XALIMANEWS- Dernièrement, le concours général a permis de poser sur la table des autorités, nombre de questions concernant l’école sénégalaise. Ce rendez-vous de l’excellence, suscitant l’intérêt de tous les acteurs de l’éducation, a été, pour cette année, au regard du nombre de lauréats, un lieu de satisfaction, d’innovations et de débats. Après la question du voile, soulevée par le Premier ministre, il a été rapporté, sur les réseaux sociaux, la problématique de l’organisation même du concours général « avec son lot de frustrés », selon certains, portant une avalanche d’injustices, quant au niveau des élèves qui y participent et surtout leur appartenance scolaire.
« Comment des élèves qui sont sélectionnés après des concours très sélectifs, logés, nourris, avec des professeurs bien choisis peuvent compétir avec des élèves du reste du pays ? Le seul lycée qui n’a pas les mêmes faveurs que Prytanée Militaire, Lycée d’excellence et Mariama Bâ et qui fait partie de ce groupe, c’est le lycée Seydina Limamou Laye de Guédiawaye. Mais cette école a des classes pilotes qui sont dédiées au concours général. Et pourtant au Baccalauréat 2024 des élèves qui n’ont pas, eux, les faveurs qu’on ceux des établissements cités, sont admis avec des mentions TRÈS BIEN.», peste un activiste au lendemain de la remise des prix aux lauréats du concours général 2024.
Il faut dire que le concours général est ouvert à tous les élèves des lycées du Sénégal, régulièrement inscrits en classe de Première et Terminale. Tel que libellé par le ministère de l’Education nationale qui organise et valide la démarche par ses différentes instances. Ainsi, les Inspections d’académie (IA) sont chargées d’informer les établissements d’enseignement secondaires privés et publics de l’ouverture du concours, de sa date de tenue et des conditions.
« Pour participer à ce prestigieux concours, les candidats doivent impérativement afficher une moyenne générale semestrielle d’au moins 12/20, assortie d’une moyenne minimale de 14/20 dans la discipline choisie. Leur performance lors des épreuves écrites et orales déterminera ensuite l’attribution de distinctions, conformément à l’arrêté n° 003735 du 20 février 2018 », renseigne le ministère de l’Education nationale.
A ce stade, les responsables d’établissements, notamment les proviseurs, sont tenus de sélectionner leurs élèves, sous réserve que ces derniers, choisis le plus souvent par leur professeur, aient « un cursus parfait depuis la seconde et notamment, sans redoublement depuis le second cycle ». Le concours général sénégalais a, également, toujours exigé que les candidats ne dépassent pas l’âge limite, c’est-à-dire 21 ans pour les classes de Première et 22 ans pour les Terminale.
Ce dernier aspect peut disqualifier certains candidats et décourager certaines écoles privées (qui accueillent souvent des candidats relativement âgés) et encore, des lycées de certaines régions et zones lointaines du Sénégal où l’âge de la scolarité peut être différé.
Dans un cas ou dans un autre, la polémique, sur un concours ouvert uniquement à certaine élite, peut ne pas s’avérer très juste si l’on réfère, notamment, à des éditions qui ont vu des candidats des lycées de Ndande, Thiaroye, Yeumbeul, entre autres, décrocher des prix au grand bonheur des établissements qui les ont présentés.
En effet, en 2021, au moment où les lycées dits d’élite, à l’image du Prytanée militaire, Mariama Ba et lycée d’excellence de Diourbel, ont brillé par leur absence sur certaines matières, dont les premiers prix n’étaient d’ailleurs pas décernés, ce sont des lycées comme l’institut d’éducation Amadou Sow Ndiaye qui s’étaient fait remarquer. Sorti de nulle part, cet établissement avait eu le seul prix de français pour les élèves de Terminale, entre autres, distinctions.
S’en suit ensuite, une vague d’ovations pour les candidats des écoles Saldia, des lycées franco-arabes de Kaolack et de Yeumbeul, ainsi que l’école privée Birago Diop qui avaient tous obtenu les prix « manqués » par les traditionnels lauréats des lycées d’excellence de Diourbel, Mariama Ba et du Prytanée militaire de Saint-Louis.
Mais qu’en est-il des autres, oubliés dans les plus lointaines contrées du Sénégal ? Ils n’auront, peut-être, jamais la chance d’être ovationnés. Et pourtant, les résultats du baccalauréat ont, tantôt, montré un nid d’excellence à l’intérieur du pays avec des notes qui dépassent, parfois, la meilleure du concours général. On se demande, concrètement, si « tout le monde » participe à ce concours.
« Bien sûr que tous, ceux qui ont été présentés par leurs établissements et remplissent les conditions, participent. Le constat est que les candidats des lycées dits d’élite sont, en quelque sorte, mieux préparés que les autres, surtout dans les matières scientifiques. C’est une certaine notoriété qui est entretenue par les établissements eux-mêmes. C’est surtout un choix, pour l’établissement, de vouloir se positionner ; celui-ci est suivi d’un travail de longue haleine et qui va jusqu’au choix du profil des élèves », commente un professeur de mathématiques chevronné qui officie dans un lycée de la banlieue.
Et d’ajouter : « Et on en veut d’ailleurs pour preuve la meilleure élève des classes de Première qui vient d’un lycée privé de la banlieue qui n’était pas connu, peut-être qui n’existait même pas il y a quelques années ».
Pour dire qu’à force de travail, les uns y arrivent et les autres devront continuer à persévérer…
D.S