Le démarrage de la campagne électorale a déjà campé les grands thèmes autour desquels les adversaires de Benno Book Yakaar (BBY) vont développer leurs discours pour obtenir le suffrage des Sénégalais. Mais, d’ores et déjà, l’on peut déceler, chez certains, une conception déconcertante de la République démocratique qui frise la naïveté, une incohérence notoire dans les arguments avancés et surtout de la mauvaise foi.
La conception de la République démocratique
La République démocratique est fondée sur deux principes : Le premier est la fin des privilèges de naissance, et le second, la séparation et l’équilibre des pouvoirs La fin des privilèges de naissance comme critère d’accès au pouvoir, aux richesses et au savoir, a donné naissance à la citoyenneté. Le sujet est remplacé par le citoyen.Notre Etat remplit-il ce critère fondamental ? Assurément non, puisqu’il subsiste encore des privilèges de naissance, et l’appartenance confrérique est encore placée au-dessus de la citoyenneté ! C’est pour cela que le Sénégal est une République démocratique en construction, avec des actes fondateurs majeurs, comme l’exercice libre du suffrage du citoyen, l’acceptation de plus en plus large de la suprématie de la citoyenneté qui est matérialisée par l’irruption de fils et de petits-fils de dignitaires religieux qui briguent, en concurrence égale avec d’autres fils du peuple, le suffrage des citoyens pour accéder au pouvoir, l’égalité de plus en plus acceptée des populations devant la loi, qui est illustrée par leur hostilité manifeste devant l’impunité. Cette évolution progressiste devrait être consolidée pour asseoir un Etat de Droit que visent les conclusions des Assises nationales. C’est cette évolution que nos adversaires ont de la peine à comprendre pour la substituer par «l’avènement de l’Etat-peuple qui préfigure l’Etat-citoyen» qui serait en cours durant la prochaine législature ! Mais cet Etat de Droit, qui consacre la République démocratique dans notre pays, repose sur la séparation, codifiée dans une Constitution, entre les pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire.
La conquête politique des pouvoirs exécutif et législatif par un parti ou une coalition, lui permet d’organiser le pouvoir judiciaire tel que retenu dans la Constitution. Cette conquête ne remet nullement en cause la séparation des trois pouvoirs telle que prévue dans la Constitution. Autrement, quand les Républicains ou les Démocrates américains contrôlent la majorité absolue à la Présidence et au Congrès, il n’y a plus séparation des pouvoirs ! De même, la France sous Sarkozy, et certainement sous Hollande ! Aucun républicain démocrate qui se respecte ne saurait tenir un tel discours. Mais sous nos tropiques, le pas est allègrement fait. Il y est difficile de faire comprendre que tout pouvoir exécutif, en République démocratique, cherche, pour gouverner, la majorité absolue au sein du pouvoir législatif.
Voir donc en cela la négation ou la violation de la séparation des pouvoirs en République démocratique, c’est en avoir une conception primitive. Même dans les débats en cours dans la campagne électorale en France, la Droite comme l’extrême Droite, encore moins le Front de Gauche, n’a pas accusé le Ps de vouloir rompre la séparation des pouvoirs, en cherchant la majorité absolue à l’Assemblée nationale, après avoir pris le contrôle du Sénat ! C’est sur le programme de Hollande que ses adversaires attaquent le Ps, pour obtenir le suffrage des Français, et non sur une quelconque velléité de violer la séparation des pouvoirs.
C’est cette conception primitive de la République démocratique qui est aussi à la base des reproches faits à Macky de violer la Loi et son statut de «Président de tous les Sénégalais», au moment où personne ne pouvait, sans se couvrir de ridicule, faire cette même critique, aux Usa, à Obama, quand il s’impliquait, corps et âme, dans la campagne électorale pour soutenir ses candidats à la Chambre des Représentants ! De même, quel Français dénonce-t-il Hollande pour son implication dans la campagne en cours pour soutenir ses candidats ? Ceux qui, au Sénégal, évoquent la décision du Conseil constitutionnel de 2001, pour fonder leurs critiques d’aujourd’hui, semblent oublier la validation qu’en a fait le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), qui est le seul organe constitutionnellement compétent en la matière, sans qu’aucun adversaire n’ait fait recours contre !
C’est aussi ce qui prévaut dans l’accusation qui lui est faite de ne pas respecter les «conclusions des Assises nationales» en décidant de cumuler sa fonction de président de la République avec celle de chef de Parti ! Ces détracteurs oublient que les Assises interdisaient ce cumul dans le cadre du régime de type parlementaire, dans lequel, le Premier ministre, désigné par la majorité parlementaire, définit la Politique de la Nation. Dans ce type de régime, dans tous les pays du monde où il existe, le président de la République ne cumule pas ses fonctions avec d’autres. Macky n’a jamais souscrit à cette option, même après concertation avec le Bureau des Assises nationales et le Comité national de pilotage (Cnp), entre les deux tours, pour construire la Coalition BBY, basée sur un compromis qui accepte son option pour le régime présidentiel déconcentré, qui l’autorise à cumuler ces deux fonctions. Les détracteurs de BBY et de Macky se distinguent aussi par leurs incohérences dans leurs argumentaires et la mauvaise foi.
Les incohérences dans les arguments et la mauvaise foi
Certains parmi nos adversaires n’ont eu de cesse de prôner l’émergence d’une nouvelle Assemblée de rupture, que seule pourrait garantir la non obtention, par BBY, d’une «majorité mécanique», afin d’éviter qu’elle ne devienne une «chambre d’enregistrement» de la volonté du Chef de l’Etat. Leur présence massive dans l’hémicycle, au détriment de BBY, va préserver l’intérêt du peuple et y faire prévaloir l’éthique et la morale ! Ils s’auto-proclament les «enfants les plus vertueux» du peuple, et «les preux chevaliers» de la Nation des temps modernes, pour veiller à l’application des conclusions des Assises et aux intérêts des citoyens !Ils prétendent détenir ce «statut» pour avoir contribué autant, sinon plus que tout autre, à la défaite de Wade au second tour, et à l’élection de Macky, en oubliant, au passage, de préciser pour la plus part d’entre eux, qu’ils l’ont fait dans les rangs de BBY, sur la base de l’accord, intervenu entre les deux tours, entre lui et le Bureau des Assisses nationales d’abord, et avec le Cnp ensuite, et son engagement d’institutionnaliser un «Comité de suivi» proposé par les Assises, pour veiller à son application.
Cependant, n’étant ni choisis par les diverses coalitions de BBY pour participer à l’exercice du pouvoir exécutif, ni par le Cnp pour faire partie des membres du «Comité de suivi», et non retenus parmi les candidats de BBY aux Législatives, ils oublient de préciser qu’ils n’auraient jamais présenté une liste de candidats concurrents à BBY, s’il en était autrement !C’est pourquoi ils ont d’abord critiqué le «partage du pouvoir» entre alliés sans tenir compte de leur «apport» dans la lutte et de leur «compétence», qui serait sans commune mesure avec celles des gens qui ont été retenus, avant de relever ce qu’ils ont considéré comme du «mépris», en présentant une liste de candidats concurrents à BBY.
Après avoir lutté contre le monopole exclusif du pouvoir, le pouvoir personnel, pour l’avènement d’un pouvoir équitablement partagé pour une gestion concertée, les voilà qui ne comprennent pas que c’est effectivement ce qui est advenu au Sénégal avec le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye sous la direction du président Macky ! Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, un gouvernement de coalition est constitué équitablement sur la base du suffrage obtenu par chaque coalition partie prenante, et non sur la base des intérêts exclusifs de la propre formation politique du président élu, ou de la coalition qui l’a soutenu au premier tour. Ce type de gouvernement d’union nationale est inédit dans les annales politiques en Afrique, et déroute nos adversaires qui dénoncent un «partage de gâteau», alors qu’ils ont longtemps lutté pour son avènement, contre les pouvoirs personnels qui sont les plus répandus en Afrique !
BBY devient donc leur cible préférée, en concert avec les listes concurrentes de candidats issus de l’implosion du camp défait de Wade ! Toutes ces deux catégories de concurrents, à partir de motivations différentes, n’ont qu’un seul objectif, c’est de battre BBY en remportant la majorité des sièges à L’Assemblée nationale. Ce faisant, ils vont hypothéquer la mise en œuvre du Programme convenu entre le Bureau et le Cnp des Assises nationales et Macky entre les deux tours, soutenu par les différentes composantes issues du milieu politique, d’entrepreneurs nationaux, du monde rural, des centrales syndicales et d’organisations et de personnalités de la société civile. C’est le prix qu’ils veulent faire payer à Macky et à BBY, pour n’avoir pas pris la «juste mesure de leur valeur» et/ou de leur «engagement patriotique», en oubliant de reconnaître en même temps, que c’est aussi autant de cadeaux faits au camp Wade pour le soustraire d’éventuelles poursuites judiciaires sur leur gestion, et même, leur éviter l’abrogation de la Loi Ezzan de triste mémoire qui hante le sommeil de tous ceux qui sont, de près ou de loin, impliqués dans l’odieux meurtre du Me Sèye !
C’est d’ailleurs la volonté de donner des signaux forts en direction de ces cadeaux qui expliquerait que certains d’entre eux n’ont pas hésité à recourir aux arguments utilisés par le camp Wade contre Macky, lors de la campagne du second tour, qu’ils ont attribués, de mauvaise foi et toute honte bue, à ses alliés qui composent la liste de candidats de BBY ! En écrivant que «…nous risquons de vivre une situation pire (que la majorité mécanique), si le peuple pense consolider le pouvoir confié à Macky Sall, alors qu’il placera le pouvoir également entre les mains d’adversaires qu’il n’y a guère présentaient leur nouvel ami comme le candidat de l’étranger, celui des loges ou des homosexuels, j’en passe … » En fait, l’auteur ne peut citer aucune coalition de BBY, ni aucun parti membre de ces différentes coalitions, encore moins, aucun candidat de la liste de BBY, qui ait tenu au premier et /ou au second tour, de pareils propos contre Macky. Au contraire, ce sont les partisans du camp de Wade qui en avaient fait, sans succès, des thèmes de campagne au second tour !
Comment peut-on se présenter devant les Sénégalais en «porteur de morale et d’éthique», tout en faisant preuve de mauvaise foi si flagrante ? La majorité à l’Assemblée nationale entre les mains de ce type de Sénégalais «vertueux» serait suicidaire pour notre République démocratique en construction. C’est pour cette raison, quand il dit «voter BBY c’est voter contre Macky, puisqu’il n’est pas possible de renforcer un camp sans renforcer l’autre», l’on mesure jusqu’où peut aller la mauvaise foi de certains hommes politiques, qui se cachent derrière des personnalités de la Société civile pour masquer leur échec personnel comme leader politique, et leurs forfaitures qui résultent de leurs multiples liens occultes dits «d’amitié» avec des personnalités de premier plan du camp de Wade, souvent citées dans des affaires scabreuses. Les Sénégalais connaissent suffisamment les uns et les autres, pour savoir distinguer librement le bon grain de l’ivraie ! Ils savent, que donner la majorité absolue à BBY, c’est libérer les Sénégalais et le pays, pour ouvrir un large boulevard de réformes qui vont encrer le Sénégal dans l’Etat de droit, la Bonne gouvernance et la justice sociale, et mettre fin à jamais à l’impunité, à la corruption et à la dilapidation du bien public.
Ibrahima SENE,
Benno Bokk Yaakaar