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Campus universitaire : Ces étudiants qui se «sapent» à la friperie

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Les étudiants n’ont pas échappé aux conséquences de la crise économique qui frappe le monde entier. Cette couche sociale, réputée constituée de « noceurs », n’a pas trouvé mieux que de se rabattre sur la friperie, faisant ainsi la bonne affaire des acteurs du secteur.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ne ferme jamais ses portes. C’est en tous cas ce que semble montrer les acteurs du petit commerce qui ont choisi ce site comme lieu de travail. Mais ici, une activité sort du lot : la vente d’articles de friperie. Elle domine le décor.
Pour certains marchands, le marché Colobane semble avoir été délocalisé à la devanture du campus. Un lot de chemises à la main gauche et des pantalons « super cent » à la main droite, Ngala, en lunettes noires, attire l’attention des passagers par la criée.
«Grand, ramène cette chemise avec toi ! Elle te va bien», répète-t-il, avec un brin de comédie. Son appel est souvent entendu par certains passants qui n’hésitent pas à s’arrêter pour voir ce qu’il leur propose.
C’est le cas de Moustapha, un étudiant en Sciences économiques venu prendre ses résultats d’examens de fin d’année. «Il m’a proposé une belle chemise, à manches courtes, justaucorps. Il avait dit 4.000 Fcfa au départ, nous avons marchandé et sommes tombés d’accord sur 1.000 Fcfa ». Avec la friperie, Moustapha semble trouver un nouvel eldorado. Il s’habille désormais, correctement et dépense moins d’argent. «Depuis que le marché Colobane s’est délocalisé devant l’université, ironise-t-il, je n’achète plus de chemises à 4.000. Avec cette somme, si on marchande bien, on peut en avoir jusqu’à 4. Et en plus, ce sont des chemises de bonne qualité ».Moustapha n’est pas le seul à s’intéresser à cette marchandise bon marché. Beaucoup de ses frères étudiants aussi encombrent le trottoir qui mène à la grande porte du centre universitaire, à la recherche de marchandises faciles. Baba, cet étudiant au département d’Anglais que son  ami Oumar taquine en disant qu’il ne « débraille » jamais, est aussi un habitué des lieux. Chaque mois, après avoir perçu sa bourse d’étude, il vient se procurer soit une chemise, soit un super cent.

Les frimeurs y trouvent leur compte
«Avant, il m’arrivait d’acheter un pantalon super cent à 5.000 Fcfa. Ou bien j’achetais un tissu pour le faire coudre par mon tailleur. Et tout ça me revenait très cher. Ici, je me procure un pantalon, taille patron à 1.500 Fcfa», se satisfait-il.  Avec la friperie, cet amoureux de la belle vie trouve de quoi séduire les jeunes filles. « Maintenant, une fois au village, je change d’habillement du matin au soir», lance-t-il, sourire aux lèvres.Adama, lui, reste perplexe quant à la bonne qualité de ses habits. Il témoigne avoir acheté dans cette friperie un pantalon dont les poches étaient trouées. «Si on s’en limite à ne regarder que les bas prix de ces vêtements, on risque de le payer cher un jour. Moi, il m’est arrivé d’acheter un pantalon dont les poches étaient trouées. Heureusement, je m’en suis rendu compte très tôt, sinon, j’aurais jeté en l’air tous mes sous», avertit-il. Mais toutefois, ajoute-il, on peut y trouver des vêtements en coton de bonne qualité.
D’où vient cette marchandise ? Se demandent certains. «Moi on m’avait dit qu’à Colobane, on pouvait trouver des produits moins chers que ceux vendus à l’université. Mais un jour, j’ai parcouru tout le marché, sans réussir à connaitre la source de cette marchandise», s’étonne Khadim Touré, un étudiant en troisième cycle.Selon Ngala, obtenir de la friperie de bonne qualité est un véritable parcours du combattant. «Si tu veux avoir de la marchandise de bonne qualité, il faut se lever tous les jours à 4 heures du matin.  Les «balles» commencent à s’ouvrir à partir de cette heure », explique-t-il. En plus d’obtenir la friperie, tout un travail s’ensuit avant l’écoulement du produit final. Mamadou, un jeune qui s’active dans le secteur depuis un an, nous explique le processus. «Après avoir obtenu la marchandise, il faut la faire retailler par un tailleur, parce que les jeunes aiment les habits près du corps. C’est ce qui est à la mode. Ensuite, il faut les repasser soigneusement avant l’écoulement».
Pourtant, ces recycleurs s’en sortent bien avec le business des vêtements de seconde main. Se gardant d’avouer ce qu’ils gagnent, Mamadou et ses camarades de marché se contentent de «remercier le bon Dieu». Les chemises sont achetées à 500 Fcfa l’unité dans la balle et revendues parfois jusqu’à 2.000 Fcfa, explique un recycleur préférant garder l’anonymat. Mais tout dépend du client, signale-t-il.

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