Etre pharmacien, est en passe de devenir, dans un notre pays, une profession à haut risque. Entre 2005-2010, une quarantaine de pharmacies ont été dévalisées par des gangs de cambrioleurs. Il y a même eu mort d’homme. Au mois de novembre dernier, les mêmes gangs ont opéré en cambriolant plusieurs officines et magasins de distribution de produits alimentaires. Mais la Police nationale a réussi à mettre la main sur 16 des malfaiteurs dont 6 femmes et un complice de fournisseur d’armes.
Le cambriolage des pharmacies devient de plus en plus récurrent. Ils courent, pour ainsi dire, les rues. Les statistiques sont parlantes. En cinq ans (2005-2010) environ une quarantaine de pharmacies sont dévalisées. Ce que confirme du reste, le Président de l’Ordre des Pharmacies, Cheikhou Oumar Dia. Il affirme que la quarantaine d’officines de pharmacies – qui ont reçu la visite des bandes de cambrioleurs – ont subi de lourdes pertes, parfois avec mort d’homme. Ces malfaiteurs qui écumaient, dit-il, la banlieue de Dakar avaient en effet causé la mort d’homme dans une pharmacie du Point E. Ce qui avait poussé les gérants de pharmacies à suivre l’ordre des pharmaciens en fermant leurs officines durant toute une journée. « Ces attaques quotidiennes ont longtemps troublé le sommeil des pharmaciens», confie le président Cheikhou Oumar Dia.
Le Colonel Aliou Ndiaye, chargé des relations publiques de la sûreté nationale abonde dans le même sens. A la quarantaine de pharmacies cambriolées, s’ajoute un nombre incalculable de magasins de distribution de produits alimentaires. Ces cambriolages se sont déroulés dans les localités de Thiès, Mbour et Dakar. « Ce même phénomène a fait perdre beaucoup d’argent aux propriétaires et causé plusieurs décès au cours des attaques de ces bandes», dira le colonel Aliou Ndiaye.
En effet, parmi les officines cambriolées, figurent les pharmacies Sédami et Celma, situées respectivement sur la Vdn et à Mermoz.
La pharmacie Celma a été cambriolée dans la nuit du jeudi au vendredi 22 février 2006. Curieusement, cette officine fait face à l’Ecole nationale de Police. Et c’est ici que les malfrats ont frappé fort et réussi leur coup.
Armés jusqu’aux dents, c’est nuitamment qu’ils ont perpétré leur forfait. Les yeux hagards, André Séne, l’un des responsables de la pharmacie, n’en revient pas. On n’a aucune difficulté à déceler le désarroi qui l’habite après le cambriolage qu’il a subi. « Ces brigands m’ont ruiné », lâche-t-il, amer, avant d’ajouter : « Ils ont emporté un téléphone fax, des ordinateurs. Mais aussi tout ce qui est médicaments. Le tout est estimé à six millions environ».
Comme par contamination, un vol tout aussi identique s’est produit à quelques jets de pierre. Cette fois-ci, c’est la pharmacie Sédami de Mermoz, sur la VDN, qui a reçu au mois de mars 2009, la visite des malfaiteurs, troublant le sommeil chez bon nombre de pharmaciens. Moussou Brigitte de Sédami n’avait elle que ses yeux pour pleurer. Puisqu’elle estime avoir perdu trois ordinateurs, des médicaments et une somme de 50.000 FCFA. Soit une bagatelle de 9.000.000 de FCFA perdus en l’espace d’une nuit.
Cette succession de vols remet au devant de la scène la question de la sécurité dans ces lieux de vente de médicaments. Et selon Moussou Brigitte, les propriétaires de pharmacies ne savent plus où donner de la tête. Même si, on fait état de l’arrestation de plusieurs revendeurs et receleurs de médicaments de tout genre. «Malgré les enquêtes menées et l’arrestation d’une bande de malfaiteurs, le travail de la police laisse toujours à désirer », regrette –elle.
En tout cas la police n’a pas mis trop de temps pour mettre la main sur les auteurs des cambriolages des pharmacies et de magasins alimentaires qui terrorisaient la banlieue avec des vols et de meurtres. Ainsi, à la question de savoir si ces arrestations vont mettre un coup de frein aux cambriolages de pharmacies, le Colonel Aliou Ndiaye, chargé des relations publiques de la sûreté nationale, répond : « Ces gens sont connus de nos fichiers pour avoir participé à tel ou tel fait, pour avoir été condamné dans le passé à tant d’années de prison. La police rassure qu’aucune piste ne sera négligée et que les circuits suspectés à la vente illicite des produits tels que keur Serigne bi seront fermés. Au finish, les gérants de pharmacies et de magasins disent un ouf de soulagement suite aux menaces», répond-il.
Le colonel de police n’a pas manqué de revenir sur les temps fort de ces arrestations faites à Pikine, plus précisément à Khourounar et à la cité Lobatt Fall. « Le commissariat de Pikine a été alerté ainsi que les autres commissariats de cette localité, à savoir Thiaroye, Diamaguéne, Guédiawaye. Cette arrestation de la bande des voleurs est intervenue après un vol perpétré dans la nuit du 07 au 08 novembre 2010 au marché syndicat de Pikine. Les voleurs très armés se sont emparés d’une voiture de marque L200. Durant l’opération, les malfaiteurs ont blessé le vigile par balle », indique-t-il. Et de préciser : « Après le constat, les forces de l’ordre ont poursuivi les traces des voleurs. Alors de fil en aiguille la police, en compagnie du propriétaire du véhicule, a ouvert une enquête. Les pistes des enquêteurs ont mené directement vers une dame répondant du nom de Lala Ndiaye, demeurant à Diamaguéne (banlieue dakaroise) ».
Selon le Colonel Aliou Ndiaye, cette dame est une récidiviste dans le recel si l’on sait que sa maison a servi de dépôt aux voleurs. En effet, informe toujours le colonel Ndiaye, l’interdiction formelle d’entrée dans certaines maisons au-delà des heures légales, a ainsi obligé la police à rebrousser chemin. « C’est sur ces entrefaites, que les policiers de Pikine, Guédiawaye, Thiaroye et la Brigade d’intervention polyvalente (BIP) ont arrêté le principal receleur (Lala Ndiaye) et ses complices. Cette belle opération des limiers de la DIC a permis de mettre la main sur le garçon du récidiviste. Ce dernier ne cesse de tromper la vigilance des hommes de la sûreté urbaine en montrant une 4/4 neuve de marque berline en l’occurrence du véhicule L 200», explique-t-il.
Vingt-cinq (25) sacs de lait en poudre, des tissus de tout genre et une somme de 700.000F seront en effet saisis à la maison de la dame Lala Ndiaye, sans parler d’un lot de gris-gris, d’armements et de munitions trouvés à la demeure des malfaiteurs. Vu l’ampleur de l’opération, l’enquête a été confiée à la sûreté urbaine du commissariat de Dakar dirigée par le commissaire El hadji Malick Mbengue. Finalement, renseigne le colonel Ndiaye, un groupe de seize (16) individus dont six femmes et un complice de fournisseur d’armes nommé Ousmane Diamé dit Pa Ouz vont se retrouver dans les verrous.
Quant au Président de l’Ordre des Pharmacies, Cheikhou Oumar Dia qui a vivement apprécié le travail de la police, il a souligné que le démantèlement des gangs de cambrioleurs de pharmacies doit aller de pair avec l’identification de tous les lieux destinés à la vente illicite de médicaments.
sudonline.sn