentes prières.» C’est que faute d’électricité, les muezzins doivent fournir beaucoup plus d’efforts pour se faire entendre par l’assemblée. De quoi donner du fil à retordre à ces bilals qui se retrouvent debout, devant la porte des mosquées, afin de mieux se faire entendre. «Le temple est grand et lorsqu’on procède à l’appel de la prière sans micro, les fidèles ont du mal à entendre l’appel», déplore Mamadou Ndiaye, muezzin de la mosquée de Castors. «Le gros problème que nous avons avec les délestages, c’est que pendant l’appel, puisqu’il n’y a pas de courant, la voix du muezzin ne peut pas porter très loin, à moins qu’il ait une voix pédagogique», poursuit-il. L’imam Ibrahima Pouye argumente : «Le muezzin ne peut plus faire l’appel à la prière à haute voix, de peur qu’il irrite ses cordes vocales. Sans le micro, sa tâche devient ardue parce qu’il doit s’égosiller pour se faire entendre. On est souvent obligés de faire les prières en se passant de ses services.»
A la grande mosquée de Niarry Tally, imam et muezzin ont du mal à contenir leur colère. Des personnes âgées, trouvées dans la cour, sous un arbre, pestent : «Les délestages n’épargnent aucune localité et constituent un véritable calvaire pour ceux qui fréquentent la mosquée». «Nous exigeons le retour à la normale et le plus tôt sera le mieux. Vraiment nous sommes fatigués», martèle un vieux l’air fort irrité.
Une colère accentuée par le fait que pour la plupart des mosquées utilisant un groupe électrogène, ce sont les fidèles qui se cotisent pour l’achat du carburant. «Chaque vendredi, les fidèles sont interpellés pour l’achat de carburant pour le groupe électrogène dont nous disposons», raconte le muezzin de la mosquée de Castors.
Pour les mosquées qui ne disposent pas de groupe électrogène, les lampes à piles et des bougies sont sollicitées lors des prières. «C’est à la lumière des lampes et parfois des bougies que nous faisons la prière quand le courant est coupé. Il nous arrive souvent que les délestages interviennent durant les prières», raconte un fidèle de la mosquée de Usine Ben Tally.
CE SON QUI DERANGE
Par ailleurs, les coupures de courant ont un impact positif : c’est moins de nuisance sonore pour certains, surtout ceux qui maintenant arrivent à dormir en paix jusqu’à l’heure à laquelle ils souhaitent se réveiller. Ils ne sont plus dérangés par ces haut-parleurs qui diffusent des versets du Coran après le premier appel jusqu’à la prière du fadjr. Ce qui peut prendre deux bonnes heures et qui n’irrite pas seulement des riverains de confession chrétienne, mais aussi beaucoup de riverains musulmans.
Certains interlocuteurs estiment que les coupoles des mosquées qui distillent des sourates après le premier appel (qui peut se faire à 4h 30mn du matin), les «empêchent de dormir correctement». «C’est une ingérence inacceptable dans la vie des gens et dans notre liberté de culte. Il faut reconnaître que l’Islam n’est pas une religion contraignante», déclare Cheikh Diallo, qui souhaite que les mosquées diffusent les récitals de Coran avec un son moins puissant. «Nous sommes tous des musulmans pratiquants», rappelle M. Diallo qui vit à Castors.
Serigne Kéba Wade, mouhadam de El Hadji Ibrahima Niass dit Baye, pour sa part, estime que «le fait de diffuser, à travers des haut-parleurs, des sourates du Saint Coran après l’appel à la prière du fadjr est une sunna ou innovation». «Ce n’est pas une recommandation du Saint Coran. A la Mecque, un peu avant l’heure, des mosquées diffusent des sourates, afin de réveiller celui qui est endormi. Mais, cela n’existait pas auparavant», explique M. Wade, par ailleurs maître coranique. Ce dernier demande à ce que les haut-parleurs distillant des versets du Coran soient baissés de quelques décibels. «Il faut aussi respecter le repos des personnes qui peuvent même être souffrantes», indique le maître coranique.
LES RAISONS DU PREMIER APPEL
Il révèle, en outre, que le Prophète Mohamed (Psl) a rapporté à propos des mérites de l’appel à la prière et du muezzin plusieurs hadiths. L’appel à la prière, explique-t-il, est une formule spéciale qui a pour but d’annoncer l’arrivée de l’heure de la prière. Cette action nommée Adhan (en arabe), dit-il, est un devoir ou un acte aimable et préférable.
Moussa Fall, imam de la mosquée de la Cité des Eaux à Castors pense que «si les hommes savaient ce qu’il y a comme mérite dans l’appel à la prière et l’écoute des versets du Saint Coran, puis ne trouvaient que le tirage au sort comme moyen pour le faire, ils auraient tiré au sort». L’imam rappelle que l‘appel à la prière a lieu au début des heures fixées, «et on ne doit pas l’avancer ni le retarder». «Pour la prière de l’aube il est permis de le faire avant le début de l’heure fixée. Mais il faut faire la distinction entre le premier appel et le deuxième pour ne pas tomber dans l’ambiguïté», indique imam Moussa Fall. Aussi, précise-t-il, le fait d‘avancer l’appel à la prière de l’aube avant l’heure fixée, est justifié par un hadith. «Il faut que le temps qui sépare l’appel à la prière et son exécution soit suffisant pour que les fidèles aient le temps de se préparer et d’assister à la prière ; car c’est le but de l’appel.»
lequotidien.sn
Les gens qui veulent prier n,ont pas besoin d,etre appeles. Tout le monde dispose de moyens pour connaitre les heures de priere. Comme l,auteur de l,article le dit si bien, les radios et autres ne font que deranger ceux qui aspirent a un repos parfois necessaires. Nos freres chretiens pratiquent leur culte sans tambour ni trompette.